Andreas Lubitz : Un homme sans histoire, comme vous, comme nous
D’abord le bal s’ouvre sur des juges peu scrupuleux du secret de l’enquête. Alors que celle-ci exige le rassemblement et le recoupement de nombreuses pièces avant la formation d’un jugement, nullement ont-ils attendu les délais d’usage pour tout déballer, plutôt bruyamment, devant une meute avide de sensationnel.
Tous les faits concordent, s’accordent. Pas une note fausse, le verdict est entendu ! Andreas Lubitz aurait connu une épisode dépressif sévère, de surcroît, menteur sinon dissimulateur.
L’addition de ces pathologies serait l’arme du suicide, du crime, de l’horreur.
Derrière la bourrasque, le murmure de ses proches comme de ceux qui l’ont croisé semble inaudible, étouffé, presque de la gêne.
Pourtant, ces derniers gardent le souvenir d’un jeune homme normal, bien élevé. Joyeux en ses heures. Sportif, courant le marathon, l’oreille bercé par des rythmes saccadés. S’imaginant prince du monde comme tant de jeunes hommes s’ambitionnent devant leur petite amie. Sûrement sérieux, organisant sa vue autour d’un projet professionnel construit de longue date. Gardant ses secrets, ses peines pour lui, sa cour intérieure. Tout d’un jeune homme sans histoire.
Comme vous, comme moi, goûtant à la vie dans la pénombre.
Comme vous comme moi marqué par quelques fêlures.
A regarder de près, combien sommes-nous à connaître des moments tristes, des accès de mélancolie ? Combien sommes-nous à avoir pris des substances douteuses pour traiter nos problèmes de sommeil, nos angoisses ? Combien sommes-nous à nous interroger sur notre destin, à l’imaginer plus reluisant que celui s’offrant à nous ?
Pour prix de ces faiblesses, devrions-nous alors être mis en observation pour l’usage que nous pourrions faire le jour venu de notre liberté ? Devrions-nous tenir éloignés du monde pour les risques supposés que nous ferions courir à nos prochains ?
Nullement ai-je l’intention de nourrir peu ou prou d’associer ma voix à diverses rumeurs. Plutôt ai-je le souhait de comprendre ce qui s’est passé, par le menu, posément, nullement dans l’urgence.
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