Après la « Manif pour tous » la « manif fourre-tout »
Dimanche 26 janvier à Paris, un patchwork d’organisations, de groupuscules et d’individus a bravé la pluie battante pour faire des revendications hétéroclites dont certaines sont parfois contradictoires. Ils ont été toutefois unanimes pour montrer leur colère contre François Hollande. Après la « Manif pour tous », la « Manif fourre-tout » ?
Un rassemblement composite, un point commun
À l’origine du mouvement de protestation, le collectif « Jour de colère », un rassemblement composite où l’on retrouve pêle-mêle des opposants au mariage homosexuel, des intégristes catholiques, des partisans de Dieudonné, des patrons en colère, de simples particuliers venus en famille. Ils ont manifesté contre le chômage, la liberté d’expression de Dieudonné, le muselage, la loi autorisant le mariage pour tous, l’islamisation de l’Hexagone ou l’augmentation de la fiscalité. Au départ, place de la Bastille jusqu’à l’arrivée, aux Invalides, les manifestants ont scandé leur colère contre la politique gouvernementale, qualifiée de « dictature socialiste ». Ils ont pour unique point commun, un leitmotiv demandant la démission de François Hollande qu’ils jugent « impopulaire » et « incapable ».
Des mouvements de protestation, des collectifs
Dans le cortège, on a remarqué la présence de partisans de la « Manif pour tous » qui se sont insurgés contre la loi Taubira. Officiellement, ce mouvement ne s'est pas associé avec le « jour de la colère », mais de nombreux manifestants ont voulu profiter de l’occasion pour s’échauffer un peu avant le prochain rassemblement qui se tiendra le 2 février.
Cette manifestation hétéroclite représentait aussi une opportunité idéale pour les différents mouvements de protestation qui ont couvé leur colère durant ces derniers mois. Pour eux, il s’agissait d’un excellent tremplin pour faire connaître leurs revendications sur les réseaux sociaux ou dans la rue. Parmi ces mouvements, citons entre autres les opposants à l’équitaxe ou à la métropolisation, les travailleurs frontaliers avec la Suisse et les catholiques en colère.
De nombreux autres collectifs sont à inscrire au générique de cette manif, comme les Bonnets Rouges Lyonnais, les Bretons s’étant désolidarisés du mouvement. On a remarqué dans la foule des groupements, tels que « Les Vaches à lait » ou les « Citrons pressés » qui s’opposent à ce qu’ils qualifient de « matraquage fiscal ». Des groupuscules anti-islam, comme le Comité Lépante ainsi que des catholiques de Civitas ont aussi été présents dans le défilé.
Certains ont profité de l’opportunité pour se défouler et dénoncer le club de Bilderberg, le Crif et les francs-maçons. Des groupes reconnus pour leur promiscuité avec l’extrême droite, comme des sympathisants d’Yvan Benedetti ou Frédéric Pichon, ont également été aperçus dans le cortège. Cependant, ils n’ont pas voulu communiquer aux médias pour quelle raison ils protestaient.
Une disparité qui n’a pas dérangé les manifestants
Force a été toutefois de constater que cette grande disparité des revendications n’a pas du tout dérangé les participants de cette manifestation hétéroclite. Quelles que soient leurs divergences, ils les ont mis de côté pour crier à l’unisson leur colère contre François Hollande. On a ainsi assisté à des scènes pour le moins étranges, comme la foule qui a repris en chœur des chants de Dieudonné. Des contradictions assez désagréables ont aussi été remarquées, comme le malaise des adeptes de l’anti-islamisation face à la présence d’Alain Soral dans le défilé.
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