Attention, ce programme n’est pas électoral
Bien que tardive, l’intrusion de l’ordinateur de vote dans la campagne des présidentielles est fracassante. Pour la plus grande joie des citoyens qui réclament sur ce sujet un débat à la hauteur des enjeux. Enjeux que l’universitaire Chantal Enguehard nous détaille dans cette vidéo tournée lors de la Journée AgoraVox sur le 5e pouvoir.
Voter c’est ennuyeux : on doit prendre la queue « comme tout le monde », s’emparer d’au moins deux bulletins après avoir tendu sa pièce d’identité et sa carte d’électeur, s’isoler pour choisir « en son âme et conscience », attendre son tour à nouveau, signer le registre, glisser l’enveloppe dans l’urne transparente et, pour finir, s’entendre demander par le scrutateur : « vous seriez libre ce soir pour le dépouillement ? ». Déjà qu’on a abrégé ce week-end printanier pour remplir son devoir de citoyen...
Heureusement, bientôt, presque tout cela sera fini !
Certes, il faudra toujours se déplacer, mais il suffira d’appuyer sur un bouton
pour voter. Ensuite on pourra rentrer à la maison comme si rien, ou si peu de
choses, ne s’était passé. Elle est pas belle, la life ? Aux oubliettes les
réminiscences ringardes, l’isoloir et son rideau grisâtre qui nous rappelle
qu’il faudrait laver celui de la douche, le symbolisme désuet lorsque le scrutateur s’exclame
« A voté ! ». A l’heure du numérique c’est en octets qu’il doit
peser, ton vote. C’est du moins ce que défendent les partisans de l’ordinateur de
vote, parmi lesquels leurs trois fabricants (espagnol, néerlandais et français)
qui se lèchent les babines devant la promesse d’un juteux marché.
Alors qu’on n’est pas du tout certain que ces machines soient fiables, un à deux millions de Français seront invités à les utiliser lors du prochain scrutin. « Invités » est un bien grand mot parce que de toute façon ces électeurs-là n’auront pas d’autre choix que d’y passer. N’est-ce pas introduire le ver dans le fruit que d’imposer aux Français, sans concertation, ces ordinateurs qui n’apportent franchement rien de nouveau à l’exercice suprême et hautement symbolique que constitue le vote ? A l’heure où les Français se méfient et se défient de la chose politique, il serait au mieux maladroit de faire l’économie d’un débat sur la question, au pire criminel.
C’est ce que nous explique Chantal
Enguehard. Ce maître de conférence en informatique à l’université de
Nantes, qui a séduit les participants à la Première Journée du cinquième
pouvoir par son franc-parler, a fait du combat contre l’ordinateur de vote son
cheval de bataille. Elle n’est pas la seule à se mobiliser : des partis
politique comme le PS demandent un moratoire sur ces ordinateurs que Chantal
Enguehard qualifie de machins, à défaut de machines. Rien à voir avec nos moulins
à café d’antan, il s’agit bien là de
vrais ordinateurs, programmables, donc falsifiables. Récemment un hollandais l’a
démontré de façon irréfutable. Vous pouvez lire aussi cet article.
Sur son site Chantal Enguehard souligne quels sont, pour la démocratie, les dangers induits par l’installation de ces ordinateurs et appelle les citoyens à prendre position en signant une pétition...électronique.
Olivier
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