Au bistro de la toile : de l’OM qui perd à l’insurrection qui approche...
- Alors Loulle, les nouvelles aujourd'hui ?
- ...teng ! Tout Marseille est en deuil.... Non mais tu te rends compte Victor : l'OM battu, et battu par qui ? Par Rennes...C'est où, ça, Rennes au fait ? Attends. Cette équipe nous mange la vapeur. Elle gagne huit matchs d'affilé et là, elle se fait éliminer par des Bretons. Non mais...
- Tè ! Loulle. Mets ma tournée. On va boire pour oublier... Á part ça, quoi de neuf dans tes canards ?
- Toujours le jeune qui s'est fait dézinguer par les lollis. Les grenades offensives, c'est pas des pétards du quatorze juillet tout de même. Puteng ! Les robocops, armés et caparaçonnés comme des hannetons géants, ne sont pas capables de faire face à quelques pèlerins qui balancent des pierres et quelques canettes d'essence ? Tu as vu comme moi leurs « ennemis » : une jeune fille qui dansait devant eux, armée d'un parapluie fuschia !
- Et surtout pour défendre quoi ? Un ouvrage surdimentionné conçu pour répondre aux besoins de quelques gros producteurs de maïs. Conflit d'intérêts, magouilles politicardes locales, agrobusiness... Eh ! Le maïs produit de façon intensive avec des tonnes de pesticides et d'engrais chimiques n'est même pas pour les animaux, encore moins pour faire du pop corn, mais pour l'industrie agrochimique des polymères.
- C'est quoi ça ?
- Des plastiques destinées à remplacer ceux issues du pétrole. C'est ce lobby agro-industriel qui pousse au cul pour cultiver ces variétés de maïs très voraces en eau, surtout l'été, en période de sécheresse. Ça sert à faire des sacs plastiques « biodégradables », des tuyaux, des meubles de jardin, etc.
- Ben, c'est pas mal ça ! C'est mieux que les plastiques issus du pétrole.
- C'est vrai. Mais qu'on ne nous bourre pas le mou avec la défense « des petits producteurs locaux », les quelques-uns qu'on montre à la télé. Les céréaliers bénéficiaires du fameux barrage n'ont rien à voir avec les petits paysans du coin. Ce sont des industriels issus - et au service - des grands groupes chimiques.
- Mouais... Je vois. Intérêts croisés entre « élus » professionnels, arrangements entre amis, magouilles et corruption, renvoi d'ascenseur, blocage de la démocratie, dénigrement de tout opinion opposée, mépris du citoyen, saccage sans vergogne de la nature...
- Ben voilà. Avec tout de même un mort.
- Bon. Changeons de sujet. Tiens. C'est pas la crise pour tout le monde. Une ONG – Oxam - vient de publier un rapport disant en autres joyeusetés qu'en 2014, les 85 plus grandes fortunes du monde détiennent autant que la moitié la plus pauvre de l'humanité. Ces 85 escrocs ont « gagné » cette année un demi-million de dollars par minute.
- Pas mal. Chez nous, tiens, Madame Bettencourt « gagne plus d'un million par jour ». Ouais mais c'est « parce qu'elle le vaut bien » !
- Ça va péter ! Victor. Ça va péter. La grogne est généralisée. Á tort ou à raison, mais c’est comme ça. Ça a commencé par les Bretons, puis les minots des lycées, les artisans et commerçants, les parents d’élèves, les profs et instits, les flics et même les clubs de canassons ! Puis maintenant les écolos et les exploiteurs agricoles...
- Possible Loulle. Possible. Mais si ça pète, ce ne sera pas dans le bon sens, ce ne sera pas pour le bien du peuple, ce ne sera ni pour la liberté, ni pour l’égalité, ni pour la fraternité, encore moins pour la justice. Toutes ces révoltes dont tu parles, ce sont les révoltes de toutes les droites. Révoltes corporatistes (éleveurs, paysans, transporteurs de Bretagne), révoltes obscurantistes (les anti mariage pour tous), révoltes fascistes (identitaires, groupuscules fascisants), révolte de la konnerie (ceux qui brûle les radars et les portiques écotaxes). Ce sont les révoltes d’une France réactionnaire, d’une France recroquevillée, d’une France de la peur. Peur de l’avenir qui lui fait redouter la mondialisation dans ce qu’elle a de positif, peur de l’Autre, qu’il soit différent : l’étranger, l’immigré, le gay, le rom, l’arabe, le noir, ou qu’il soit très proche : le jeune, le voisin bruyant, le pauvre (pour les uns), le riche (pour les autres). Avec pour conséquence le corporatisme, l’égoïsme, le racisme, l’anti parlementarisme..
- Putaing, mais pourquoi cette peur Victor ?
- Va-t-en savoir… Une population vieillissante peut-être, dont plus conservatrice. Un niveau de vie qui se dégrade, encore que… lorsqu’on compare notre situation à celle des Espagnols, des Grecs et même des Allemands où les riches pérorent du haut de leur morgue mais où les pauvres crèvent de faim, où les chômeurs sont poussés à accepter le travail forcé, où les travailleurs étrangers sont plus des esclaves que des ouvriers. Mais il y a autre chose Loulle, c’est la rupture entre le peuple et ses élites. Les « affaires » (Cahuzac, Bettencourt, Sarkozy, Woerth, Balkany, Thevenoud, etc.) ont profondément irrité, foncièrement scandalisé la « France d’en-bas » comme disait l’autre. Le Français « d’en-bas » (l’électeur !) rejette majoritairement le personnel politique dont il a le sentiment souvent justifié qu’il le trompe et s’engraisse sur son dos. Le salarié rejette le patron dont il a la preuve qu’il le considère non plus comme un partenaire mais comme une variable d’ajustement. Le plus inquiétant Loulle, c’est le rejet de l’impôt.
- Eh ! La douloureuse ne fait jamais plaisir. Surtout lorsqu'on a sous les yeux l'image de l'inégalité.
- Ce rejet du monde politique tient aussi, et beaucoup, à la désillusion ravageuse du « peuple de gauche ». On lui a promis – on nous a promis – une reforme bancaire. Résultat : que dalle ! On nous a promis la transparence et le non-cumul des mandats. Que dalle ! On nous a promis une grande réforme fiscale. Que dalle ! Voilà pourquoi le « peuple de gauche » est déboussolé, abasourdi, écœuré, prêts à se laisser entraîner dans des dérives lepénistes effarantes d’horreur. Voilà pourquoi la rue a été désertée par le peuple de gauche et est devenue le domaine des nervis, des obscurantistes, des fachos, bref, de tous ceux qui, en d’autres circonstances, formèrent la phalange honteuse des collabos, de la milice, des profiteurs du marché noir. Ce n’est pas celle-là la Révolution que l’on attendait Loulle…
- Allez, à la nôtre, c'est ma tournée...
Illustration : merci à Chimulus
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