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Accueil du site > Actualités > Société > Au revers des délocalisations

Au revers des délocalisations

L'appareil productif se meurt depuis les années 1990 si bien que l'ouvrier sera bientôt protégé par l'UNESCO ou WWF. Enterrement définitif des restes faisandés d'une conscience de classe ou résurgence d'un modèle post-productiviste ?

"L'ancien monde se meurt et le nouveau tarde à naïtre et c'est dans ce clair-obscur, que peuvent surgir les monstres" Gramsci

Voilà une chose que les médias mainstream sous la coupe des financiers de l'idéologie dominante et les informateurs alternatives ont en commun : La sinistrose. Si les raisons de se réjouir en parcourant l'actualité ne sont pas légions, il serait temps désormais de penser positif pour un effet performatif. Je suis prêt à encaisser les taxations d'utopique mais les changements débutent toujours par les idées non ?

Alors que les pertes d'emplois s'accélèrent dans tous les secteurs, au grand dam feint de nos gouvernants, il est nécessaire d'en dresser un bilan. Si le chômage gangrène les classes populaires relèguées aux confins du sous prolétariat, cette déchéance signe avant tout l'autodestruction du productivisme.

Les usines qui ferment en France ne s'ouvrent pas en Asie sous le principe des vases communiquants ; la variable de mécanisation de la production est à prendre en considération dans ce calcul. Pour faire simple, à production égale, une usine en Chine fonctionnera avec 2 à 3 fois (exponentiellement ?) moins de travailleurs par la magie des machines. Si l'on est d'accord avec ce constat en vient un second dans la foulée : D'où vient la création de richesses ? Du travail humain. La mécanisation en action ne crée pas de valeurs ? Ah bon ? Et comment cela se fait-il mon cher ? Tout simplement par le fait qu'elle aussi est dépendante de l'obsolescence programmée ; Un vulgate compliqué pour expliquer le fait que l'ingéniérie consummériste fait en sorte que la durée de vie d'un produit,certes moins couteux, s'éffiloche jusqu'à devenir nulle au terme de sa garantie (pour les consommateurs) ou de son amortissement (pour les entreprises).

Mêler trop de concepts risque fort d'emmêler la cohérence des propos donc recommençons depuis le départ par un exemple simple : En France, comme dans le reste des civilisations consumméristes regroupées sous l'égide de l'Occident, les usines ferment, l'emploi se raréfie et la misère, cette salope, allonge ses tentacules et nous étreint toujours plus nombreux. Face à elle, les voix s'harmonisent pour dénoncer ses méfaits : "Nous ne produisons plus d'Aluminium ni de fer en France ni même de sèche-linge, que va-t-il nous rester bientôt ?". Facile à dire : "Rien" mais n'est-ce pas là un mal pour un bien ?

Les firmes fordistes, nourrissent par un substitut d'aumône les écuelles de leurs salariés, esclaves des temps modernes, en même temps que nos esprits toujours plus creux. Le sillon organisationnel tracé depuis maintenant plus d'un sicèle fait que l'ensemble de note vie est désormais standardisée, programmée, si rèche que l'on n'ose même plus penser neuf.

Les Temps Modernes nous ont permi la rationalisation de la production et l'emergence des concepts de productivité et de ses serviles soeurs idéologiques nécessaires à l'Homme devenu homo économicus. Cette idéologie naquit, non pas avec les révolutions industrielles successives, mais par sa Matrice : l'objectivation du Temps.

Ces idéaux n'ont pas été cantonnés aux grandes multinationales mais se sont insinuées dans l'ensemble de l'appareil productif,de l'artisanant à la sphère domestique. Nous courrons après un Temps qui n'existe que dans notre imaginaire. Nous calculons nos actions sous les ratios opportunistes de coût à agir. L'industrialisation mène la danse et nous entraine dans son tempo effréné. Le contremaitre veut que l'on aille vite, l'artisan choisit de travailler aussi bien que la courbe de rentabilité dicté par ses concurrents globalisés lui impose. Bref, plus personne ne contrôle la machine.

En prospectant la disparition des usines manufacturières mais aussi du secteur incongru et improductif des services : c'est la base de la pyramide qui s'éffondre. La société bicéphale qui s'amorce avec d'un côté les super-riches et leurs serfs engendre le nouveau paradigme salutaire. D'un côté, les êtres aux poches pleines recherchant la distinction sociale par l'achat de biens toujours plus raffinés et plus dispendieux pendant que la masse sera exclue de toute consommation. Ainsi naitra le retour obligé des savoirs faire individuels que l'industrie nous spolie depuis plus d'un siècle (ou depuis l'avènement de la philosophie des Lumières pour schématiser).

Par ce biais disparait la valeur d'échange qui fait que l'on prostitue la seule valeur réelle et égale que possède chaque être humain ; sa durée de vie sur notre planète. Nous rebasculerons donc vers un monde plus authentique par le retour de la valeur d'usage.

Si ces termes peuvent sembler ardu, un exemple simpliste et caricatural les rendra moins indigeste : Dans une société de la misère ou vous n'aurez plus d'argent, vous devrez mettre à disposition votre temps pour subvenir à vos besoins. Si vous ne pouvez plus acheter votre nourriture, vous devrez la cultiver. Si vous ne pouvez plus vous offrir une table, vous devrez vous la construire. Si vous n'avez pas d'espaces pour un potager, vous devrez échanger votre savoir-faire contre. etc...

La codification des savoirs-faires par les organsiations productives nous dépossèdent insidieusement de nos singularités et de nos compétences pour nous transformer, progressivement mais sûrement, en automate prédigéré. Le travail en Call-center illustre à merveille ces propos ; suivons le script de l'écran et tout ira bien. Soyons tous subsituable pour tuer dans l'oeuf un possible rapport de force Capital-Travail.

Le passage de la société orale à l'écrit a amené la démocratie athénienne. L'imprimerie nous a fait basculé dans ce qu'il est d'usage d'appeler la modernité sous la forme politque de la démocratie représentative de marché. L'internet et le numérique entrainera l'aube d'un nouveau paradigme ; la société du Savoir. Pas celle des branches de Recherche/Developpement entrepreunariaux mais celle du libre-accès aux savoirs traditionnels confisqués et oubliés depuis trop longtemps par la philosophie du progrès.

Conclusion : Si vous voulez lutter contre le système : Balancez votre montre et servez-vous de vos mains !


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5 réactions à cet article    


  • Robert GIL ROBERT GIL 16 janvier 2013 11:42

    Depuis la révolution industrielle la notion de progrès s’est toujours limitée à la multiplication et au perfectionnement de la production au détriment de paramètres extérieurs tels que le bien être social ou  l’environnement. D’abord perçue comme une avancée, la résultante de cette conception du progrès est en réalité une impasse. Confronté à l’épuisement des ressources et à l’appauvrissement culturel, ce modèle est devenu contre-productif pour l’évolution de l’humanité. Dés à présent il va falloir affronter la réalité, car nos comportements et nos modes de vie sont pour la plupart régis par un imaginaire collectif, celui de la croyance en une croissance illimitée.......

    voir : LES LIMITES DU PROGRES


    • escoe 16 janvier 2013 17:40

      > L’appareil productif se meurt depuis les années 1990 si bien que l’ouvrier sera

      > bientôt > protégé par l’UNESCO ou WWF

      La désindustrialisation a été programmée au moment de la crise pétrolière de 1973. Quant au nombre d’ouvriers et employés il continue à augmenter en valeur absolue.

      • Captain Marlo Pilou Camomille 16 janvier 2013 18:45

        Les délocalisations ne tombent pas du ciel, elle sont le résultat des Traités européens.
        Articles 26 et 63 du TFUE Traité de Fonctionnement de l’ UE.

        C’est la libre circulation des hommes, des capitaux et des marchandises qui permet de transférer des capitaux hors de France sans demander l’autorisation, pour les investir ailleurs.

        Avant, les transferts de capitaux étaient interdits, et soumis à l’autorisation du Ministre des Finances et à la Direction du Trésor public, suivant qu’ils estimaient contraire ou pas aux intérêts du pays et de son économie.

        Libéraliser n’est pas seulement donner le pouvoir à Bruxelles, aux multinationales et à la finance, c’est aussi enlever aux Etats le pouvoir de défendre les intérêts du pays.

        Sortir de l’ UE, de l’euro et de l’ OTAN le plus vite possible.
        Voir les sites du M’PEP ou de l’ UPR d’Asselineau.


        • jef88 jef88 16 janvier 2013 20:05

          ERREUR !!!
          les délocalisations ont commencé dans les années 60 / le textile
          dans les années 70 / la confection

          mais, bof, pas grave !
          personne n’en a parlé !


          • reveil reveil 17 janvier 2013 10:23

            Les emplois entrepreneurs reviendront si nous menons une réforme fiscale juste et équitable.

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Honi Noé

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