Avec une batte de base ball
Il l’a attendue dans l’escalier. Et quand elle est arrivée, il a soulevé la batte de base ball et a frappé.
C’était sa femme, la mère de ses 4 enfants. Des enfants de 4, 7, 12 et 14 ans dont la vie est brisée. Papa a tué maman. Tellement, tellement plus fréquent que l’inverse…
« Il ne supportait pas qu’elle le quitte ».
Tiens, encore une fois ce mobile psychologique et si enfantin fait les gros titres. Dans la bouche de l’avocat du mari, cela ressemble à une justification, une explication face à cet assassinat.
Qu’ont les hommes à ne pas supporter d’être quittés. Que se passe-t-il dans les tréfonds de leur conscience, de leur cœur pour que cette perspective devienne si insupportable qu’ils préfèrent choisir d’éliminer l’objet de leur malheur à venir. Comment gèrent-ils les sentiments amoureux qu’ils (prétendent avoir) ont encore à l’égard de celle qui leur tourne le dos ? Comment comptent-ils affronter le regard et la douleur de leurs enfants qui ont perdu leur mère, tout ça pour une blessure d’égo, tout ce malheur parce qu’un homme ne peut envisager d’être quitté ?
On sait depuis longtemps que ce genre de drame peut arriver lorsqu’un homme préfère éliminer sa femme plutôt que de ne plus l’avoir sous le même toit et / ou entre ses mains. Des mains pas toujours bienveillantes.
Une plainte classée sans suite…
Magali avait porté plainte pour violences en septembre 2020, mais la police n’a pas jugé qu’une suite devait être donnée à ce qui fût pourtant un appel, une alarme… En faisant cette démarche, elle voulait signifier qu’elle refusait d’être violentée et cela marquait aussi sa volonté de ne pas être une victime. Mais Magali a rejoint maintenant la trop longue liste des femmes qui ont reçu ce « classement sans suite ». Comme un abandon de l’état, une justice dépassée ou indifférente ? Pourtant le sujet est si actuel et trône dans les débats médiatiques et publiques depuis 2 ans.
Magali n’avait peut-être plus de sentiments pour son mari et elle avait décidé de partir. Elle en avait le droit. Enfin, je crois.
Le divorce était en cours et ils avaient rendez-vous le 8 mars devant le Juge aux Affaires Familiales pour fixer les modalités de garde des enfants. Il craignait beaucoup cette entrevue, la peur de voir la fratrie divisée, l’appréhension de devoir organiser des semaines alternées, de voir aussi un jour son ex-femme refaire sa vie, la croiser en ville avec un autre.
Alors, ils ne sont pas allés au rendez-vous du JAF. Car le 8 mars, Magali reposait déjà sous la terre de Boisgervilly, le crâne défoncé par son mari. Tiens, le 8 mars c'est la journée de la Femme. Comme s'il fallait se rappeler que nous en sommes encore à définir une date pour célébrer et revendiquer cette cause.
Un homme sans histoires.
Encore un, oui, un « homme normal », le gentil voisin qui dit bonjour ou vous prête sa tondeuse à gazon. Magali aussi l’avait sûrement trouvé gentil et très normal quand elle est tombée amoureuse de lui. A son doigt, l’alliance qui la condamnerait à ce funeste destin, celui d’être assassinée par l’homme qu’on a aimé.
Un gentil voisin, un gendre idéal comme Jonathann Daval. Comme lui, il a réussi à garder le secret de son crime pendant des semaines.
Cet homme sans histoires avait prémédité son coup depuis des mois et on apprend qu’il était même allé jusqu’à payer 20 000 € des géorgiens pour faire le sale boulot avant de se rétracter. On apprend que ses parents aussi sont impliqués et mis en examen dans cette terrifiante association.
Puis le mari a décidé qu’une batte de base ball serait l’arme de son crime. Et qu’une vulgaire pelle et un bout de forêt feraient partie de son scénario. Pourquoi s’encombrer avec des géorgiens, des dépenses et des complices familiaux, tout le monde le sait « on n’est jamais mieux servi que par soi-même ».
Je m’interroge sur cet objet. La batte de base ball. Ma fille en a une et je l’ai soulevée ce matin. C’est lourd. Et un crâne humain est fragile.
Est-ce Magali qui l’avait achetée pour les enfants ? Le père avait-il joué au base ball avec ses enfants ou se l’est-il procurée en prévision de son projet diabolique ?
Nous sommes dans une société qui n’en a pas fini avec le machisme et le patriarcat.
Depuis des millénaires nous sommes violées, battues et tuées.
Et quitter un homme peut être potentiellement un danger mortel.
A son avocat, il a confié qu’il n’était « rien sans elle ».
Il a préféré qu’elle meure pourtant.
Perdus quelque part dans un foyer de l’aide sociale, les 4 enfants de Magali ont brutalement quitté l’innocence.
Source : 20 minutes du dimanche 21 mars 2021.
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