C’est quand le bonheur ?
La recherche du bonheur est une quête indispensable afin de ressentir pleinement son existence. Nous sommes d’ailleurs obsédés par le bonheur, mais savons-nous cerner les facteurs y contribuant ? Quelles sont les données favorables au bonheur du point de vue scientifique, économique, psychologique, politique et géographique ? En d’autres termes, qu’est-ce qui nous rend heureux ?
Les livres sur le développement personnel prétendent apporter les recettes miracles du bonheur, mais pourtant il ne suffit pas de lire un manuel ou de suivre un stage New Age pour être plus profondément heureux. Depuis une dizaine d’années, économistes, scientifiques et politologues se sont emparés du thème afin d’améliorer notre bien-être. La félicité (état de sérénité et de joie durable) a été étudiée et mesurée, devenant un objectif politique majeur qui inspire des innovations sociales et économiques.
Je suis tombé récemment sur un ancien supplément du Courrier International (n° 874-875-876) qui m’a donné envie d’écrire ce billet afin de tenter d’élucider les secrets du bonheur car il faut dire que le sujet est passionnant. L’édition du Courrier International avait pour titre évocateur « Alors, heureux ? Pourquoi nous sommes obsédés par le bonheur » et il m’a servi de point de départ dans ma quête du véritable bonheur. « Qu’est ce qui nous rend heureux ? » est une vaste question à laquelle je vais tenter d’apporter quelques réponses, mais je suis finalement loin d’avoir terminé ma quête.
Malgré toutes les tentatives qui visent à cerner le bonheur, il reste insaisissable. En fait, il est quasiment impossible de savoir ce qui nous rend individuellement heureux. Plus d’argent, une meilleure santé, des enfants équilibrés ? Le premier élément dont il faut parler est l’argent. La règle fondamentale en économie repose sur l’idée que le bonheur est fonction des revenus. D’ailleurs, le président Sarkozy semble convaincu par ce concept puisqu’il se démène pour donner l’illusion aux Français qu’ils vont gagner plus d’argent. En fait, c’est seulement en partie vrai puisqu’il est démontré qu’à partir d’un certain niveau de richesse, l’augmentation des revenus ne contribuait pas forcément au bonheur. C’est ensuite la comparaison avec les biens matériels inférieurs des autres qui procure une certaine allégresse, mais ce n’est pas le bonheur fondamental. Ainsi, l’argent procure une certaine liberté et donne le choix, mais ne rend pas plus heureux. En fait, nous avons la faculté de nous habituer trop facilement à un niveau de vie plus élevé. Ensuite, ce niveau de vie est acquis puis il est seulement comparé à celui des autres, mais pas à ce que nous possédions précédemment. C’est le fameux « cycle hédoniste » que certains philosophes attribuent spécifiquement à notre société moderne. Le secret de la félicité est plus complexe que les affirmations des manuels de microéconomie qui veulent nous persuader que le bonheur individuel s’associe à la satisfaction procurée par la quantité consommée de biens matériels et immatériels.
Les décideurs politiques se sont aussi mis à étudier le bonheur. J’ai appris, avec surprise, qu’il existait un nouvel indice, conjoint au PIB, qui s’appelle le Bonheur National Brut (BNB). Le BNB permet de mesurer le progrès de la société, quoi que je me demande si le bonheur est vraiment mesurable analytiquement. Dans un article de Libération sur les indices du bonheur, j’apprends que la France est classée 62e sur la carte mondiale du bonheur, tandis que le Danemark est numéro un et que le petit royaume himalayen du Bhoutan est 8e. La conclusion de ce classement est simple puisqu’il faut chercher ailleurs que dans le confort financier afin de trouver la recette du bonheur. Certains pays comme la Thaïlande et la Chine ont développé leurs propres méthodes de calcul qui permettent de déterminer un indice du bonheur national, mais il est évident que le système de mesure peut tout à fait être manipulé à des fins politiques. Étant donné qu’un grand nombre de variables interviennent pour calculer les indices du bonheur, il faut garder à l’esprit que ce n’est pas une science exacte.
Parmi les autres éléments contribuant à la félicité, les chercheurs notent que le climat, le mariage et les enfants sont bénéfiques. Cependant, il existe plusieurs formes de bonheur, dont le plaisir immédiat, la satisfaction et la plénitude. Du coup, je veux savoir à quelle sorte de bonheur les indices veulent répondre. De plus, un grand nombre de personnes confondent bonheur et allégresse. Quand je vois l’équipe de France de rugby gagner un match, cela me rend heureux, mais ce n’est pas du bonheur profond ; en fait c’est uniquement de l’allégresse, un sentiment éphémère qui n’a rien à voir avec la plénitude profonde liée à la félicité qui doit satisfaire toute une vie. Il faut se pencher sur la relation entre désir, bonheur, plaisir et félicité pour entrevoir les différences qui existent entre ces différents états moraux.
Le bonheur au fil du temps
L’étude de la manière dont l’idée du bonheur a évolué au fil du temps est intéressante. La notion de bonheur (et de malheur) est étroitement liée à l’humanité. Cette affaire de bonheur me rappelle un ouvrage que j’ai lu l’an dernier et qui est cité dans l’édition du Courrier International traitant du bonheur. L’ouvrage s’intitule « The Pursuit of Happiness » (La Poursuite du Bonheur) par Darrin McMahon qui disserte sur l’histoire de la philosophie du bonheur. L’auteur explique que la perception du bonheur a largement évolué au fil du temps. Par exemple, dans la Grèce Antique, le bonheur était un cadeau des dieux car il fallait être mort pour enfin être heureux. La vie terrestre n’était que pénitence et souffrance en attendant une meilleure destinée dans l’Au-delà. Socrate a radicalement changé les choses puisqu’il a dit : « nous savons que tout le monde veut être heureux, alors trouvons comment y arriver ». De l’idée émise par Socrate a germé la notion qui implique que les êtres humains pouvaient être heureux comme les dieux, mais cela demeure une récompense tandis qu’aujourd’hui c’est un droit inné.
Une grande évolution vis-à-vis de la félicité intervient au XVIIIème siècle qui est celui des Lumières, puisque les penseurs ont commencé à émettre le concept que le plaisir est bon et la douleur est mauvaise. C’est notamment le penseur John Locke qui est intervenu dans les préceptes qui insufflent que l’homme n’est pas né dans ce monde pour une destinée misérable. C’est aussi à cette époque que l’Encyclopédie de Diderot cite « chacun n’a-t-il pas le droit d’être heureux ? ». Par la suite, la notion du bonheur définie durant le siècle des Lumières s’est étendue pour devenir universelle et permanente. Puis, nous sommes « naturellement » heureux et si ce n’est pas le cas, alors il y a quelque chose qui cloche ; que ça soit avec le monde qui nous entoure ou à l’intérieur de soi. McMahon explique aussi que nous pensons à tort que le bonheur tient à la satisfaction de nos désirs. Ainsi, nous exagérons la satisfaction lors de plaisirs anticipés. L’être humain est rempli de contradictions comme note McMahon et il est même possible que l’évolution actuelle de notre société contribue au malheur plutôt que de contribuer au bonheur. Un facteur dominant qui se dégage du livre de McMahon suggère que le concept de la félicité soit étroitement lié à l’environnement culturel. C’est pourquoi les Grecs de l’époque antique ne pouvaient pas être heureux tant qu’ils étaient vivants.
Sur un autre plan, la poursuite du bonheur décrite par McMahon est aussi intimement liée à l’identité des Etats-Unis puisque Thomas Jefferson coucha dans la Constitution que la recherche du bonheur est un droit inaliénable, après la vie et la liberté. Seulement, les Américains ont interprété ce droit selon plusieurs perspectives : propriété, plaisir, vertu.
De nos jours, les perceptions sont floues. Le droit au bonheur s’est déplacé au rang de devoir. Il y a même eu un bannissement du bonheur au profit de la jouissance sans entrave qui a finalement dressé un nouveau dogme du bonheur.
Au final, il faut se demander, selon McMahon, si nos sociétés ne s’attachent pas trop au prix du bonheur. De plus, les hommes ont franchi le pas de vivre comme des dieux, abandonnant ainsi une part de leur humanité.
Le Happy End d’Hollywood
Il est intéressant de se pencher sur le fameux happy end cinématographique afin de comprendre certains symptômes de notre existence. C’est ainsi qu’il faut se demander si les fins heureuses des films d’Hollywood sont une invention artistique ou une obligation philosophique ? En fait, la perspective des fins optimistes de films semble venir du désir optimiste lié à la foi. La croyance veut qu’il suffise de bien se conduire dans cette vie pour que les portes du paradis s’ouvrent. C’est donc la théologie qui inventa le happy end avant Hollywood. Le cinéma permet de se consoler le temps que dure la projection, malgré le fait que le fim s’éloigne de la réalité, étant paradoxalement son attrait.
L’as du bonheur
Il paraît que l’homme le plus heureux du monde est le moine bouddhiste Matthieu Ricard, bras droit du dalaï-lama. J’ai seulement parcouru son livre « Plaidoyer pour le bonheur », mais j’envie sa béatitude, sa véritable plénitude spirituelle. La pensée bouddhiste me paraît sympathique et j’applique parfois certains préceptes comme : « si tu as une solution à ton problème, ce n’est pas la peine de t’inquiéter et si tu n’as pas de solution à ton problème, alors c’est encore moins la peine de t’inquiéter ». Par contre, je suis encore trop matérialiste pour me réfugier dans le désert ou au sommet d’une montagne pour méditer et atteindre le plein niveau de béatitude, mais pourquoi pas un jour quand j’en aurais marre des plaisirs superficiels. Enfin, pour l’instant, je continue de jouir de toutes ces frivolités que la société de consommation me procure en tant que plaisirs éphémères, assumant pleinement cette jouissance instantanée et superficielle.
Pour en revenir à Ricard, des chercheurs de l’université du Wisconsin ont soumis son cerveau à des tests par imagerie à résonance magnétique (IRM). Ses résultats sont étonnants puisqu’il affiche un score de - 0,45 sur une échelle qui va de + 0,3 (tristesse abyssale) à - 0,3 (béatitude).
Au-delà des résultats scientifiques, il suffit d’observer ses interventions télévisées pour remarquer que le personnage transmet une véritable tranquillité. Parmi les points clés de sa remarquable béatitude, je note qu’il ne se laisse absolument pas influencer par les circonstances extérieures. Si l’environnement détermine notre état d’esprit, nous sommes comme une éponge qui absorbe les maux et qui va ensuite souffrir. Tout ce qui semble me rendre heureux comme la victoire de l’équipe de France de rugby ou un bon repas entre amis n’est qu’un interlude dans la tempête, s’assimilant à de l’allégresse dont je parlais auparavant, mais absolument pas au véritable bonheur que Ricard a atteint. Son livre contient des exercices simples à mettre en pratique que je n’ai pas eu le courage de lire entièrement, mais la leçon ne me paraît pas dénuée d’intérêt. Par contre, j’ai retenu une leçon importante qui veut que c’est notre rapport mental au monde qui détermine notre niveau de bonheur et malheur. Pour servir de base de départ, il faut simplement se poser la question de savoir si notre félicité ou notre bien-être dépend des autres.
Merde à la positive attitude
Franchement, la méthode Coué me sort par les trous de nez. Les possibilités de l’autosuggestion paraissent infinies, mais c’est une illusion. Les adeptes de la psychologie positive veulent se persuader qu’il est possible de déplacer des montagnes si nous en sommes totalement convaincus. Au contraire, les pensées négatives sont nuisibles pour le mental et la santé. Il est bien connu qu’il faut toujours voir le verre à moitié plein et jamais à moitié vide.
Seulement, je dis que ce sont des foutaises. La « positive attitude » est en fait une culture qui culpabilise les malheureux. À force de vouloir toujours entrevoir le bon côté des choses, nous arrivons à des états totalement absurdes. Par exemple, il est connu que certains centres de traitement du cancer préconisent la pensée positive pour combattre la maladie. Je n’ai pas eu le cancer, mais il me semble difficile d’entrevoir des aspects positifs par rapport à cette maladie. Par contre, je crois qu’il est possible de l’admettre et de planifier ses actes en conséquence.
Le souci est que cette attitude est tellement généralisée que la société est devenue intolérante pour ceux qui souffrent. Il existe même des comportements étonnants comme celui des Américaines qui semblent rester passifs vis-à-vis des multiples crises qu’ils rencontrent. En fait, c’est moins étonnant lorsque l’on observe leur affection pour la pensée positive qui est un élément indissociable de leur mentalité. Pour preuve, il n’y a qu’à comparer le nombre de manuels basés sur la pensée positive appliquée à n’importe quel domaine qu’il est possible de trouver dans une librairie aux Etats-Unis.
En tout cas, la méthode Coué et toutes ses déclinaisons ne contribuent absolument pas à la recherche du bonheur, mais s’en éloignent certainement à force de créer des illusions artificielles.
La science de la joie
Étrangement, la médecine est plus calée sur la dépression plutôt que sur le bonheur. Les caractéristiques précises et les limites de la définition clinique du bonheur sont encore floues.
La technique d’IRM testée par le moine Mathieu Ricard est une excellente avancée dans le domaine puisqu’elle permet d’observer l’afflux sanguin dans certaines zones réactives du cerveau. Il y a aussi l’électroencéphalogramme qui détecte l’activité électrique des circuits neuronaux, laissant apparaître le cortex préfrontal gauche comme étant le siège principal du bonheur. Pour en savoir plus, il faut suivre les recherches de Briant Kutson et Richard Davidson, mais ce que j’ai retenu de mes lectures sur leurs trouvailles ne contribue pas à ma quête du bonheur car il s’agit surtout d’émotions liés à l’anticipation. En fait, lorsque nous anticipons une perspective réjouissante, notre cortex préfrontal s’agite, mais cela ne dévoile pas le secret pour être profondément plus heureux.
Peut-être qu’un jour, de grandes découvertes vont nous dicter comment manipuler le cerveau afin de connaître la béatitude que j’envie à Mathieu Ricard, mais pour l’instant je laisse les scientifiques rechercher les clés du bonheur car je n’ai rien trouvé dans le domaine qui satisfasse ma curiosité.
Les vertus contribuant au bonheur
D’autres blogueurs ont carrément recopié sans vergogne l’intégralité de l’article du Courrier International qui liste six vertus et vingt-quatre forces de caractère qui pourraient contribuer au bonheur, donc je vais m’épargner la peine. Pour résumer, il existe six vertus qui sont :
Sagesse et connaissance : ces éléments contribuent à acquérir et utiliser la connaissance.
Courage : cette force émotionnelle permet d’atteindre des objectifs malgré les contraintes.
Humanité : la compassion permet d’aider les autres.
Justice : base de l’harmonie sociale.
Tempérance : évite les excès.
Transcendance : ouvre une dimension universelle.
Faut-il déménager pour être heureux ?
Dans le même numéro du Courrier Internationa, il y a toute une section qui analyse le bonheur au niveau géographique. Tout d’abord, j’apprends comment le roi du Bhoutan, minuscule pays bouddhiste au sud-est de la Chine, s’y prend pour rendre ses sujets heureux. Je lis aussi que les Danois possèdent un secret pour être plus heureux que les autres Européens. En fait, ce fameux secret tient en un paramètre tellement futile qu’il est risible. Il paraît donc que c’est la victoire à l’Euro 1992 de football qui serait le facteur déterminant pour leur satisfaction. D’ailleurs, il me semble que la France n’a rien à envier au Danemark puisque la victoire lors de la Coupe du Monde de Football en 1998 ajouta 6 points à la croissance. À Bogota, capitale de la Colombie, je lis que c’est la multiplication des espaces de convivialité qui apportent satisfaction.
Tout cela est bien rassurant, mais je n’ai pas trouvé la patrie du bonheur au travers de ma lecture et la carte mondiale du bien-être subjectif que voici ne me conforte pas dans l’idée qu’il fait mieux vivre ici ou là. Comme l’intitulé de la carte souligne, c’est bien subjectif et il ne faut pas penser que les éléments extérieurs ou environnementaux aillent épancher notre félicité.
Évidemment, les éléments extérieurs sont des points d’influence, mais ce n’est pas là que réside la solution ultime à la désirabilité du bonheur. En d’autres termes, si vous êtes profondément malheureux, ce n’est pas en déménageant au Danemark que vous allez subitement être heureux.
Quand les politiques s’en mêlent
Avant de conclure, il fallait tout de même parler de l’action politique en faveur du bonheur.
Je vais prendre l’exemple de la politique de Sarkozy qui tend à faire croire que plus de pouvoir d’achat va rendre le citoyen de France plus heureux. La prospérité semble devenir un objectif politique essentiel pour le président qui se trompe subtilement. En fait, le niveau de richesse est un moyen, mais absolument pas une finalité. Focaliser ainsi sur la création de richesses élude de la véritable quête du bonheur qui devrait être une priorité. Je pense avoir compris le plan Sarkozy qui veut simplement satisfaire les envies et besoins primaires des Français. Le seul hic réside dans le fait que l’argent ne fait pas forcément le bonheur. D’ailleurs, la carte suivante démontre bien que le pouvoir d’achat n’est pas forcément en corrélation avec l’indice du bonheur.
Il faudrait plutôt chercher du côté des circonstances favorables au bonheur afin d’améliorer la satisfaction des citoyens, mais je ne n’ai pas la prétention de proposer des solutions viables.
En tout cas, nous savons que l’accroissement des richesses n’est pas un facteur prépondérant au bonheur ou même à la satisfaction. Par contre, il faudrait s’attacher à évaluer les critères propices au bien-être au lieu de présenter des mesures économiques qui restent désespérément liées à l’économie. Certains prônent même une réduction des différences sociales car cela rend malheureux de savoir qu’il y a plus riche que soi. C’est rigolo d’observer qu’une déclinaison du modèle communiste serait une solution, mais nous savons ce qu’ont fait les hommes d’un modèle politique qui demeure magnifique en théorie, mais reste inapplicable réalistiquement, en grande partie à cause de la cupidité et la vanité propre à l’être humain. Un autre point sur lequel les politiques doivent se pencher pour améliorer notre bien-être est la santé. Il est évident que les maladies et autres troubles de la santé sont responsables d’une large part de nos malheurs. Ensuite, l’éducation est également influente pour notre satisfaction. Ce n’est pas seulement l’éducation en général, mais surtout l’éducation morale qui devrait améliorer la situation puisque l’application de la taxinomie du bon caractère dont je parle plus haut me paraît essentielle à un meilleur état général de sociabilité donc de satisfaction générale.
En bref, pour favoriser le bien-être en société, il faut : des relations familiales saines, une situation financière satisfaisante, un travail valorisant, des amis fidèles, la santé (physique et mentale) et la liberté individuelle. C’est plus simple à dire qu’à faire et je comprends les difficultés du gouvernement qui peine à trouver des solutions pour satisfaire les Français. Cependant, je trouve simplement qu’il y a confusion entre moyens et finalité. Sarkozy croit que les moyens sont la finalité tandis qu’il faut tendre vers des objectifs véritables et profonds permettant d’améliorer le bien-être au lieu d’utiliser les moyens comme prétexte de satisfaction plausible et illusoire.
Tout compte fait, il faut sans cesse se rappeler que le bonheur est une quête individuelle. Les gouvernements ne peuvent absolument rien pour nous rendre heureux, mais ils peuvent favoriser les moyens qui permettent d’optimiser la quête individuelle du bonheur.
D’ailleurs, le facteur politique concernant la quête du bonheur est tellement dense et fascinant que je vais en parler à nouveau dans des billets ultérieurs, totalement dédiés à cet aspect.
Ouf, je conclus !
Finalement, peut-être que la notion de bonheur est une illusion, une tentative de définir quelque chose qui ne peut pas être atteint intellectuellement. D’un autre côté, notre malheur tient sans doute au fait que nous sommes trop en phase avec le sens des réalités. Je dirais que, malheureusement, nous ressentons l’obligation d’être heureux. Pourtant, je me demande comment il est possible d’être heureux en regardant le journal télévisé qui dévoile son flot de drames ? Bien sûr, j’ai dit qu’il ne fallait pas se laisser influencer par l’environnement culturel, mais je ne suis pas encore moine bouddhiste et les éléments extérieurs m’influencent évidemment. Certains se soulagent des malheurs du monde pour assurer qu’ils ne vont pas si mal, mais la vérité est que si le monde va mal, il est difficile d’aller parfaitement bien ou alors l’individu est plus égoïste que je ne le pense. La vie est totalement déprimante et c’est bel et bien notre environnement culturel qui nous empêche de croire aux solutions miracles, même si le moine bouddhiste prouve que c’est possible d’être profondément et durablement heureux.
Il est possible que nous fassions fausse route en pensant que le bonheur représente l’idéal moral suprême. Au contraire, il faut peut-être abandonner le mythe de la félicité et apprendre à affronter, ou même aimer, le conflit et le malheur. Notre société moderne fabrique des rêves et des illusions qui nous font désirer le bonheur, mais ne nous rendent pas véritablement heureux pour autant. Tout compte fait, il faut souffrir pour exister et les Grecs de l’Antiquité n’avaient peut-être pas tout à fait tort. Bien sûr, il ne faut pas devenir sadique pour autant, ni même stoïcien, car je crois que la désirabilité du bonheur est une quête fondamentale. Sauf qu’il convient de savoir et admettre les moments où nous dévions moralement pour mieux consentir du malheur.
Je vous invite aussi à lire la version NONAME du bonheur qui dit des choses très justes en bien moins de mots que moi.
Pour conclure, il me semble tout simplement que le bonheur ne peut pas être cerné de manière analytique car il peut être seulement ressenti. C’est une quête individuelle qui implique que les chercheurs, philosophes et économistes pourront nous donner des moyens pour aider à y parvenir, mais ils ne pourront certainement pas nous dévoiler les véritables solutions.
Je n’ai donc pas percé les secrets du bonheur, mais j’ai pris un réel plaisir à écrire ce billet et c’est déjà pas mal !
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