Ce n’est pas le froid qui tue, c’est la rue !
F.Fillon sort de sa torpeur en cette fin d’année 2008. Engourdi qu’il fut par le frimas hivernal, la marionnette de l’Élysée exige subitement qu’aucune demande d’hébergement pour les SDF ne soit refusée. Tout en commisération, ce gouvernement passé maître dans la gestion de l’émotion, en appelle à l’assistance envers les plus démunis “à l’occasion du réveillon”. Mesure ponctuelle, médiatique et dérisoire.
La bigote C.Boutin criaille d’émotion, des trémolos dans ses larmoiements en annonçant qu’il ne reste plus que la réquisition et l’embastillement forcé pour parer à la situation de misère des hommes errants dans la froidure des cités. “Parce qu’il n’y a pas d’autre solution”. On pourra être indulgent quant à la clairvoyance sur la situation. Le cynisme alors conduit à s’exprimer sur l’opportunité ou non de la contrainte à l’hébergement. On en fait des tonnes, tout le monde a son opinion. Politiciens, ministres, éditorialistes précepteurs de bonnes idées ont tous leurs réponses idoines sur ce sujet leurre. Le comédien dégingandé A.Legrand se déchaine devant un journaliste médusé lors d’un rare moment de grâce à télévision. Tout y est, pistes, questionnements, réflexions. Il remet au centre du débat ce qui doit être abordé et qui est méticuleusement et sournoisement passé sous silence. La rue, c’est la folie, la crasse, les animaux de compagnie refusés, l’alcool, la violence, la faim, la désocialisation complète, la vie hors marge. Mais pratiquement, au jour le jour, le problème reste entier, des gens “vivent” sur le macadam. Cet état de fait n’est pas dû à la fatalité, à un hiver spécialement rigoureux, ni même à une mauvaise récolte. C’est juste et seulement le résultat de choix politiques.
On se pinçait déjà lorsque L.Jospin piteux candidat en 2002 promettait zéro SDF en 4 quatre ans. Des promesses de gouvernant qui ne croyait pas en son programme Socialiste•. En 2007, le petit candidat gesticulant remit le couvert à ce propos. Des oscillations bien maîtrisées dans la voix, il promettait devant un parterre de notables encartés à l’UMP qu’il règlerait la question des sans-abri. Tonnerre d’applaudissements, on s’esbaudit. Un zéphyr de paroles, comme de tradition. La France a honte de se voir dans ce miroir défigurant. Il faut cacher la misère, l’éradiquer du quotidien ouaté de l’électeur “moyen”. Dans la démocratie d’opinion française, il est de bon ton de jeter de la “poudre aux yeux” du péquin qui, en cette circonstance pantagruélique, bâfre de l’huître d’Oléron, du foie gras du Gers et du chocolat Suisse les orteils douillettement rangés au chaud. De saison. Et il est bien là le problème.
Les clochards meurent aussi (et surtout) l’été. Ce n’est pas le froid qui tue, c’est la rue ! Selon le collectif “Les Morts De La Rue“, il y a autant de décès l’hiver que lors de la saison estivale. Infections, gangrène, hyperthermie (!), sous-nutrition, usure physiologique sont des fléaux qui ne connaissent pas les saisons. Il est d’ailleurs pénible qu’un hère prenant un bain de pisse au mois de mai au détour d’une station de métro ne mette le premier ministre F.Fillon ou une sous-ministre telle que la “gauchisante” F.Amara dans le même état d’hystérie empathique qu’aux moments des fêtes de fin d’année. Cela reste un mystère constant et impénétrable.
La France du travail est ressassée par les zélateurs du gouvernement UMP, en particulier par la “bouche de Sarkozy” F.Lefebvre. Toujours prompte à jeter l’anathème sur le partage, en particulier celui des emplois, la doxa impose la présomption de paresse à tous ceux qui n’ont pas d’activité laborieuse. Dans l’imaginaire distillé par la communication d’état, tout se mêle, pauvre, assistanat, mérite, travail, salaires, impôts. Un salmigondis idéologique qui permet tous les excès. Sentiment renforcé par la mise en place du revenu de solidarité active du sycophante M.Hirsch. On pourra toujours pleurer sur les gueux qui peuplent les boulevards. Mais ils symbolisent la punition vivante (et mourante), le stade terminal pour les citoyens qui pourraient se mettre en tête de relâcher un peu les efforts. Les villes de France se sont peuplées de piloris ambulants (100 000 selon des statistiques floues). Le meilleur contre exemple à tous ceux qui renâclent ou contestent. Qui pensent peut-être qu’autre chose est possible (reste à définir quoi, mais questionnent le sens). Plus démonstratif qu’une réclame sur le pouvoir d’achat°, plus convaincant que mille discours d’un candidat “sondagièrement” hégémonique : Si vous ne voulez pas être ça ! Travaillez et bouclez-la !
• Souligné par l’auteur
°Une somme rondelette de plus de 4 000 000 d’euros engagée par le propagandiste T.Saussez
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