Colonnes Brisées
Que sont notre éducation et notre justice devenues ?
La vie de la nation repose sur quelques piliers dont certains viennent de notre Histoire, ce sont les mœurs, les religions, les langues, les spécificités particulières aux Français comme l’attrait des longues vacances, le goût de la gastronomie, la fascination de l’État centralisé. A cet État, sont directement confiés certains piliers : les « fonctions régaliennes ».
Qu’importe d’ailleurs leur origine, ces piliers nous soutiennent, c’est grâce à eux que nous sommes ce que nous sommes.
Or deux d’entre eux, de première importance, semblent menacés. L’Éducation, la Justice.
L’Éducation, gratuite et obligatoire depuis Jules Ferry, a joué un rôle fondamental dans la construction de la nation. Les instituteurs des XIXe et XXe siècle, ces célèbres hussards noirs de la république, avaient façonné chez les jeunes un esprit citoyen. Ne se contentant jamais de leur apprendre un bon français et les bases de calcul, ils avaient inculqué en eux le réflexe national, l’amour de leur pays, la solidarité avec leurs camarades. Par leurs leçons et par l’exemple, « ces instits » ont pris leur part, une part importante, dans le développement intellectuel des petits élèves comme dans les liens qui ont réussi à souder les Français entre eux. Pour un temps…
Depuis, les hussards noirs ont disparu, remplacés par les « enseignants » et le « pédagogisme ». De l’école primaire sortent plus de 20 % de garçons et filles ne sachant pas lire correctement un texte simple et incapables du moindre calcul mental. Et on trouve des bacheliers « mention bien » écrivant une lettre de candidature comportant plus d’une faute par ligne. Rien d’étonnant, depuis la tromperie du projet socialiste promettant « d’élever 80 % d’une classe d’âge au niveau du bac » et entreprenant pour ce faire de… baisser le niveau du bac au niveau constaté des élèves.
Colonne de l’éducation, brisée.
La Justice, dans la continuité de l’autorité prestigieuse qu’elle avait acquise au cours des siècles, conservait encore au XXe une auréole de respectabilité incontestée. Appuyée sur la force de l’épée, c’est-à-dire de l’État, mais aussi sur l’équilibre de la balance garanti par son devoir d’impartialité, elle inspirait confiance aux citoyens. On lui manifestait bien quelques reproches, un corporatisme jaloux, une prétention à l’infaillibilité, un langage obsolète parfois incompréhensible. Néanmoins il ne venait à l’idée de personne de contester ses décisions : il eut été illégal de le faire, comme aujourd’hui, mais il eut été aussi considéré comme intempestif, incongru, illégitime, de se livrer à une telle contestation. La Justice disposait tout naturellement de l’autorité que lui conférait la règle d’impartialité.
Depuis, on a vu des juges entrer en politique dans un camp ou un autre. On a vu des juges prendre parti officiellement, et certains d’entre eux prendre carte. Surtout, on a vu se créer un syndicat de la magistrature, recueillant maintenant un tiers des magistrats, promouvoir ouvertement une justice « partiale ». Et ce même syndicat ne pas hésiter à afficher sur ses murs une liste de personnalités qualifiées de « cons », liste incluant des parents de victimes assassinées qui s’étaient permis de protester parce que les assassins se trouvaient être des récidivistes. Comment garder confiance en la Justice ?
Colonne de la Justice, brisée.
On ne voit pourtant rien de commun entre ces deux administrations.
Rien ? Si, il existe un point commun. Cherchez dans les déclarations des profs, cherchez dans les déclarations des magistrats, écoutez les débats où figurent les uns ou les autres.
Dans un débat télévisé entre profs, de quoi parlent-ils ? De méthodes d’éducation, de programmes, de qualité d’enseignement, de résultats ? Que nenni. Le plus souvent, sinon toujours, le débat porte d’entrée, ou dévie très vite, sur « la lutte contre les inégalités ».
Moins systématiquement, cependant bien souvent, il en est de même pour les débats, plus rares, où interviennent les juges.
Autrement dit, ces fonctionnaires ont en commun depuis des années d’avoir placé la mission que leur confie la nation en seconde priorité, derrière cette « lutte contre les inégalités ». Avec la complicité plus ou moins tacite de leur administration, ils ont détourné leur mission au profit d’une autre. Non pas que cette bataille pour l’égalité soit blâmable en soi, ce qui serait une autre question, mais une telle auto-décision conduit à faire travailler les services de l’État au profit d’une cause qui n’est pas celle pour laquelle ils ont été créés.
Origine de ce détournement ? Il en existe deux, qui d’ailleurs se rejoignent pour n’en former qu’une : l’air ambiant d’une part, provenant du fort fantasme français en faveur de la sainte égalité, et d’autre part la pression syndicale. Tant la FSU pour l’Éducation Nationale que le SM pour la magistrature ne s’en cachent pas : leur affaire, c’est la lutte contre les inégalités.
Très bien, mais ils trompent la nation. Et, torpillées par le fantasme de l’égalité, ces deux clés de voûte nationales sont brisées.
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