Comment qu’on cause !
La rubrique Dire, ne pas dire de l'Académie française http://www.academie-francaise.fr/dire-ne-pas-dire/ apporte chaque mois de précieuses indications et réflexions sur l'usage de notre langue. À défaut d'un index ou d'une table des matières propres à ce site, je m'efforce d'en faciliter l'accès dans le Dicthographe. Cependant je doute de l'intérêt de mettre en évidence des "emplois fautifs" dont voici des exemples parfois surprenants.
On dira donc Notre assemblée est au complet et non notre assemblée est au complète.
Ces deux tours sont corrects, mais il ne faut pas les mêler pour en faire l’étrange et fautif préférer Jean que Louis.
Mais même si tant qu’à a eu autrefois la valeur de jusqu’à, il faut veiller aujourd’hui à ne pas employer l’un pour l’autre et l’on se rappellera que tant qu’à présent est une incorrection.
Mais aujourd’hui, ces emplois sont hors d’usage et, à moins de vouloir donner une teinte historique à ses propos, on n’emploiera diligence en ce sens qu’au singulier et on évitera le tour Merci pour vos diligences.
Employer la forme émouler est un barbarisme dont il faut bien se garder.
On évitera donc des tours comme S.N.C.F. vous accueille, quand c’est La S.N.C.F. qu’il faudrait employer.
C’est un péché véniel dont il faut tout de même se garder ; il convient en revanche d’éviter à toute force d’ajouter à rentrer un nouveau préfixe re- pour en faire l’ampoulé rerentrer, à moins que ce ne soit dans une intention plaisante, auquel cas on pourra multiplier sans fin ce préfixe.
C’est ainsi que certains jettent aujourd’hui aux orties le nom solution, qu’ils doivent juger trop vieillot pour résoudre tel ou tel problème, et le remplacent par le clinquant et tape-à-l’œil solutique, un triste écho à problématique déjà évoqué dans cette rubrique.
Quand on emprunte ces voies de communication on est sous l’obstacle, mais à l’intérieur de l’ouvrage d’art, aussi ne dit-on pas entrer, circuler sous un tunnel, mais bien entrer, circuler dans un tunnel.
On évitera donc de dire soyez pédagogique quand c’est pédagogue qu’il faudrait employer.
Quand il n’y a pas de différence de prononciation, les problèmes arrivent et l’on commence à lire ici ou là des phrases comme cette robe coûte chère, quand c’est coûte cher que l’on devrait écrire puisque, ici, cher est un adverbe.
Culturé, que l’on entendait d’abord ici ou là en matière de plaisanterie, mais qui commence à se répandre hors de ce cadre, est un barbarisme qu’il faut à toute force proscrire.
Il ne s’agit pas du fruit ; on dit sans problème l’orange est sucrée, mais les choses se gâtent quand on parle de la couleur, puisque, même si l’on dit généralement je vous jure, monsieur l’agent, je suis passé à l’orange, on entend et on lit fréquemment le orange, du orange.
Il s’agit là de tours parfaitement corrects, mais qu’il ne faut pas mêler pour en faire l’étrange phrase J’ai pris mon parti pris que l’on commence, hélas, à entendre ici ou là.
On ne remerciera donc pas en disant à une personne dont on avait sollicité l’appui Merci d’avoir été prié de nous accorder votre aide, mais évidemment Merci de nous avoir aidés.
C’est donc un pléonasme et une faute de français que de dire C’est de cette affaire dont je vous parle.
Mais en dehors de ces emplois stylistiques, la règle énoncée en 1694 est toujours en vigueur et dire, et plus encore écrire, si il est une faute qu’il convient d’éviter.
On commence ainsi à entendre des phrases comme Qui metteriez-vous à ce poste ? quand c’est, bien sûr, qui mettriez-vous… ? qu’il aurait fallu employer.
On ne doit donc ni dire i-l-ont (prononciation qui résulte sans doute d’une analogie avec il a, mais qui n’en reste pas moins fautive), ni dire i-z-ont.
Rappelons donc que l’on écrit quelque chose de spécial et non quelque chose de spéciale.
On ne dit donc pas chaque dix minutes, mais toutes les dix minutes.
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