La communauté musulmane d'Argenteuil se sent agressée parce que deux tarés de skins auraient battu une femme voilée enceinte.
Ce fait divers raciste, s'il est avéré, est un acte débile qu'il faut absolument condamner.
Maintenant il faut se poser la question des causes de telles agressions. Les fièvres de l’extrême droite sont l’expression de l’infériorisation et du rejet d’un groupe humain.
Mais qu’est-ce qu’un groupe humain ? Cela dépend du niveau où on l’emploie. Le terme de groupe humain désigne parfois tous types de groupe, sans distinction de taille, composé d'êtres humains, recouvrant ainsi les notions de tribu, de Société, de peuple ou de communauté.
Ce mot de communauté résulte d’une analyse des formes d'appartenance aux groupes et de leurs fondements par le sociologue Ferdinand Tönnies en 1887 dans son ouvrage Gemeinschaft und Gesellschaft (communauté et société). La communauté est un groupement « naturel » qui se distingue de la société en ce que les acteurs de cette dernière ont des objectifs nettement plus individuels. Les degrés de son intégration dans la communauté nationale constituent un problème pour les États démocratiques.
Parle-t-on de la communauté chrétienne, de la communauté protestante, de la communauté orthodoxe ou encore de la communauté bouddhiste ? Non ! Ou si peut. Il est vrai qu'elles son moins agressées mais cela n'est qu'une partie de l'explication.
Ne peut-on pas imaginer que le fait de toujours se définir en tant que « communauté » comme le font les adeptes de la religion musulmane ou juive ne contient pas en lui-même le germe de la stigmatisation ?
La question est difficile à soulever car le sujet est sensible et risque immédiatement d’enflammer les esprits les moins ouverts au débat des idées.
La notion de communauté renvoie en effet à une question fondamentale : celle des principes d'organisation garantissant la cohésion sociale et des règles de cohabitation entre les divers groupes d'appartenance qui composent les sociétés.
Justifier le repli identitaire par la seule xénophobie à l'encontre de ces religions ne suffit pas. Par contre, si on oppose fait-divers contre fait-divers, on doit se demander quel impact peut produire celui-ci.
Francetv info avec l'AFP publie le 09/05/2013 l'information suivante :
"Il tue un adolescent pour "laver l'honneur de sa sœur" à Saint-Denis"
Une "correction" due à une rumeur.
D'après les premiers éléments de l'enquête, la victime, âgée de 16 ans, propageait une rumeur selon laquelle la sœur de l'agresseur présumé avait tourné une vidéo pornographique. Le frère de la jeune femme aurait voulu lui donner une "correction"...
Esteban Morillo, le tueur présumé de Clément Meric est un skinhead de 20 ans, proche du mouvement ultranationaliste Troisième Voie (encore une communauté ...). Lui aussi voulait juste "administrer une correction" au titre des valeurs véhiculées au sein de sa « communauté ».
C’est d’abord aux membres de ces « communautés » de cesser de se présenter en mettant en avant leurs caractéristiques sociales, politiques ou religieuses. Si ce communautarisme fait sens au sein des siens, cela nuit gravement au processus d’intégration dans la Société nationale et empêche de « conflictualiser » ses demandes de façon démocratique et dans le respect des lois de la République, comme l’écrivait déjà en 1996 le sociologue Michel WIEVIORKA.
Aujourd’hui, on ne peut plus attendre des seuls « émigrés » ou « issus de l’émigration » qu’ils initient cette démarche d’intégration. L’état, les intellectuels et les politiques qui nous gouvernent doivent prendre la dimension de ce cocktail explosif qui se compose du communautarisme, du chômage et de la ghettoïsation. Le vote des étrangers aux élections locales est-il la solution ; je ne le crois pas, pour le moment, car si l’on ne répond pas d’abord à ces trois risques (communautarisme, chômage, ghettoïsation), ce droit de vote ne fera que renforcer le repli communautaire.