Corrida. Anti et pro dans l’arène
L’été est la saison du melon, des pêches et des cerises mais aussi celle de la Corrida. A travers la France, et aussi en Espagne, au Portugal et en Amérique du sud, se déroulent de grandes ferias, rassemblement des aficionados de la tauromachie. Ferment de leur identité pour les uns, abominable torture animale pour les autres, la corrida déchaîne les passions. On trouvera ici les arguments des anti-corridas, et ici les arguments des partisans des corridas.
Un coup d’épée… dans l’eau
Dans leur livre, Députés sous influence, Hélène Constanty et Vincent Nouzille, rappellent le dernier combat parlementaire en date à l’Assemblée. « En 2004, à la surprise générale, Muriel Marland-Militello est partie en croisade contre les corridas. « J’ai toujours été révoltée par les mutilations et les tortures infligées aux taureaux. Je me suis juré d’y mettre fin. Tant pis si je heurte mes amis politique ». Fin de citation. La proposition de loi, visant donc à interdire les corridas et les combats de coq, avait été cosignée par 49 députés de tous bords selon la députée. C’était en 2004 et la proposition de loi 1652 devenue 228 n’a toujours pas été inscrite à l’ordre du jour. Pourquoi ?
Parce que le sujet est sensible. Sensible pour les défenseurs des animaux et sensible pour les tenants de la corrida comme outil de l’expression culturelle. Dans un cas comme celui-ci où les forces en présence sont sensiblement égales tant en puissance qu’en mobilisation, l’avantage est au statu quo, en l’occurrence donc à l’absence de changement.
Pour que rien ne change sur la question de la corrida, on peut compter sur les députés du sud de la France. Dans la liste que présente Muriel Marland-Militello des députés qui la soutiennent, la plupart viennent du nord de la Loire et aucun des départements concernés au premier chef par une éventuelle interdiction. « Le lobby des villes taurines », Nîmes et Arles en tête, parmi la centaine de communes qui accueille des corridas, a su mobiliser ses réseaux pour que le sujet ne vienne pas à l’ordre du jour. Ainsi la fédération des sociétés taurines de France ou bien l’Union des villes taurines de France, plus de 60 villes membres, apportent un contre-poids important à l’activisme des antis. Car les pro-corridas subissent quelques déconvenues depuis plusieurs années. L’opinion publique française n’aime pas ce spectacle, même si les organisateurs de ces fêtes annoncent deux millions de visiteurs, et préfèrent les vachettes d’Intervilles au taureau mis à mort dans deux ou trois giclées de sang. Canal Plus qui pendant longtemps a contribué à populariser la corrida a depuis longtemps cessé ses retransmissions. Et André Viard, sur son site Terres taurines, de dire :
« Moyennant quoi, toujours en réaction et jamais en initiative, le monde taurin a, jusqu’à l’Appel de Samadet, laissé peu à peu grignoter son terrain, persuadé que si l’urgence l’exigeait il saurait se soulever en masse et faire front. Malheureusement les temps ont bien changé, n’est pas Millies-Lacroix qui veut, et je crains fort qu’au premier coup de feu les élus les plus taurins, à quelques rares exceptions prés, préfèreront adopter une position politiquement correcte plutôt que de mettre en jeu, comme leur glorieux aîné dacquois, leur écharpe, leur siège et leur prestige, en démissionnant pour protester contre un arrêté d’interdiction des corridas. Penser le contraire équivaut à commettre une grave erreur d’appréciation et à mettre en danger le fragile équilibre qui repose sur l’hypothétique force de frappe que constitueraient les gros bataillons de l’aficion ».
L’auteur de ces lignes est un ancien matador. Par ailleurs président de l’observatoire des cultures taurines mis en place en 2008.
Pour remporter la partie, les anti-corridas cherchent à frapper au portefeuille en tentant d’influencer les eurodéputés. L’Union européenne, au titre de la politique agricole commune (PAC), verse en effet des subventions aux éleveurs taurins. Pour l’Europe la question est celle de la souffrance animale plutôt que de savoir si cette pratique respecte ou non une tradition, ancestrale ou pas.
http://www.dailymotion.com/video/x1he1h_reportage-france3-sur-la-corrida_animals
Viva Espana
Les anti-corridas se mobilisent autour de l’alliance anti-corrida qui dit rassembler 19.000 adhérents et sympathisants dont une belle brochette de stars : l’évêque Jacques Gaillot, le compositeur Eric Serra, le chanteur Renaud qui a prêté sa voix au spot ci-dessous.
http://www.dailymotion.com/video/x2j6yw_spot-contre-la-corrida-renaud_ads
De son côté, la FLAC (Fédération des Luttes pour l’Abolition des Corridas) cherche à mobiliser ses réseaux dont Sea Sheperd, dont nous parlions ici même dans un article sur l’écologie radicale.
En Espagne, les choses semblent s’accélérer. 70 villes sont désormais abolitionnistes, dont 20 depuis le début de l’année, s’engageant ainsi à ne plus accueillir de corridas sur leur sol. En France, 11112 personnes, au 14 juillet 2009, ont signé la pétition visant à soutenir la proposition de loi de Muriel Marland-Militello et interdire l’accès aux arènes aux enfants de moins de 15 ans.
Dernière péripétie en date, la polémique autour du livre, Corrida Basta, de Christian Laborde, qui est l’occasion pour les débatteurs, ici Laborde et Casas, de montrer toute l’étendue de leur culture littéraire.
http://videos.lefigaro.fr/video/iLyROoafMMxe.html
Cadeau-bonus. Et le coq ma poule ?
En se focalisant sur la corrida, on en oublierait presque les combats de coqs. Ils sont toujours autorisés en France dans le gallodromes du Nord de la France, aux Antilles, à la Réunion, ainsi que dans une dizaine d’autres pays au monde. La raison de cette autorisation tient au fait que le combat de coqs est une tradition ininterrompue.
http://www.dailymotion.com/video/x7gmi3_combat-de-coqs-philippines_travel
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