« Culture banlieue » : quand Arlette Chabot dérape...
« Culture banlieue »
Le mot est lâché par Arlette Chabot, et rendu public par la diffusion jeudi soir de l’émission politique À vous de juger préenregistrée.
Sans s’attarder sur le fond même du débat, lequel est vital pour l’avenir des citoyens de ce monde, et pas seulement les Européens, comment rester indifférent devant une si insignifiante expression ?
Resituons le contexte : une émission politique avec 8 invités politiques, tous défendant avec force conviction leur ligne et leurs idées. Des passes d’armes ; et alors ? Si la passion l’emporte quelques fois sur la raison, n’est-ce pas également le montre de la profonde implication de ses sujets et la force de leurs convictions.
Après, ils sont des hommes, et la langue française ne s’épanouit pas uniquement dans l’emploi de périphrases et euphémismes utilisés trop souvent en politique pour endormir les citoyens. La verve et le vivant de la langue s’expriment dans tous les registres.
De son origine, le mot prend un sens péjoratif ‘le ban’, territoire d’une lieue autour de la ville » et se définit donc par comparaison, si ce n’est exclusion, par rapport à la ville. C’est donc avant tout une accession géographique : il s’agit d’un ensemble (territoire, agglomération, villes secondaires,..) entourant une ville et participant à son activité.
Que signifie donc cette curieuse expression « culture banlieue » ; dont nous noterons l’absence évidente de préposition ?
Le mot culture peut prendre une multiplicité de sens en fonction du contexte. Compte-tenu de l’absence totale de lien évident entre les 2 mots, il est difficile de trouver le sens approprié. J’aime assez la définition donnée par Wikipédia : « Le mot culture tend à désigner la totalité des pratiques succédant à la nature. Chez l'humain, la culture évolue dans le temps et dans les formules d'échanges. Elle se constitue en manières distinctes d'être, de penser, d'agir et de communiquer. »
En tant que banlieusarde, née et ayant grandi en banlieue parisienne, et habitant aujourd’hui la banlieue lyonnaise, je voudrais remettre quelques pendules à l’heure :
- Non, la banlieue n’est pas un champ de guerre dans lequel « tous les coups sont permis »
- non la banlieue n’est pas composée d’habitations supérieures à 4 étages et dont les halls d’immeubles sont squattés
- non, la banlieue n’est pas, comme j’ai pu le lire, une zone sous-cultivée où l’éducation public est inopérante
- non, la banlieue ne se définit pas par l’endroit où les transports en commun s’arrêtent
La banlieue est un lieu de vie. Elle est même bien plus que cela : pour un grand nombre d’habitants, par choix ou contrainte (91% de banlieusards en région Ile-de-France), c’est un lieu d’habitation où existent les mêmes services qu’en ville et où les transport sont interconnectés avec la ville (dans l’idéal). La banlieue, c’est la zone d’implantation principale des zones industrielles et commerciales ; c’est un lieu de vie, de communication, d’épanouissement.
Habiter en banlieue est certes une caractéristique, mais elle ne caractérise pas un individu, c’est ce que fait l’individu qui le fait être lui-même ; et il semblerait que ni politesse ni l’intelligence ne soient la marque de fabrique de Madame Chabot.
Quel camouflet !
Lancer de grands « plans banlieues » ou autres pseudo plans de rénovation à force de coups médiatiques ne fait pas cacher l’incapacité qu’ont les politiques à intégrer cet espace banlieue en coordination avec les villes et à trouver des connexions entre les deux plutôt que de rejeter systématiquement la périphérie.
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