De ces lieux mis au ban de la société (Banlieues)
Le principal défi que nous devons relever actuellement est de réconcilier ces zones populaires avec le reste de l’hexagone français. Il incombe à notre société de reconsidérer le rapport qu’elle entretient avec ces territoires sensibles en y exploitant ce qu’il y a de plus positif et de plus bénéfique au profit de la cité plutôt que de les réduire sans cesse à leurs fléaux qui encore une fois sont la conséquence d’une politique démesurée, plus en phase avec les valeurs qu’elle prétend défendre. Aussi, supprimerions-nous ces frontières psychologiques séparant la France d’une partie de ses terres – certes sensibles - et ferions-nous des quartiers populaires un atout pour la société. Et, à ce titre, pas uniquement en les réduisant au rap, à la comédie ou au sport, comme s’ils n’étaient bons qu’à chanter, faire rire, ou à courir derrière un ballon. Il y a un potentiel intellectuel, culturel, et même politique énorme dédaigné par la cité. Halte donc à la marginalisation des « banlieues » ! En outre, faire porter tous les problèmes de la société aux quartiers populaires, comme s’il s’agissait d’une « déchèterie sociale » où l’on jette tous les « encombrants politiques » est d’une irresponsabilité nauséeuse ! Or, on le sait aujourd’hui, les dirigeants politiques, incapables de faire face aux réels défis de la société, notamment le chômage et le logement, tentent, pour échapper à la réalité – leur réalité au demeurant – de créer un ennemi – tantôt la femme en burqa, le terroriste tantôt le délinquant, la banlieue quand tout n’est pas regroupé sous un même nom, dans un même sac, l’Islam - auquel ils feront porter tout le poids et toute la responsabilité du mal-être de la société. Sans oublier, certains comparses opportunistes qui lorgnent le pouvoir en se faisant les portes paroles des banlieues sous prétexte qu’ils y ont vécu. Derrière le masque de ces simulacres, se cachent en réalité de véritables thuriféraires. Que les choses soient claires d’emblée : les jeunes de quartiers n’ont nul besoin que l’on parle pour eux ! Il faut leur donner les moyens de s’exprimer et surtout se donner les moyens de les écouter ! La réforme doit se faire par un travail de proximité en ayant autour de nos tables des jeunes issus de quartiers populaires, car le changement ne pourra s’accomplir sans eux. Chose, par ailleurs, que bon nombres d’acteurs associatifs peinent à comprendre. Il ne suffit pas de s’attabler autour d’intellectuels et politiques pour penser ou prétendre à une réforme au sein des banlieues car ceci conduirait à développer des théories totalement déconnectées de la réalité. Aussi, faut-il tenir compte des tristes réalités qui touchent les banlieues en conviant à nos projets de réforme les premiers concernés, en l’occurrence les jeunes issus de ces milieux ! Un peu de cohérence, et de pragmatisme.
Il ne faut donc pas, ceci étant dit, se tromper d’ennemi. Car, osons le dire même si cela puisse paraître scabreux, le véritable banditisme, en réalité, se trouve au cœur des champs Elysée, non dans les cités ! Orienter les projecteurs vers les quartiers populaires pour laisser les vrais mafieux à l’ombre est une technique politique abjecte qu’il faut condamner. D’autant que l’on ne peut reprocher aux jeunes dealers leur soif d’argent et condamner l’économie parallèle qui sévit dans les banlieues quand on est adepte d’une idéologie matérialiste aliénante, le capitalisme, où la règle d’or est : tu vaux en fonction de ce que tu as ! En effet, cet amour de l’argent facile qui alimente les jeunes des quartiers populaires n’est que le reflet, voire la conséquence, de cette philosophie de l’avoir et du paraître qui, au fond, leur a fait miroiter un bonheur illusoire. La politique de la peur qui marginalise et la philosophie de l’avoir qui aliène sont les deux principales causes des fléaux contaminant les banlieues. Donc, traiter les problèmes en agissant sur leurs conséquences est une perte de temps ! Ce n’est pas uniquement en mettant des activités sportives, du matériel informatique, des ateliers ludiques en place que l’on va changer les choses. Faire de l’occupationnel n’est qu’ajourner l’explosion, point la désamorcer. Cessons donc d’être naïfs, les choses sont beaucoup plus profondes et c’est en amont qu’il faut traiter ces anomalies sociétales. Il faut agir à la source puisque c’est tout le système éducatif qu’il faut à tout le moins repenser. Eduquer, en effet, c’est apprendre à vivre et à exister en mettant en valeur les qualités d’un être, non pas apprendre à s’enrichir en mettant en valeur biens et richesses ! Plus clairement, il faut lutter contre le système capitaliste et promouvoir une philosophie de l’être où la règle d’or serait : tu vaux en fonction de ce que tu es ! Et, enfin, batailler contre la politique de la peur en favorisant le vivre ensemble, le dialogue et le débat d’idées. Une philosophie de l’être, donc, qui se traduira par une politique rationnelle incitant au vivre ensemble et à la fraternité plutôt qu’une idéologie de l’avoir qui a recours, pour s’autoalimenter, à une politique de l’émotionnel favorisant le rejet, l’individualisme et le repli sur soi. C’est un travail de longue haleine, qui a besoin de détermination, de courage, et surtout d’immersion sociale, politique et philosophique.
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