Départs à la retraite anticipés et déficit de l’assurance vieillesse
Évidemment, ce sujet (comme beaucoup d’autres d’ailleurs) revient souvent à la une de l’actualité. Ces jours-ci, il s’agit du dispositif de retraite anticipée pour carrières longues. Cela concerne ceux qui ont commencé à travailler très tôt et qui ont suffisamment cotisé pour pouvoir partir avant 60 ans. Ils sont plus nombreux que prévu à profiter de cette disposition (500 000 en quatre ans), et cela coûte cher. Est-ce bien juste de les pointer du doigt ? Sincèrement je ne le crois pas du tout. Mais je trouve que cet exemple illustre fort bien le fait que nous n’arrivons pas à sortir des schémas traditionnels pour imaginer des solutions qui pourraient répondre à nos attentes.
Les interviews des différents intéressés apportent comme toujours des réactions diverses, ce qui est normal puisque la diversité existe entre les individus :
· Fatigue, pénibilité, douleurs, maladie, etc.
· Envie de profiter de la vie, de la famille, des amis, du jardin, des voyages, etc.
· Envie de réaliser un projet, de s’impliquer dans une association, dans l’humanitaire, etc.
· Ras-le-bol du climat de l’entreprise, on se sent poussé dehors, car les compétences ne correspondent plus, le salaire est trop élevé, il faut faire place aux jeunes, etc.
Je trouve que toutes ces raisons sont recevables et qu’il convient d’essayer d’y répondre correctement. Cela veut dire, pour moi, partir quand on le souhaite, avec un montant de retraite acceptable en regard de ses besoins. Pourquoi cela ne serait-il pas possible ?
D’autres attentes de même nature sont également exprimées à propos du travail. Vouloir régler chacun des problèmes sans une vision d’ensemble me paraît voué à l’échec.
Le travail change :
· Les machines, les robots remplacent les hommes.
· On délocalise.
· On sous-traite dans les pays à faibles rémunérations.
· Les pays émergents, qui offrent de faibles rémunérations actuellement à leurs travailleurs, seront capables en très peu de temps de produire les mêmes choses que nous, à des prix plus que compétitifs. On ne parlera plus de délocalisation, les emplois se créeront chez eux, puisque nous réclamons toujours et de plus en plus des prix les plus bas.
Je ne suis pas contre le progrès, bien au contraire, surtout lorsqu’il supprime la pénibilité, la dangerosité. Également lorsqu’il permet d’avoir autant, voire plus, en passant moins de temps pour fabriquer. Tout autant par sa contribution à plus de confort, de santé, de sécurité. Je crois aussi qu’on ne peut pas y échapper. Toutes les générations ont eu leurs oncles Vania qui n’ont pas pu s’opposer au progrès, mais seulement le retarder un peu. Ce qui ne va pas, ce n’est pas le progrès, c’est la façon dont on gère ses fruits.
L’homme a besoin de travail, d’activité, pour occuper son temps et dans notre monde actuel pour trouver des ressources pour vivre plus ou moins bien. Il a toujours envie d’avoir plus. Quelques-uns ont bien compris cela et ont structuré la société pour produire de plus en plus afin de satisfaire les besoins sans cesse plus nombreux, mais aussi leur propre bien-être. On est passé successivement par les étapes suivantes : esclavage, servage, révolution industrielle, assistanat. Il en subsiste encore une part, plus ou moins importante selon les endroits. Le temps ne serait-il pas venu d’envisager la prochaine, celle du "partage" ? Cela déjà en route. Notre façon d’organiser le progrès conduit à l’exclusion de ceux dont on n’a plus l’utilité. Dans nos pays on ne peut pas les laisser complètement sur le bord du chemin, alors on leur donne des aides. Malheureusement, cela a beaucoup d’effets pervers. Incitation à la paresse, discrédit de la personne, difficulté à les maîtriser, parcours du combattant pour les obtenir, perte de compétitivité pour les entreprises.
En réalité les richesses produites sont toujours là, et même en plus grand nombre. Mais pour les partager, on n’a trouvé (en gros) que deux méthodes : la rémunération de ceux qui travaillent en leur versant un salaire, l’attribution d’aides à ceux qui sont exclus. Eh bien, inventons des idées nouvelles pour les redistribuer de façon plus intelligente ! J’en propose personnellement quelques-unes, sans avoir la prétention d’avoir trouvé des solutions miracles, qui n’existent pas. Je suis bien convaincu que nombre d’autres vont dans le même sens. Il y a pas mal de besoins non satisfaits dans beaucoup de domaines. Hélas, ils ne sont pas rentables dans notre système marchand. Une partie est prise en charge par des associations de bénévoles, c’est formidable. D’autres attendent désespérément des moyens financiers que l’état ne possède pas. C’est sur ces pistes qu’il faut travailler. Au lieu de donner des aides à tout va, en particulier pour rester à ne rien faire, apportons une dotation aux associations, à des organismes pour gérer ces activités avec des personnes que l’on pourra rémunérer. Il y aurait sûrement là matière à permettre à chacun de retrouver tout de suite une occupation.
Une autre attente très forte porte sur l’organisation de son temps de travail, l’aspiration à plus de temps libre, de temps choisi. Le souhait de la grande majorité des individus n’est pas de travailler plus pour gagner plus, mais de gagner correctement sa vie et de mieux profiter de la vie. Alors, essayons d’y répondre. Pour cela quelques réflexions.
Nous avons tous besoin d’un minimum de moyens pour exister dans notre société, j’ai appelé ça "Le Bouclier Social". Créons-le ! Rassurés par l’existence de ce "garde-fou", il nous sera beaucoup plus facile d’accepter beaucoup de choses au niveau de l’organisation du travail, par exemple :
· La flexibilité nécessaire aux entreprises,
· L’adaptation de nos revenus à nos souhaits de mode de vie (temps partiel, année sabbatique, choix de rester à la maison pour élever les enfants, choix du moment de départ à la retraite, de façon progressive ou non, etc.).
Toutes ces idées sont développées dans mon livre, je ne peux pas résumer toutes les pages qui leur sont consacrées dans les quelques lignes de ce billet, bien entendu, mais seulement faire peut-être apercevoir qu’il peut y avoir des réponses pour répondre à nos attentes.
Mais, cela ne pourra pas se faire sans notre volonté à nous les citoyens. Imaginez qu’un président de la république, un gouvernement, nous dise, voilà ce que je vais faire pour vous. Automatiquement tout le monde sera contre. Donc, c’est bien à nous de réfléchir à ce que nous voulons, de le formaliser, et de l’exiger. C’est d’autant plus vrai, qu’il faudra un peu de temps pour le faire et assurément de prendre conscience qu’il n’est pas possible de tout avoir. Mais peut-être aurons-nous ainsi ce que nous espérons est sans doute cela sera bien. Alors, utopie ?
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