Deux femmes handicapées interdites d’embarquement à Roissy laissées livrées à elles-mêmes depuis une semaine
Marie et sa mère sont handicapées et en fauteuil roulant. Elles devaient partir de Roissy pour la Thailande lundi dernier. Une semaine après, livrées à elles mêmes et interdites d'embarquement, Marie a été expulsé de son hôtel, sa mère est entre la vie et la mort et les 2 femmes sont livrées à elles-mêmes sans aucune aide possible, tout le monde se renvoyant la balle entre différents protagonistes. Aujourd'hui elles demandent juste à rentrer chez elles dans l'indifférence générale ...
Je suis journaliste pour la radio VIVRE FM dont la thématique principale est le handicap. Cette information nous a été révélée par une auditrice Marie qui est actuellement en grande difficulté dans l'indifférence générale. Elle a tenté depuis de contacter d'autres médias qui sont restés sourds à son appel et étrangement, cette affaire n'intéresse pas grand monde.
Voici l'histoire de ces deux femmes handicapées, histoire qui n'est toujours pas terminée à ce jour puisque les protagonistes sont toujours dans une extrême difficulté ...
Elles étaient trois à l'aéroport de Paris-Roissy lundi 7 novembre 2011 à attendre l'embarquement de la Gulf Air à destination de Bangkok. Marie et sa mère, handicapées en fauteuil roulant toutes les deux, accompagnées de leur auxiliaire de vie, sont arrivées de province en TGV pour prendre leur avion.
C'est logiquement, après trois mois de réservation faite via une agence de voyage en ligne, que le petit groupe attend de prendre l'avion à destination de la Thaïlande pour rejoindre leur famille. Les correspondances ont été réservées en amont, le voyage préparé, le trajet en TGV entre Lyon et Paris s'est bien passé, les formalités avant l'embarquement se déroulent sans encombre. Tout a l'air de se passer pour le mieux et les femmes attendent de monter dans l'avion avec une certaine impatience.
Mais d'un seul coup tout va basculer. Au moment d'embarquer, on répond à Marie et aux autres femmes qu'il sera impossible pour elles de prendre l'avion dans ces conditions. Selon la compagnie aérienne, la sécurité des passagers et leur propre sécurité ne serait pas assurée, d'où le refus insistant de la compagnie de les faire embarquer.
Il faudrait, selon cette dernière, quatre jours minimum pour organiser l'embarquement des deux femmes en fauteuil en toute sécurité. Problème : Marie, qui a l'habitude prendre l'avion et de voyager malgré son handicap, avait pris les devants et avait déclaré son voyage (et les handicaps) trois mois en amont à son agence de voyage.
Malgré les explications et les tentatives de conciliation, Gulf Air refuse l'embarquement des trois personnes qui restent livrées à elles-mêmes dans le terminal de l'aéroport.
Marie, qui a tenté a multiples reprises d'avoir une justification écrite du refus, s'est retrouvée face à un mur. Ne pouvant retourner chez elles, ces dernières ont dû improviser et trouver une solution d'urgence pour passer la nuit. Un hôtel des environs a accepté de prendre en charge le groupe pour la nuit. Mais fatiguée par la journée, la maman de Marie a fait un malaise durant la nuit et est tombée.
Évacuée par les pompiers vers l'hôpital le plus proche, elle soufre d'une fracture du crâne et son pronostic vital est désormais engagé.
Entre-temps, l'hôtel qui hébergeait Marie menace de l'expulser puisque la compagnie aérienne exclut toute solution de conciliation. Cette dernière affirme que le petit groupe est arrivé en retard à l'embarquement − d'où le fait d'avoir refusé l'embarquement −, ce que réfute Marie qui a même des témoins pouvant prouver le contraire.
A ce jour, Marie est toujours en France sans avoir trouvé aucune solution. Une situation révoltante à mon sens. Ce cas soulève à nouveau la question du handicap dans notre société et sous-tend celle de la discrimination.
Parce qu'une personne est non valide, n'aurait elle pas les mêmes droits que nous autres, valides ?
Marie, pourtant habituée à voyager régulièrement, et à prendre l'avion, explique que c'est la première fois qu'elle se retrouve face à une telle situation et à un tel blocage alors que tout a été fait dans les règles. De la mauvaise volonté de la part de Gulf Air ou une mauvaise communication ?
Que la compagnie aérienne laisse deux personnes en situation de handicap sans les aider ou leur apporter de soutien ensuite me laisse sans voix. Nous sommes au XXIe siècle, en Europe et plus exactement en France.
Où est donc passé l'humanité et la solidarité ?
Depuis lundi, Marie et sa mère sont toujours bloquées à Paris sans possibilité ni de partir en Thailande, ni de rentrer chez elles. Marie m'a recontacté depuis et à vrai dire rien n'a vraiment changé. Elle souhaite juste être rappatriée, simplement rentrer chez elle.
Sa mère est toujours hospitalisée et est toujours aussi mal en point entre la vie et la mort, la situation de Marie n'est guère mieux puisque l'hôtel qui l'hébergeait jusqu'à présent a décidé de l'expulser en gardant ses bagages. Problème, cette dernière est diabétique et ses médicaments ne sont plus accessibles. L'hôtel pris en charge par Marie directement refuse de la garder une nuit de plus sans donner de plus amples explications.
Marie ne demande pourtant qu'une chose, qu'on la rappatrie elle et sa mère chez elles à Lyon. Elle a bien essayé de recontacter Gulf Air pour tenter de trouver une conciliation mais la compagnie aérienne ne veut rien entendre.
Elle s'est alors retournée vers son agence de voyage qui elle aussi ne veut rien savoir. Côté assureur et assisteur même son de cloche. Pas de rappatriement possible puisque le vol n'a pas eu lieu.
Et côté voiture de location il ne faut pas y compter. L'auxiliaire de vie n'ayant pas le permis, seule Marie peut conduire ... Mais une voiture adaptée qui est restée chez elle à Lyon.
Seule solution, un transport sanitaire adapté. Là encore on lui répond qu'il faut attendre minimum mardi prochain pas avant pour pouvoir en bénéficier. Et entre temps, il faut payer bien sûr et Marie paye de sa poche. A coup de 100 Euros minimum la nuit à l'hôtel, cette dernière n'a plus les moyens d'assurer son retour en transport qui n'est pas gratuit non plus.
Alors à part dormir sur le parking de l'hôtel que lui reste-t-il comme option ? Voilà la situation aujourd'hui ubuesque de personnes handicapées. Au moment où Intouchables fait un carton au cinéma, la réalité des handicapés est toute autre. Et ce, dans l'indifférence générale. Il n'y a pas un paradoxe quelque part ?
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