Dialogue de sourds
“Discussion dans laquelle aucun des interlocuteurs ne tient compte de ce que dit l'autre ; Conversation qui, au bout d'un certain temps, se révèle impossible entre deux ou plusieurs personnes par refus mutuel d'écouter le point de vue de l'autre. On a beaucoup exagéré les contradictions qui nous divisent : en fait, nous parvenons à nous persuader les uns les autres et les discussions qui nous opposent entre spécialistes, pour être animées et parfois passionnées, n'ont rien d'un dialogue de sourds entre points de vue irréductibles "
(Marrou, Connaiss. hist., 1954, p. 227)
Il était une fois l'histoire d'un dialogue de sourds.
Beaucoup de gens parlaient, palabraient, mais n'arrivaient jamais s'entendre, ni s'écouter d'ailleurs.
Les uns, les autres, se renvoyaient sans cesse la balle, participaient à des joutes verbales, mais tout cela sans réussir à avancer dans le bon sens.
Les compromis étaient quasiment impossibles à établir, chacun défendant son beef-steack et ne se remettant jamais en question.
Quand certains pensaient tout savoir, d'autres pensaient ne rien comprendre.
Aucun des groupes ne voulaient plier devant l'autre, chacun ayant trop d'égo et de fierté pour avouer la faiblesse de leur propos et de leurs idées.
Il continuèrent en vain de discuter, mais plus ils essayaient, moins l'issu du débat était visible.
Les uns reprochaient ceci, les autres cela.
Droite-gauche, haut-bas, pauvres-riches, élites-prolétaires, jeunes-vieux, hommes-femmes, le climat était emprunt d'une exaspération poussée à son paroxysme.
C'était peut-être leur seul point commun, l'exaspération.
Tout ce qu'ils arrivaient à faire était de guetter le moindre faux pas, la moindre erreur de syntaxe, les moindres détails accablants dans le but de prouver que les idées de l'autre étaient mauvaises, choquantes, désabusées, inacceptables.
Ils déblatéraient tellement, qu'il était devenu normal, voir banal qu'ils ne puissent plus ni s'entendre, ni s'écouter…
Des litres de salive, des kilomètres de lignes, des heures de médiatisation, voilà où était passée leur énergie.
Quand les uns scandaient “vous avez tort”, les autres répliquaient “nous avons raison”.
Quand les uns se disaient choqués, les autres se sentaient outrés, et vice et versa.
Un match interminable, avec deux adversaires aussi tenaces l'un que l'autre.
L'affrontement s'essoufflait parfois, laissant aux uns quelques mètres d'avance, et aux autres quelques wagons de retard et inversement.
Ce match n'a en fait jamais terminé, il est, et a toujours été d'actualité.
Voilà bien longtemps que les uns et les autres poursuivent ce dialogue de sourds.
Peut-être manquent-ils cruellement de silence ? d'empathie ? de bon sens… ? Pour s'entendre, s'écouter et se comprendre.
Peut-être un jour comprendront-ils qu'il suffit juste de tendre de l'oreille…
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