Dopage : la grande hypocrisie
C'est le marronnier de l'été. Le cyclisme et le dopage. Les pseudos révélations, les mensonges et une hypocrisie générale. Car le dopage est partout, surtout là où il y a des enjeux financiers. On s'étonne de la résistance des coureurs cyclistes mais celle des tennismen n'éveille aucun soupçon. Et que dire des sports collectifs football et rugby notamment ?

La triche et le dopage, c'est vieux comme le monde ou presque. En 394, l'empereur romain Théodose interdit les Jeux olympiques accusés de diffuser le paganisme mais aussi en raison du développement de la triche suscitée par le statut avantageux accordé à vie aux athlètes vainqueurs.
Bafouant le droit à l'oubli et la prescription des erreurs passées, on nous ressort désormais des échantillons du Tour de France 1998. Une édition marquée par l'affaire Festina. Mais comme le relève la Charente Libre, cette année est aussi celle de la Coupe du monde de football organisée en France sans qu'on sache vraiment si cette compétition a donné lieu à des contrôles antidopages des vainqueurs en particulier, nos chers Bleus.
"Il y a une grande inégalité des efforts accomplis selon les disciplines et selon les pays", constate Bruno Genevois, président de l'Agence française de lutte contre le dopage (AFLD). Un doux euphémisme qui cache une vérité beaucoup plus crue.
En avril 2013, la directrice du département des analyses de l'Agence française de lutte contre le dopage (AFLD) affirmait qu'en 2012, le rugby avait été le sport français le plus touché par le dopage. Que dire du basket américain et de la NBA où dopés et drogués sont légion ?
Cela ne serait rien à côté du football professionnel où les sommes en jeu sont colossales. Si on arrive à truquer des matchs, il n'est pas difficile de fermer les yeux voir d'encourager le dopage.
En mai de cette année, deux scientifiques ont affirmé que les Turinois, vainqueurs à Rome de la finale de la Ligue des champions face à l'Ajax Amsterdam en 1996 aux tirs au but, s'étaient dopés à l'EPO pour disputer ce match. En matière de dopage, "le football, (est) champion du monde de l'omerta" estime Jean-Pierre de Mondenard, médecin du sport.
Dans ce monde sans pitié du sport professionnel, le cycliste, c'est un peu le prolo. Mal payé prenant des risques, pédalant par tous les temps sur des routes parfois dangereuses. Ce sont aussi des athlètes de haut-niveau souvent sympathiques, accessibles, capables de mouiller le maillot au sens propre et figuré. Des qualités qui tranchent avec une majorité de sportifs en short, starlettes éphémères pourries par l'argent.
A ce titre, Bernard Hinault quintuple vainqueur du Tour a rappelé quelques vérités au micro d’Europe 1. " On veut tuer le Tour de France. On peut se poser la question. Pourquoi sortir ça maintenant ? Pourquoi on va toujours chercher dans le vélo ? Pourquoi les flacons des années 90 des autres sports n’existent plus ? Pourquoi ils n’ont pas sorti ça ? Mais qu’ils arrêtent un peu leurs conneries ! C’est toujours le vélo qui prend. On n’est peut-être pas plus blanc que les autres, mais on n’est pas plus noir non plus."
Et le "Blaireau" de conclure : "Il faut que les instances nationales fassent leur boulot. Le CIO, il ne fait pas son boulot. Qu’on traite tout le monde sur un pied d’égalité ! Qu’on mette les mêmes contraintes à tous les sports que celles qu’on met aux coureurs cyclistes et là ils pourront ouvrir leur gueule, mais pour l’instant ils n’ont pas intérêt à l’ouvrir".
Du blanc, du noir et un blaireau. Tout ça nous ramène à la fable des animaux malades de la peste dont on connaît tous la chute : "Selon que vous serez puissant ou misérable, les jugements de cour vous rendront blanc ou noir".
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