Droits des peuples autochtones en république française : indifférence, empoisonnement, génocide par substitution, non respect des droits internationaux...
- Alexis Tiouka
Pour aborder la complexité de ce thème, l'association TUKUSI dans le cadre dans son cycle de conférence citoyenne, a privilégié une rencontre sous la forme d'une séance ciné-café. Le choix de projeter le film documentaire " Dirty Paradise" du suisse Daniel Schweizer nous a semblé, à bien des égards, le plus pertinent.
Le débat qui s'en est suivi était animé par Alexis Tiouka, juriste de droit humain, Expert des droits autochtones.
Le cadre du Pub LeBeaubourg de Kourou était presque trop petit pour accueillir un public nombreux, soucieux du sort réservé aux amérindiens de Guyane.
A bien des égards, ce film est pertinent d'autant qu'il relate fidèlement le quotidien des amérindiens Wayanas du haut Maroni et, pour une fois, on leur donne la parole. Les témoignages saisissants des acteurs sont révoltants.
On comprend, après coup, pourquoi ce film a été censuré en France pour cause d'ingérence dans ses affaires intérieures.
Mais aussi pourquoi il reçoit en 2010 le grand prix du Festival du Film et Forum International sur les Droits Humains (FIFDH) à Genève. Il est diffusé, jusqu'à ce jour en France, qu'à travers des réseaux militants pour le respect des droits humains. Il n'a jamais été diffusé sur une grande chaine publique nationale, pas plus en Guyane.
Ces vérités dérangeantes cassent l'image d'une France, soi-disant pays des droits de l'homme.
Au-dela du synopsis, et à travers ce documentaire c'est la posture de la pensée occidentale qu'il nous faut analyser. Cette pensée néocolonialiste, si dominatrice, aliénatrice et acculturatrice est complètement étrange aux premiers habitants de ce territoire amazonien et qui laisse peu de place à leur expression et à l'émancipation de leurs savoirs-faires ancestraux.
Le titre de la conférence est évocateur car il dénonce toutes les difficultés à reconnaitre le droit des peuples autochtones dans cette république française.
Le génocide par substitution, l'empoisonnement au mercure dans une grande indifférence nationale et les règles fondamentales des droits humains bafouéees sur le territoire français sont les lots quotidiens de ces citoyens de la planète qui réclament seulement le droit de vivre librement et dignement dans le respect de leur tradition.
Tradition qui pourtant est la base des savoir-faire de tous les guyanais d'aujourd'hui.
Qui s'en émeut au niveau local, national et européen ?
"Dirty Paradise" nous oblige à pousser la révolte tant la responsabilité de nos gouvernants est mise à mal.
Pourquoi dans ce siècle des nouvelles technologies, des échanges de l'information peut-on accepter de telles injustes ? Une telle indifférence ?
Pourtant tout le monde, les responsables politiques sont au fait de cette situation. D'ailleurs pour répondre à cette catastrophe sanitaire les services de l'Etat en Guyane avaient dans un temps mis en place un pôle mercure. Où est-il à ce jour ? Quel rôle joue-t-il ? On en entend plus parler.
Les différents programmes lancés à une certaine époque, ont tous échoué, sans la moindre évaluation.
Les suicides successifs des jeunes amérindiens sont aussi connus. Qu'a-t-on apporté comme réponses efficaces ? Un suivi psychologiques par des praticiens qui n'ont aucune connaissance réelle du mode de vie, des croyances et coutumes de cette nation amérindiennes.
Des questions se posent et se reposent tant l'inefficacité des réactions des gouvernants est patente. Aucune démarche intégré, impliquant la population, tenant compte de la globalité des affections ne sait se mettre en place.
Pendant ce temps l'activité des orpailleurs illégaux redouble d'intensité, détruisant faune et flore mais aussi déversant des tonnes de mercure sur le territoire des amérindiens Téko, Wayampi et Wayanas.
Pouvons-nous attendre indéfiniment un éveil des consciences des responsables politiques, sous peine de complicité ?
De nombreux témoignages se sont succédés à l'issu de la projection. Tous déplorent cet attentisme, voire ce mépris à l'égard d'un fait de société qui se déroule à nos portes, sur un territoire français.
La forêt primaire est mise à sac, les rivières et les criques sont polluées par des tonnes de mercure et de boue. Au mépris des lois et du bon sens, on assiste à la destruction de la forêt équatoriale et à l’ethnocide d’un peuple sans que personne ne semble s’en émouvoir. Une réalité qui assombrit l’éclat des bijoux en Or que nous portons.
"Dans un climat de Western amazonien, nous accompagnons ces Amérindiens qui refusent de disparaître dans le silence, la honte ou l’indifférence." Daniel Schweizer
Et nous, qu'attendons-nous pour réagir et bousculer les principes attentistes, électoralistes qui en sommes sacrifient ces territoires enclavés.
Le lancement d'une plate-forme citoyenne pour lutter contre l'orpaillage illégal se met en place et chacun espère que la mobilisation citoyenne saura créer un dynamisme pour porter et dénoncer au plus loin cette catastrophe due en grande parti à la passivité de deux Etats français et brésilien tournés vers d'autres intérêts économiques communs, mondialisation oblige.
Le public nombreux, environ une soixantaine, espère également que ce film sera projeté dans d'autres endroits, d'autres lieux, libérant ainsi la parole et responsabilisant chacun de nous dans la défense des droits humains, de tous les humains.
Comme disait mon ami Aïku d'Antécum Pata : " Je suis avant tout un citoyen comme vous, avec les même besoins fondamentaux. Je ne demande pas de la compassion mais la juste reconnaissance de mes droits humains."
Tukusi a lancé les jeudi Citoyen à Kourou, ce genre de conférence doit se généraliser sur le territoire guyanais permettant à tout un chacun de parvenir à un niveau d'information nécessaire pour un engagement citoyen responsable, en connaissance de cause. L'avenir de nos enfants et de la planète sera le résultat de nos comportemens actuels.
La révolution des mentalités est nécessaire pour une sobriété heureuse.
Pour Pierre Rabhi c'est une évidence : "Seul le choix de la modération de nos besoins et désirs, le choix d’une sobriété libératrice et volontairement consentie, permettra de rompre avec cet ordre anthropophage appelé “mondialisation”. Ainsi pourrons nous remettre l’humain et la nature au coeur de nos préoccupations, et redonner, enfin, au monde légèreté et saveur."
José GAILLOU
Prochaine conférence le 7 novembre 2013 : La gestion de nos déchets
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