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Du malthusianisme éducatif

Si la soif d’égalité sociale a longtemps été le véritable moteur de la rhétorique politicienne, son pendant économique l’a aujourd’hui remplacé dans la majorité des esprits français. Crise oblige, le paradigme égalitaire a donc subtilement changé, l’actuelle envie des français se portant bien plus sur la richesse des autres que sur leur statut social. Ce changement de paradigme, complexe et loin d’être un épiphénomène, s’accompagne notamment d’une certaine indifférence face au recul de l’égalité sociale, et à l’égalité éducative en tout premier lieu.

Un récent rapport d’observations de la Cour des Comptes vient d’ailleurs de dénoncer les criantes inégalités, économiques comme sociales, au sein même du système scolaire français. Remuant le couteau dans la plaie ouverte par les précédentes études, PISA notamment, ce rapport souligne le manque total de cohérence dans la redistribution des ressources : par exemple, l’Etat a déboursé, en 2010, 47% de plus pour former un élève parisien qu’un élève de Créteil ou de Versailles et 51 % de plus que pour un élève niçois…
 
Mais ce qui marque le plus, c’est le relatif désintéressement politique sur ce thème pourtant crucial. Ainsi, pendant la campagne électorale de ces derniers mois, peu de candidats revinrent sur les actuels errements pédagogiques et financiers de l’Education Nationale : seuls les thèmes de la sécurité et du nombre d’emploi furent abordés quelques instants. Quid de la liberté d’enseignement, de l’odieux nivellement par le bas des programmes éducatifs, du rejet quasi-généralisé de toute notion de « culture générale », du réel développement de l’alternance et de l’apprentissage, ou tout simplement de la juste répartition des moyens pour une saine instruction des jeunes générations ? 
 
Ces questions, si importantes qu’elles puissent paraître, seront comme d’habitude reléguées aux oubliettes de la politique française, l’épanouissement intellectuel n’étant guère plus une priorité pour nos gouvernants depuis bien des années. 
 
Pourtant, l’actuelle crise systémique doit interpeller les français sur la réelle pertinence de notre système éducatif : en catalysant cette éducation à deux vitesses, en entretenant ces nombreuses inégalités entre les français en posant notre système éducatif comme le relais de leur malthusianisme social, nos politiciens ont posé le choix du Malthusianisme éducatif, symbolisé par Prost en 1968 comme «  la prolifération debacheliers qui ne trouveraient pas un emploi digne de leur ambition. ». Ou pas d’emploi tout court, devrait on préciser aujourd’hui.

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7 réactions à cet article    


  • Le Yeti Le Yeti 5 juin 2012 12:00

    S’il n’y a de place dans le monde du travail que pour 10 cadres, cela ne sert à rien d’en former 30, si ce n’est à créer 20 laissés pour comptes.

    Le dénigrement des travaux manuels est une aberration abjecte qui a de profondes conséquences sociales autant à l’échelle communautaire qu’individuelle.
    A l’échelle communautaire cela entraine une virtualisation des sociétés et les formalise. Elles en perdent alors d’autant leur dimension humaine.
    A l’échelle individuelle, un mec hyper compétent dans un travail « cérébral » mais totalement incapable de faire face aux bricoles du quotidien (Planter un clou, une salade, changer une prise ...) mais qui s’en fout car il y a des larbins pour ça, d’une part, n’est plus un Homme mais se réduit simplement à une fonction et d’autre part un parasite à l’utilité contestable.

    Enfin la baisse aussi drastique que dramatique du niveau d’enseignement et de développement du sens critique est purement et simplement un crime contre l’humanité.
    Après la pensée unique, la pensée absente.

    Passé le stade d’Idiocratie, 1984 deviendra un rêve d’avenir merveilleux.


    • URBVM56 URBVM56 5 juin 2012 18:02

      Tout à fait vrai. Encore plus pour la vindicte du « Mammouth » National contre les travaux manuels ...

      « Enfin la baisse aussi drastique que dramatique du niveau d’enseignement et de développement du sens critique est purement et simplement un crime contre l’humanité.
      Après la pensée unique, la pensée absente
      . »

      Jean Paul Brighelli avait écrit il y a quelques temps sur son blog Bonnet d’Âne : « On se plaint aujourd’hui de la fuite des cerveaux. Patience ! Dans quelques temps, il n’y en aura plus. »

      Voilà certainement le grand drame de notre époque : exit libre arbitre, épanouissement intellectuel, ce « sapere aude » pourtant indispensable.


    • alinea Alinea 5 juin 2012 22:16

      Tout a commencé à changer quand on a décidé de transformer l’enseignement pour éduquer les enfants et les adolescents, les instruire et leur ouvrir l’esprit, en un formatage pour l’emploi.
      J’ai toujours pensé que le travail du tri des abricots serait plus intéressant si ceux qui le faisaient étaient docteurs en philosophie, licenciés en lettres, maîtres en physique ou en histoire-géographie. Leurs échanges, leurs conversations à la pause, leurs idéaux,etc.
      Vous voyez ce que je veux dire ?


      • gordon71 gordon71 6 juin 2012 08:03

        bonjour 


        le but premier du nouveau gouvernement , dans la grande tradition socialiste ne cherche pas pas à rendre les citoyens autonomes ni responsables bien au contraire, il s’agit de s’attacher des clientèles tenues en laisse par divers aumônes et hochets :

         subventions, revenus d’existence, aides stages "d’insertion’ , etc...

        la gauche de pouvoir est avant tout une fabrique d’assistés et d’irresponsables 

         c’est la générosité , oui, avec l’argent des autres 

        • URBVM56 URBVM56 6 juin 2012 09:04

          Même si votre point de vue semble assez...manichéen (aucun bord politique n’est, à mon sens, exempt de critiques), vous avez raison sur le fond : le socialisme va tendre à asservir l’individu en formant une majorité d’assistés, puisant les ressources économiques sur l’impôt sur l’épargne de la classe travaillant.

          Achille Tournier écrivait :

          « Grâce à la bureaucratie et au socialisme, il n’y aura bientôt que deux partis en France : ceux qui vivent de l’impôt et ceux qui en meurent. »


        • Le Yeti Le Yeti 6 juin 2012 12:29

          « Du malthusianisme éducatif » : 9 votes, 5 réactions ...
          Que dire de plus ?

          Conseil à l’auteur : place le mot « nichon » dans ton titre la prochaine fois.

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