Du Soleil Invaincu au Vieux Barbu - partie I
Bon, s’il y a bien une info qui n’a échappé à personne, c’est que c’est bientôt Noël. C’est l’occasion de se pencher de plus près sur l’histoire de cette fête, des cultes pré-chrétiens au fameux Père Noël trop rouge pour être honnête...
Ce premier article traitera d’abord des fêtes liées à la période du solstice d’hiver en Occident, des fêtes préhistoriques du renouveau solaire à la Nativité.
Un prochain article traitera plus particulièrement de l’histoire des cadeaux traditionnellement associés à ces fêtes et, en particulier, vous l’aurez compris, de ce cher vieux Papa Noël.
Renaissance du Soleil dans la préhistoire
On n’a évidemment que très peu d’éléments historiques concernant les célébrations du début de l’hiver au cours de la préhistoire. Cependant, le solstice d’hiver est d’une grande importance pour les sociétés agricoles : le 21 décembre est le jour le plus court de l’année. Petit à petit, depuis la fin juin, la nuit et les ténèbres ont pris le pas sur le Soleil. Plus rien ne pousse, et les hommes pour se nourrir, ainsi que leurs animaux, doivent peu à peu puiser dans leurs réserves. Mais à partir de la fin décembre, le Soleil, invaincu, se réveille alors et reprend du poil de la bête. Désormais, les jours rallongeront, et c’est la nuit qui se fera plus discrète. La nature va reprendre ses droits, le sol va redevenir fertile et de nouvelles récoltes vont suivre.
Certaines constructions attestent de telles préoccupations. Ainsi le mégalithe de Newgrange, en Irlande, a été conçu pour que la lumière le traverse lors des quelques jours avoisinant le solstice d’hiver. Lorsqu’un tel événement survenait, les hommes savaient alors que les journées allaient s’allonger peu à peu.
De nombreux peuples préhistoriques et antiques ont ainsi célébré à leur façon le solstice d’hiver. Les Celtes, par exemple, sont à l’origine d’une coutume intéressante. Ils avaient, entre autres, l’étrange idée de décorer des sapins (des épicéas en fait) pour l’occasion. Quelle étrange coutume... Mais autres temps, autres moeurs.
Wikipédia propose une liste très complète de célébrations liées au solstice d’hiver.
Antiquité romaine : les Saturnales et Sol Invictus
Dans l’Antiquité romaine, on fêtait les Saturnales dans la période du 17 au 24 décembre. Pendant cette période on célébrait le dieu Saturne (l’équivalent du Grec Cronos). Sans entrer dans les détails, Saturne, dieu déchu envoyé parmi les mortels, aurait mis en place l’Âge d’Or, période d’abondance où tous les hommes étaient égaux.
On fêtait ainsi, lors des Saturnales, cette période d’abondance retrouvée, cette unité et cette égalité entre les hommes. Les esclaves étaient au cours de ces journées en quelque sorte affranchis et libres d’agir à leur guise. On n’y faisait pas la guerre, tout occupé que l’on était à se goinfrer. On ne travaillait pas non plus. On dit même que pendant cette période d’abondance retrouvée, les gens s’offraient des cadeaux... Société d’hyper-consommation, quand tu nous tiens...
Un peu plus tard, aux environs du IIIe siècle, apparut la fête du Sol Invictus ("soleil invaincu"), version romaine de la tradition évoquée plus haut. Cette fête se déroulait à la fin des Saturnales. On y célébrait plusieurs divinités solaires. Pourquoi plusieurs ? Les Romains étaient les conquérants que l’on sait, et ils devaient intégrer à leur Empire des peuples parfois bien différents... Le polythéisme alors en vigueur leur permettait d’assimiler sans problème les divinités des territoires conquis, lesquelles s’ajoutaient alors à celles qui étaient déjà célébrées. Parmi ces divinités solaires, citons Mithra, venue d’Orient, Elagabalus, originaire de Syrie, et Sol, apparemment hérité d’Hélios le Grec.
La fête, qui se nommait Dies Natalis Solis Invicti ("jour de naissance du Soleil Invaincu"), était fêtée le 25 décembre, jour du solstice d’hiver. Oui, le 25 et non pas le 21. Les calendriers étaient assez imprécis en ce temps-là...
Il est né, le divin enfant...
On raconte qu’un certain mois de décembre, il y a un peu plus de 2000 ans, un enfant est né. Bon, il y en a eu d’autres, mais celui-ci semble avoir eu une importance capitale dans l’Histoire. Il faut dire que c’est quand même le fils de Dieu pour certains. Pour d’autres, il n’a même pas existé.
Lorsque le christianisme est devenu religion officielle pendant le règne de Constantin, au IVe siècle, il a bien fallu faire disparaître les cultes païens. En effet, la religion monothéiste ne pouvait tolérer qu’on adore d’autre dieu que le sien. Le pouvoir religieux s’est aperçu que la naissance du Christ, vers la toute fin de l’année, était l’occasion idéale pour occulter ce fameux Sol Invictus. À la (re)naissance du Dieu Soleil, on substituait celle du Dieu Jésus.
On ne connaît bien entendu pas la date exacte de la naissance de Jésus (ne parlons pas de l’année), les actes de naissance étant ce qu’ils étaient à l’époque. Et on a déjà parlé des imprécisions calendaires. Quoi qu’il en soit, la chose était dite, le 25 décembre on célébrerait désormais la naissance de Jésus.
Cette thèse de l’occultation du Soleil (sic) par le petit Jésus est néanmoins contredite par certains des principaux intéressés. Ils affirment que la Nativité était fêtée bien avant Sol Invictus, lorsque le christianisme était un culte toléré, même si la date n’a été officialisée que plus tard... Certes, il est fort possible que les premiers Chrétiens aient fêté la naissance de Jésus au cours du Dies Natalis, fixant pour une raison ou pour une autre sa naissance au 25 décembre, alors que le reste de la population célébrait d’autres divinités. Mais les éléments historiques semblent plaider clairement en la défaveur de la thèse affirmant l’antériorité de ce culte sur celui de Sol Invictus, comme on l’a déjà évoqué. Et certains même parmi les catholiques le confirment :
"Les évangélistes dont un sur quatre seulement propose un récit de la naissance de Jésus étaient bien incapables d’en situer la date exacte. Excellente pédagogue, l’Église, en Occident, a fixé en 353 la célébration de Noël au moment de la fête païenne du solstice d’hiver. Le signe est magnifique. Les rayons du soleil sont au plus bas de leur déclin. Progressivement le jour va s’imposer à la nuit. La lumière va triompher. Le Christ naissant est alors loué et accueilli comme la lumière qui brille dans les ténèbres, comme le jour qui se lève sur l’humanité engourdie et endormie. Il est le jour nouveau qui pointe à minuit."
Cette citation, datée de 2004, est celle d’un évêque français.
Noël aujourd’hui
Aujourd’hui, si certains participent encore aux diverses messes dédiées à la Nativité, Noël, c’est surtout la période des cadeaux. On parle (probablement à juste titre) de dérive commerciale, les fêtes de fin d’année étant des fêtes dédiées au dieu Argent, dont le messie serait un certain Père Noël, habillé pour l’occasion par un célèbre vendeur de boisson gazeuse.
Mais qu’en est-il exactement ? Quelle est l’histoire exacte du Père Noël et de ses prédécesseurs ? D’où vient cette tradition des cadeaux de fin d’année ? Un prochain article étudiera ces points en détail.
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