Ebola, un scénario catastrophe pour l’hiver 2015 ?

Les autorités européennes ont semble-t-il mobilisé cette fois des moyens plus conséquents pour maîtriser la propagation du virus Ebola sur le continent africain. Un coordinateur a été nommé. Cela étant, un coordinateur n’a aucune efficacité si le système coordonné n’est pas efficace ! Le Nigeria a annoncé que le virus avait disparu définitivement du pays et l’OMS a confirmé. Cette annonce semble assez audacieuse, ressemblant au communiqué français lors du nuage de Tchernobyl en 1986. Cela étant, ce type d’annonce est préférable pour contenir la panique ainsi que préserver le volume des affaires économiques. Les uns s’inquiètent du virus parce qu’il tue des hommes, les autres craignent le virus parce qu’il écorne le PIB des nations en limitant la circulation et l’activité des personnes. A l’inverse, le Libéria, pays ravagé par la guerre et dépourvu d’un solide système de santé lance un appel aux secours. Dans le même temps, la Chine, la Russie, Cuba, les pays de l’OCDE, l’Afrique, le monde entier se mobilise contre Ebola, à l’image des pays réunis dans les films américains pour combattre les fléaux qui menacent la planète et toujours, le président en première ligne à la Maison blanche. Hélas, Ebola ce n’est pas du cinéma et si un scénario du pire advient, ce ne sera pas sur un écran dans une salle obscure.
Un tel scénario relève pas tant de l’action du virus que de la propagation de la peur, phénomène devenu courant à notre ère médiatisée et hyper connectée. Pour l’instant, ce scénario n’est pas évoqué bien qu’il soit inéluctable. Ne serait-ce qu’à cause des médias et du lien incestueux entretenu avec les anxiétés et le désir de produire de l’information. Les cas récent d’Ebola sur les continents américain et européen ont déjà suscité quelque médiatisation que d’aucuns jugeront outrancière. Le président Obama a même dû annuler un rendez-vous pour participer à une réunion de crise à l’occasion d’un unique patient Ebola ayant circulé dans un avion sur une ligne intérieure. Dans l’esprit des gens, le virus Ebola, ça imprime, comme on dit qu’un futur présidentiable imprime, ce qui n’est plus le cas de Nicolas Sarkozy. Cette facétie énoncée, on peut maintenant évoquer ce qui semble conduire vers un scénario pas vraiment de tout repos.
Le système européen (ou américain ou même chinois) de maîtrise du virus Ebola repose sur la détection des patients atteints d’une fièvre supérieure à 38 degrés et des poussières débarquant de pays où le virus n’est pas sous contrôle. La procédure est simple dans le principe mais assez lourde dans la réalisation. Le patient suspect doit être conduit dans une zone hospitalière et mis sous isolement. Avec des tests effectués régulièrement et un suivi personnalisé. Ce dispositif est d’autant plus lourd qu’il est appliqué avec la sécurisation maximale. Auquel cas, les passagers du vol emprunté par le patient suspect sont enregistrés pour être contacté au cas improbable où le patient suspect serait porteur du virus. A noter également que des individus peuvent aussi prendre des vols non directs pour rejoindre l’Europe à partir de zones considérées comme à risques.
Tout semble bien contrôlé sauf que d’ici deux mois, les épidémies hivernales vont arriver avec leur cortège de grippes, rhumes et autres angines, affections engendrant une fièvre supérieure à 38 degrés, ce qui risque d’interférer, non pas avec la transmission du virus mais avec la détection de possibles patients porteurs d’Ebola. Cette configuration est à très haut risque. Il suffit d’imaginer la diffusion par les médias de un ou quelques cas d’Ebola sur le territoire pour faire de chaque individu fiévreux un suspect. Alors que du côté du dispositif sanitaire, la mise sous tutelles des patients suspects pourrait se compliquer. Je ne développe pas ce qui est assez clair et qui je pense, a été anticipé par les autorités sanitaires. Mon avis étant que le cordon sanitaire est plus important au niveau médiatique qu’au niveau physiologique. Il est préférable que les autorités ne donnent pas d’indications sur les porteurs suspectés ou avérés du virus Ebola au moment des épidémies hivernales. En ce cas de figure, l’information médiatique n’a pas besoin d’être mobilisée. Elle ne permettra pas de contenir le virus mais elle saura affoler les populations en plongeant le pays dans une crise sanitaire et psychologique de grande envergure.
Un conseil du citoyen éclairé aux autorités sanitaires : ne vous soumettez pas aux désirs des journalistes. Les médias n’ont aucun rôle positif à jouer dans cette affaire, pas plus qu’ils en ont eu au moment de l’épisode H1N1.
8 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON