Ecole, changer de politique
Trois faits montrent que le gouvernement, par idéologie, mène une politique qui nuit gravement à l’école et qui fait que demain nous ne seront pas en mesure à faire face aux nouveaux enjeux de notre société. Il faut tirer la sonner d’alarme et se mobiliser afin que la politique change. L’école doit devenir une priorité, pas seulement dans les discours.
- la réduction des effectifs de l’Education Nationale,
- la suppression de l’enseignement en seconde de l’étude des enjeux sociaux comme le chômage, la précarité, les inégalités et enfin
- le remplacement de l’étude de la civilisation musulmane en histoire-géo (5 heures de cours) par l’étude de « l’Occident chrétien médiéval ».
1. La réduction des effectifs repose sur une la conviction que l’Education Nationale est un mammouth qui faudrait dégraisser. C’est un gage donné à un électorat de droite qui est convaincu que les enseignants sont une bande de gauchistes barbus qui n’ont comme motivation les vacances. Or la dernière étude « L’état de l’école » réalisé par le ministère de l’Education Nationale montre que la France est au mieux dans le peloton et en retrait par rapport au pays qui ont fait de l’éducation une vraie priorité. Pour la première fois peut-être de l’histoire de la France, entre 1995 et 2007, la durée de scolarisation à diminué passant de 19 ans à 18,6 ans et la part d’une génération obtenant le BAC n’a pas évolué. Parallèlement la part du PIB allouée à l’école a baissé d’un point en 10 ans passant de 7,6% à 6,6%. Si comme veut le faire croire le gouvernement nous avions du gaspillage, cela aurait pu être une bonne chose. Mais non, la France dépense moins par élève que les autres pays comparables, et ce plus particulièrement dans le primaire (5 500€ contre 7 700€ en Suède) et pour les études supérieures (11 600€ versus 17 000€). Cela est d’autant plus grave que ce sont deux moments particulièrement importants, le premier afin de lutter contre les inégalités ; le second pour favoriser l’innovation. Et ce n’est pas les quelques moyens supplémentaires apportés par le grand emprunt qui résoudra la question car c’est tous les ans qu’il faudrait investir plus.
Avant d’aborder les deux autres faits, il est important, là aussi, de les replacer dans leur contexte. Henri Guaino, conseiller de Nicolas Sarkozy, a le 25 octobre dernier sur France 5 déclaré que l’élaboration des programmes scolaires était « un choix idéologique et politique » et avait ajouté qu’il ne fallait plus que l’élaboration des programmes soit « traités par des spécialistes, des inspecteurs de l’Education Nationale ». C’est propos doivent être lus dans les deux sens :
- l’école est une arme idéologique pour le gouvernement et c’est sans doute la raison pour laquelle le sociologue François Dubet vient de démissionner de la commission d’experts en charge des programmes scolaires.
- Les modifications mises en œuvre sont un moyen de comprendre l’idéologie du gouvernement actuel comme nous le verrons dans les deux faits suivants.
2. Le nouveau programme d’économie de seconde constitue une rupture avec l’enseignement traditionnel de la discipline, enseignement qui déplaisait au gouvernement libéral, aux économistes tenant de la pensée économique dominante et aux entreprises tenantes d’un libéralisme débridé. Le gouvernement a au final imposé ses choix qui correspondent pour l’essentiel aux vœux de l’Institut de l’entreprise présidé par Michel Pébereau. L’Association des professeurs de SES (APSES) lui reproche de faire faire l’impasse sur l’étude des enjeux sociaux comme le chômage, la précarité, les inégalités, le partage salaires / profits, les conditions de travail, etc. Bref, l’enseignement passe sous silence les sujets qui fâchent, aseptisée, débarrassée de ses conflits sociaux et de ses débats scientifiques. Cette évolution est particulièrement surprenante après la crise financière que nous venons de traverser qui remet en cause profondément les modèles économiques utilisés et a décrédibilisé les économistes tenants de la pensée unique pour qui les crises étaient… impossible ! La crise aurait dû nous permettre de remettre en cause cette pensée unique libérale et le gouvernement prend la direction opposée. Cela montre que le gouvernement n’a pas, contrairement à son discours, renoncé au libéralisme débridé. Tout espoir n’est pas perdu, mais les économistes réformateurs doutent. André Orléan ne voit « pas apparaître les changements conceptuels nécessaires pour penser l’instabilité des marchés. Il y a une difficulté de la science économique à se transformer de l’intérieur ». De même, la composition du jury d’agrégation pour 2010 est encore 100% pensée unique. De même cette réforme des programmes.
3. la civilisation musulmane. Peu de temps après, le gouvernement franchit un nouveau pas en voulant supprimer le cours intitulé « La Méditerranée au XIIe siècle : carrefour de trois civilisations ». Avec le projet proposé, si rien n’est modifié les futurs lycéens de seconde ne pourront plus étudier la civilisation musulmane en histoire-géo (5 heures de cours), disparue au profit de « l’Occident chrétien médiéval ». « Ce cours a une portée civique. Il permettait une ouverture auprès d’élèves qui sont dans un monde fait d’ouvertures. C’est un thème qui était très porteur. En termes de connaissance comme en termes de savoir vivre, de civisme, de repères », explique Jean-Marc Fevret, de l’Association des professeurs d’histoire-géographie de l’académie d’Aix-Marseille, au micro de France Info. Même si le gouvernement dit que le projet n’est pas arrêté et que le monde musulman ne disparaît pas des projets de programmes car il prévoit 1h de cours sur l’étude obligatoire sur « Constantinople à Istanbul : un carrefour de civilisations » la direction prise est surprenante dans une société où l’intégration est un enjeu majeur, comme le chômage, la compréhension interculturelle est un sujet qu’il faudrait renforcer. Le gouvernement prendre la direction inverse et renforce les oppositions. Plutôt que de développer la compréhension, on renforce les peurs. Ce choix illustre une fois de plus l’idéologie du gouvernement et l’hypocrisie du débat sur l’identité nationale.
Alors que nous sommes à un tournant pour nos sociétés. Alors que nous allons devoir inventé un nouveau modèle. Alors que la compréhension des événements sera clé pour chacun accepte les changements venir, le gouvernement prend avec sa politique de l’école, une direction opposée et préfère servir ses intérêts que la nation. Dans ce contexte, il est important que la société civile prenne la parole. Tout n’est pas une question d’argent et notre système scolaire doit être repensé afin d’être moins normatif, afin d’apporter des réponses plus adaptés à chacun et de ne pas exclure ceux qui ne rentre pas dans le moule élitiste. En France, il n’est pas possible de faire une pose entre le lycée et les études supérieures. Le corporatisme et le conservatisme d’une partie des enseignants, le populisme du gouvernement et l’élitisme à la Française d’une partie des parents d’élèves rendent les réformes difficiles. Ensemble, faisons de l’éducation une priorité. Sortons de la confrontation et passons à la communication non violente. Sortons des positions dogmatique et écoutons-nous avec bienveillance, afin de définir un projet commun au service de nos enfants.
13 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON