Ecole et égalité des chances
L’ecole publique remplit de moins en moins son rôle d’égalité des chances. Cela empire dans le supérieur ou à moins d’être très brillant et de pouvoir présenter les concours aux grandes écoles, l’université se transforme souvent (mais heureusement pas toujours) en voie de garage.
Dans de nombreux domaines comme les grandes écoles de commerce, il n’existe pas d’alternative au privé. Les élèves modestes sont donc de facto exclus de ces formations qui procurent pourtant des débouchés à leurs diplômés. Parfois, une école privée va également utiliser une pédagogie originale qui n’aura pas d’équivalent dans le public. Je ne dis pas ici que cette pédagogie est forcément meilleure ou moins bonne que dans le public. Le simple fait d’être différente fait qu’elle pourra convenir mieux à certains élèves. Mais aujourd’hui mieux vaut qu’ils soient fortunés vu qu’une école privée dans le supérieur lorsqu’elle n’est pas subventionnée comme les écoles consulaires va facturer environ 7 000 euros par an.
Ces 7 000 euros sont une fortune à l’échelle d’un particulier, mais ils ne sont pas forcément si énormes que cela. A l’université un étudiant coûte en moyenne 6 000 euros par an. Le coût d’un élève de lycée est bien supérieur (inexplicable), de même pour le collège et la maternelle. Je ne parle même pas des grandes écoles dont le budget par étudiant peut largement dépasser les 15 000 euros par an. Bref, former les gens qu’on le paye directement ou indirectement coûte très cher. Autant que la formation offerte soit la plus adaptée possible à l’individu.
C’est pour cela que je propose le dispositif suivant :
- chaque élève a droit à la formation ;
- s’il s’inscrit dans le public, l’Etat paye normalement sa formation ;
- s’il s’inscrit dans le privé, l’Etat paye également sa formation ou plus exactement y investit les 6 000 euros qu’aurait coûté la formation de l’étudiant à l’université. Si l’école privée qu’il a choisie veut facturer plus cher, l’étudiant paye la différence.
Les avantages de ce mode de fonctionnement sont nombreux :
- moins d’inégalités ! Un étudiant qui veut suivre une formation disponible uniquement dans le privé va pouvoir y accéder pour un tarif bien inférieur. La plupart des écoles privées seront ainsi accessibles pour seulement 1 000 euros ce qui est déjà beaucoup plus simple à financer ;
- plus de concurrence : le public va devoir affronter la concurrence du privé ce qui sera bénéfique à long terme car cela forcera les réformes ;
- plus de réactivité : le public a souvent été long à créer des formations adaptées au marché. Ainsi dans les domaines de l’informatique et de l’électronique par exemple il existe une myriade d’écoles privées qui ont bénéficiées d’un vide que l’Etat a mis longtemps à combler (EPITA, ESIEE, EFREI, SUPINFO, ESIEA...). Les diplômés de ces écoles ont eu de beaux débouchés mais mieux valait être riche (ce qui ne veut pas dire qu’il n’existe pas de très bonnes formations d’informaticiens dans le public mais pour certains étudiants l’EPITA leur réussira mieux que l’ENSIMAG et inversement).
Bien sûr, il est fort probable que certaines écoles privées décident de profiter de la subvention pour remonter le prix de la scolarité, diminuant ainsi en partie l’efficacité de la mesure. Pour en avoir discuté avec le directeur d’une école privée d’informatique, il est en effet difficile de boucler le budget d’une école avec seulement 7 000 euros lorsqu’il faut payer les locaux, les profs, le matériel. Actuellement, ils ne peuvent pas augmenter les frais de scolarité car les 7000 euros sont considérés comme la "limite" du financement qui peut être assuré par un travail en parallèle des études (ceux qui dans l’informatique payent jusqu’à 150 euros par jour). Cela limite bien sûr la qualité de l’enseignement proposé même s’ils s’en sortent plutôt bien. Bref, au vu de ces informations, il est fort possible que, si une telle loi passait, le coût de la formation grimperait. Mais la concurrence dans l’éducation privée est rude et il est également fort possible que la hausse resterait limitée et qu’on ne fonctionnerait pas avec un budget de 14 000 euros par an. Et toute augmentation devrait de toute facon être justifiée à leurs clients par la mise en place de moyens supplémentaires.
Ainsi il est fort possible que ce système permettrait de diminuer fortement la différence de prix entre école publique et privée. Permettant ainsi à des élèves plus modeste d’en bénéficier sans remettre en cause la gratuité de l’enseignement.
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