Education : Jeb Bush innove en Floride
Deux divisé par deux, égale un. Nous apprenons à diviser ainsi en classe primaire, mais j’ai eu l’occasion de susciter, chez mon professeur de mathématique de terminale, une approche nouvelle de cette division : deux divisé par deux égalait... deux !
Je dois avouer, à ma grande honte, que mon niveau en mathématiques était catastrophique en fin de collège et au lycée. En classe de terminale, ma moyenne trimestrielle était de 2 au premier trimestre (2 sur 20, je précise), 2 au second trimestre... Mais au troisième trimestre, j’eus un coup de fatigue et mes notes tombèrent : 1 sur 20 à chacun des deux contrôles... Mon professeur, très sympathique au demeurant, ne voulut pas faire baisser ma moyenne et, au lieu d’ajouter les notes puis de les diviser afin d’obtenir une moyenne trimestrielle, ne fit que les ajouter pour me permettre de "maintenir mon niveau" à 2 sur 20 ! Ainsi un professeur de mathématiques commit une infraction aux règles mathématiques de base pour le plus cancre de ses élèves. Je vous rassure tout de suite, j’ai quand même eu mon bac, littéraire, mais pas grâce aux maths...
Les bonnes idées de Bush, Jeb Bush...
Que serait-il arrivé si le système que la Floride est en train de mettre en
place avait existé à l’époque ? Cet Etat des États-Unis est gouverné
par un certain Jeb Bush, oui, le frère du président... Comme ils ont plein
de bonnes idées dans la famille, celui-là a pensé qu’il serait bon de
rémunérer les enseignants en fonction des résultats de leurs élèves !
Un article du Washington Post, traduit et publié dans Courrier
international du 6 avril, décrit la situation.
Un test de fin
d’année a été conçu, et tous les élèves doivent s’y soumettre pour
évaluer leur niveau. Les meilleures écoles se verront attribuer une
sorte de prime à répartir au personnel enseignant et non enseignant ;
mais les “meilleurs” enseignants seront également augmentés
directement... La hausse de salaire pourra correspondre à 2000 dollars
par an, quand même.
Pour une (grosse) poignée de dollars
Des syndicats, des parents, des pédagogues protestent. Un seul test ne
peut pas permettre de juger la qualité d’un enseignant. Un enseignement ne
s’évalue pas uniquement à travers les notes, mais aussi par la capacité
de l’enseignant à faire partager la matière qu’il enseigne, à susciter
la curiosité des élèves, à les aider à se forger un esprit critique,
des outils de recherche, à développer une qualité relationnelle, une
vie collective dans la classe, etc. De plus, les résultats d’un
établissement scolaire sont aussi liés à l’origine sociale, ethnique,
culturelle de ses élèves et de leurs familles. Ce nouveau système a
déjà incité certaines écoles à raccourcir les vacances pour mettre les
enfants au boulot plus vite. Des parents s’en sont plaint, ainsi que de
la pression supplémentaire mise sur le dos de leurs enfants... L’école,
ce n’est pas l’usine, disent certains pédagogues : en voilà bien une idée
de gauchiste...
Mais que deviennent les cancres, dans cette
histoire ? Je m’imagine avec mon 2 de moyenne en mathématiques,
quelle tête ferait un prof de maths avec un zozo dans mon genre, si je
risquais de lui faire perdre 2000 euros par an ? De quoi mettre la
pression sur les élèves, mais dans quel but ? Pour le bien des jeunes,
ou pour grossir le portefeuille du prof ? Ce type de système est très
pervers et peut inciter certains établissements à pousser dehors les
élèves les plus “mal“ notés...
Georges, un cancre ?
Je ne sais pas si Jeb Bush était un bon élève. Mais je ne parierais pas
gros sur son cher frère, Georges. Georges était-il un bon élève en
classe, ou était-il un cancre ? En
tout cas, il avait des parents riches et puissants. Et ça, ça aide, que
l’on soit en Floride ou ailleurs.
Christian Le Meut
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