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Education : l’impasse


Mercredi, dans un collège d’Aumetz en Moselle, un élève en classe de quatrième, âgé de 14 ans a poignardé un monsieur de 61 ans : son professeur de sciences de vie et de la terre. Heureusement, son pronostic vital n’est pas en jeu. Sous contrôle judiciaire, le collégien risque 5 ans de prison en raison de sa minorité.  Cet incident dramatique succède à une série macabre de violence dans certains établissements scolaires : le 8 janvier 2010 un lycéen de 18 ans est tué de trois coups de couteau dans son lycée professionnel au Kremlin Bicêtre, le 19 janvier dans une école primaire de Nanterre un enfant de 12 ans attaque son directeur à coups de pieds et de poings, le 2 février un élève est agressé à coups de couteau dans l’enceinte du lycée Adolphe Chéroux à Vitry sur Seine, le 12 février au lycée Guillaume Apollinaire de Thiais (Val de Marne), irruption de 6 jeunes gens dissimulés sous des capuches qui agressent un élève de première tout en aspergeant de gaz lacrymogène les personnes tentant de s’interposer, et tant d’autres... Constat accablant. Que se passe-t-il donc dans la tête de ces enfants qui basculent dans cette violence infernale ?
Quand l’école n’est plus le sanctuaire qu’elle fut et qu’elle n’est plus à même d’honorer ses engagements. Quand l’’autorité de l’enseignant, des parents, se mettent à vaciller et s’étiolent au profit de la consécration de l’enfant roi. Quand des parents s’immiscent dans la vie scolaire parfois à bon escient mais souvent de manière exagérée suscitant une exacerbation des tensions entre corps enseignant et famille. Quand ils démissionnent de leur rôle d’éducateur pour se décharger sur l’école déjà défaillante par rapport à ce qui lui incombe. Quand la prohibition du droit à la correction, autrefois monnaie courante, s’exerce sous couvert de l’épanouissement de la progéniture et quand, de la toute puissance du professeur d’antan, il ne reste que quelques vestiges... L’enfant s’égare, oscille entre deux mondes antagonistes et véhiculant des valeurs opposées : l’école et la rue, les médias et les guerres modernes qui charrient des violences inimaginables. Les incidences issues de l’extérieur sur le milieu scolaire sont inévitables. Inéluctablement, des conflits humains. Et, quand pour résoudre les malentendus, les recours à la justice viennent se substituer au dialogue, aux pratiques éducatives. Compliqué de devenir grand, dans ce chaos, en l’absence de repères.
Quand la violence s’exerce contre certains élèves sous des formes diverses : non remplacement des professeurs absents et ce, pendant une longue durée, source d’’hostilité. Quand le professeur, au pouvoir de nuisance inaudible, discrimine en orientant mal et voit petit pour certains, et grand pour d’autres. Quand à compétences égales, Agathe et Mehdi ne sont pas guidés équitablement. Quand il y a hostilité envers certaines croyances, quand certains s’installent dans la posture de victimisation. Quand de part et d’autre s’installe l’incompréhension... L’explosion d’incivilités... Parfois, bien au-delà... D’où leur vient cette affreuse douleur, qu’ils crachent sur leurs semblables ? De leur déficit d’éducation, du non-dit transmis ? Comme une haine démesurée de leur personne. "L’homme est bon, la société l’a sans doute dépravé"...

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13 réactions à cet article    


  • jako jako 30 avril 2010 11:41

    « L’homme est bon, la société l’a sans doute dépravé »...
    Exactement, quand à ces actes de violences qui se répettent inlassablement je n’arrive pas à comprendre exactement l’origine, cela doit être un faisceaux de deliquescences, familiales, village, avenir etc
    Je suis stupéfait de ce que devient ce monde pas seulement que pour cela mais aussi la violence des états


    • King Al Batar King Al Batar 30 avril 2010 13:42

      « L’homme est bon, la société l’a sans doute dépravé »...

      Tout a fait d’accord, j’ai d’ailleurs moi même une citation que j’utilise souvent, qui ressemble fortement à celle ci.

      « On ne nait pas mauvais, on le devient.... »


    • Jean-Louis Le Blais 30 avril 2010 15:18

      La société humaine est faite d’hommes ; crée par l’homme... Ce n’est pas une entité extérieure...
      Dès lors, qui déprave qui... pourrait-on aussi se demander...


    • jaja 30 avril 2010 17:54

      Bonsoir Jean Louis
      Votre affirmation ou plutot question m’interpelle, pour moi chaque étre a plusieurs moi
      au moins 2, celui face à lui et face au « groupe » et il a donc deux attitudes.
      Face au groupe il agit et s’exprime en fonction de ce qu’attend le groupe
      seul il est honnéte et donc bon


    • Fergus Fergus 30 avril 2010 11:46

      Bonjour, Marguerite.

      Un nombre croissant de gamins (heureusement minoritaires) est à l’évidence en perte de repères éducatifs, de garde-fous disciplinaires.

      La faute à l’évolution de la société en général et à la confusion psychologique entre les modèles traditionnels, basés sur le respect des parents et des éducateurs, et l’image viciée de cette société, vue à travers la télé réalité, les jeux vidéos, la starisation des pipoles, l’argent facile, les films à grand spectacle qui jamais ne mettent en valeur les vertus d’une vie simple devenue ringarde aux yeux de ces jeunes.

      Beaucoup d’entre eux, grisés par les mirages constamment mis sous leur yeux et de facto déboussolés, n’envisagent pas une vie comme celle qu’ont vécue (ou que vivent) leurs parents, mais font des rêves inaccessibles et générateurs de frustrations. Une grand part de leur mal-vivre et de leurs dérives tient, à mon avis, dans ce constat. 


      • DIMEZELL 30 avril 2010 19:48

        C’est vrai, le prisme déforme et les gamins subissent. Je voudrais ajouter deux choses :
        certains sont complètement perdus et leur violence, je crois, devient la seule issue pour exister en marge de familles qui auraient besoin elle -même d’un solide accompagnement . La seconde chose, c’est l’incapacité suicidaire (pour les humains qui s’y côtoient ) de l’Education Nationale de prendre la mesure des problèmes qui touchent aujourd’hui même le secteur rural. On continue d’agir comme avant et on préconise des mesures dérisoires en aval alors que le travail en amont est devenu une urgence absolue. On ignore le terrain et le ’sommet de la pyramide’ préconise des programmes de type XIXème siècle au primaire tout en supprimant l’intervention des maitres spécialisés et des psychologues scolaires.
        Pendant ce temps, de gros abrutis très malins continuent de se faire plein d’argent en inondant les chaines de TV de leurs programmes débiles et dévastateurs.


      • King Al Batar King Al Batar 30 avril 2010 14:23

        Ne croyez vous pas simplement, mais c’est malheureux à dire, que l’homme est tout simplement violent, et destructeur. Qu’il possède beaûcoup de violence en lui, et que certains l’expulse et d’autre la garde.

        Vous savez, il y n’y a pas si longtemps, une génération sur deux partait en guerre. Alors ils ne l’avaient pas forcément voulu, mais les jeunes avaient des armes et permis de tuer « license to kill » (pour les afficonados de Golden eye, à l’ancienne). Forcément on allait pas savoir si les mecs étaient des malades mentaux ou pas, on leur demandait de tuer.

        En ce qui concerne la violence grandissante, je ne suis pas sur que ce soit réellement en augmentation. Disons que j’ai l’impression qu’on nous alerte bien plus maintenant qu’avant.

        Comme j’en parlait avec des potes l’autre jour, qui sont originaire du même département que moi (le 93), moi j’ai vécu une fusillade devant mon lycée, et d’illeurs eux aussi. C’etait peut être du gomcogne ou du grenaille, ou des balles réelles, j’en sais rien, et j’ai pas trop chercher à savoir, mais c’etait quand même flippant. Je pense que quasimeent tous les mecs qui ont grandi dnas ce secteur (Aulnay, Stains, Villenpinte, Sevran, et puis meme tout le reste du 93 à l’exception de pavillon ss et du Raincy, et eventuellement livry et dugny) on assisté a des evenepment de ce type ; et je ne vous parle meme pas des mecs qui étaient dans des colleges ou lycée proffesionels !

        Si vous voulez le côté on s’alerte quand ca ne se passe plus que dans le 93, ca m’enerve un peu, parce que personne n’en avait rien a foutre auparavant.

        Si je vous racontait des images de violences que j’ai vu, auxquelles j’ai assisté impuissant, sans pouvoir défendre les victimes, vous seriez probablement choqués....

        Toutes ses informations sont communiqués uniquement dnas le but de vous faire croire que la violence revient (comme si elle etait parti quelque part) et que l’insécurité est un vrai problème en France. Même pas besoin de se demander à qui cela profite, c’est tellement evident !


        • Nho 30 avril 2010 16:41

          Un professionnel de la sécurité m’a dit l’autre jour qu’il n’y avait pas plus de violence, mais qu’elle se faisait plus violente.

          Quant à moi, quand j’étais gamin, ce que je redoutais le plus c’était la taloche. Et donc, bien que très rebelle, je n’ai fait que peu de bêtises finalement. Alors, réhabilitons la fessée !!


          • slipenfer 30 avril 2010 19:14

            a voir et méditer et revoir
            http://www.dailymotion.com/video/xbeovv_l-ecole-la-fabrique-a-illetres-y_news

            la pub encore et toujours.
            tu n’en veux pas je te le grave dans le cerveau......
            le prof a du courage.


            • slipenfer 30 avril 2010 19:16

              Autrefois les illettrés étaient ceux qui n’allaient pas à l’école.
               Aujourd’hui, ce sont ceux qui y vont ?
              http://www.editionsladecouverte.fr/catalogue/index-L_invention_de_l____illettrisme__-9782707145925.html


              • marguerite 30 avril 2010 22:11

                Bonsoir,
                Merci de votre passage.
                King El Batar, à mon avis, il suffit de bien observer les tout petits enfants pour vous rendre compte, quà l’état vierge, ils ne portent pas en eux de violence et que nous, adultes portons une grosse part de responsabilité dans leur déformation, notamment dans la transmission de fausses valeurs etc.
                Il me semble que chacun des commentateurs va plutôt dans ce sens....Pas de certitudes...


                • Fergus Fergus 1er mai 2010 10:13

                  @ Surfnblue.

                  Les qualités d’un bon enseignant sont le charisme et l’autorité. Rien à voir avec une quelconque féminisaton de l’éducation, les femmes n’étant ni plus ni moins respectables et respectées que les hommes dans la fonction enseignante.

                  Je pense que la grande différence entre les enseignants du passé et ceux qui sont en poste aujourd’hui tient à leur motivation initiale. Naguère, beaucoup s’engageaient dans cette voie par vocation (j’ai eu deux tantes institutrices rurales de cette veine) alors que désormais la majorité fait le choix d’un métier protégé.

                  Et pourquoi diable demander toujours plus de diplômes aux professeurs d’école élémentaire ? Pour la raison inepte que « qui peut le plus peut le moins » ? Il s’agit là d’une colossale ânerie. Et quiconque a connu des instituteurs ruraux, sortis d’une modeste école normale primaire, mais parfaitement respectés par leurs élèves (à l’image de l’instituteur de « Etre et Avoir »), sait de quoi je parle !


                • marguerite 1er mai 2010 14:49

                  Bonjour,
                  Après avoir lu l’excellent article de Fergus, rien de tel que les préconisations de boris pour sortir certains jeunes de l’alcoolisme dans lequel ils sombrent sournoisement...

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