Elèves et profs à l’abandon
La rentrée scolaire s'est donc effectué dans les conditions particulières imposées par la pandémie du Covid19. Protocoles et instructions rendent le métier d'enseignant plus difficile que jamais tout comme la vie familiale elle-même.
Structures, bâtiments et état sanitaire
Cette rentrée met en évidence le délabrement de nombre d'établissements scolaires et la carence de leurs équipements. Concrètement, avoir un robinet disponible, pas trop éloigné de la classe est remarquable. Les murs des locaux sont souvent décrépits. Quant aux latrines elles sont parfois dans un tel état que la plupart des enfants ne les utilisent au mieux que pour uriner. Les municipalités, quand elles font preuve de bonne volonté, se retrouvent dépassées par l'importance des travaux à effectuer. Et si la tendance à une temporisation est parfois explicable, elles ne peuvent être exemptées de leur responsabilité .
Pour illustrer notre propos avec une situation connue ailleurs, à Marseille, dans le 2ème arrondissement, le mobilier est vétuste (chaises vieilles et abîmées ; armoires décaties...), le matériel pédagogique est quasiment absent, les toilettes sont sans savon.
A cette situation de carence matérielle s'ajoute un nombre d'AVS insuffisant qui oblige à déscolariser des enfants ! Une seule personne à la cantine surveille 60 enfants... Danger et stress permanent .
Souvent c'est la façade entière du batiment qui doit être refaite comme rue de la Fonderie Vieille - toujours à Marseille - où des blocs de pierre menacent de s'écrouler...
Effectifs, manque de personnel et formation
Les déclarations gouvernementales concernant la baisse des effectifs passent pour ce qu'elles sont : des paroles de propagande sans réalité. Même si nous ne faisons ici qu'effleurer le sujet, il convient d'évoquer le nombre d'élèves par classe. Le chiffre de 12 en a peut-être fait rêver certains mais il ne correspond malheureusement qu'à des situations particulières, sans avoir pu être généralisé. 22 élèves sont même plus proche d'un objectif que d'une réalité.
Il était déjà difficile de faire classe devant plus de 20 élèves, comment enseigner alors avec un masque, en tentant de respecter le protocole de sécurité imposé du fait de la pandémie du Covid19 ?
Les pays scandinaves, concernant les effectifs, sont montrés en exemple, notamment la Finlande... Aujourd'hui encore plus qu'hier, il faudrait des classes de 15 élèves et moins. Impossible ? On avance ici l'argument financier d'un état français déjà connu pour être l'un de ceux qui paye le moins bien ses personnels de l'éducation (1). Quel crédit donner au « vieux sage », c'est à dire au pilier de bar scrogneugneu que les médias font régulièrement déblatérer sur « sa belle époque » ?...
Comme pour les personnels de santé, le gouvernement Macron a fait moult promesses que nous n'énumérerons que le jour des bilans, les comparant aux actes.
L'urgence c'est :
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15 élèves par classe maximum
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Salaires convenables pour les profs, supérieurs aux misérables 1500 euros net actuels
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AVS, bien formés, avec des salaires supérieurs aux 800 euros mensuels tel que pratiqué scandaleusement aujourd'hui. Après avoir supprimé les postes de maîtres spécialisés, ce serait concrètement un vrai pas vers cette« école inclusive » dont le ministère nous rebat les oreilles !
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Le rôle de la hiérarchie doit être revu dans l'Enseignement. En France il faut en effet montrer ses diplomes, passer les échelons, pour prouver ses capacités professionnelles. Il ne s'agit pas de nier la valeur de ces diplomes qui restent des repères. Mais ils ne peuvent être validés que si une pratique les accompagne. Appelons un chat un chat. J'ai connu très peu d'inspecteurs de l'Education Nationale qui, dans leur carrière, avaient enseigné devant des élèves. Certains m'avouaient qu'ils étaient devenus inspecteurs pour éviter justement d'êre devant une classe ! Et professionnellement on constate la différence entre un jeune cadre à langue de bois et une personne dont l'expérience permet un vrai dialogue constructif.
Comme pour les personnels de santé, des manifestations d'enseignant sont prévus. Il faut que tout le monde s'y mette pour obliger le gouvernement à non seulement respecter ses engagements, mais pour oeuvrer à la construction d'un autre futur.
(1) « En résumé, les enseignants français sont mal lotis par rapport à leurs collègues européens, quel que soit le cycle dans lequel ils enseignent. Particulièrement peu élevés en début de carrière, leurs salaires progressent après 15 ans, mais en les situant dans le bas de la moyenne européenne, et largement derrière les traitements des enseignants allemands, par exemple » Le Monde 22/05/2015.
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