Escape !
Saint Christaud, Commercy, Saint Jean Mirabel & Cluny l’Abbaye … Par jour, plus de 1000 Français quittent les grandes villes, pour aller s’installer et vivre dans bourgs et bourgades dont j’ai commencé la liste dans mon sous-titre.
La facilité eût été de remplir la moitié de mon papier par une suite de noms enchanteurs et évocateurs, Conflans sur Lanterne, Monteignet-sur-l’Andelot, Rougegoutte, Harréville-les-Chanteurs .. mille autres ! 1000 Français par jour quittent les grandes villes. De forts mauvais esprits ne seront pas s’en faire remarquer qu’ils sont aussi des milliers à s’y précipiter, dans les villes, à les remplacer, ces déserteurs ! Cela compenserait ?
Mais j’en viens à mon sujet : pourquoi et comment faire son Alya dans la France profonde en ce début de XXIème siècle ?
Alya ! D’aucuns y verront un sacrilège, ils auront raison. D’autres une inappropriation de terme. Pourtant, pour la plus grande partie des gens qui aliment ce mouvement récent, il s’agit bien d’un retour, d’une reconquête de Terre Promise. A trois ou quatre générations près, 90% des Français habitaient aux champs. De plus, le terme « Alya » revêt une portée symbolique, une fonction sacrée. Dans notre esprit, il n’en est donc que plus précieux, plus justifié. Enfin, toutes les questions, les problèmes, les hésitations, les puissantes attractions associés à tout projet de retour, nous les aurons et les vivrons de la même façon.
En parcourant les informations et les définitions relatives au « Retour » sur le Net, le canevas du pourquoi et du comment nous apparaitra évidemment.
Des raisons très objectives pour un retour massif
Les grandes villes deviennent impossibles à vivre. Bruit, pollution, inconfort, difficultés de circulation, difficultés pour se garer, coût exorbitants des logements, stress en tous genres, voilà du malheureux citadin la peinture achevée. Il appelle l’Etat ! Il vient s’en tarder .. ne lui demande pas du tout ce qu’il faut faire, mais il en rajoute une couche, l’Etat ! Et une sacrée !
La taxe foncière ne fait qu’augmenter. Le propriétaire d’une studette à Bécon-les-bruyères va bientôt devoir s’acquitter de l’impôt sur la fortune.
A Metz, en 5 ans la dette par habitant cumulée est passée de 131€ par habitant à 711€ soit une augmentation de 442%. Vous voyez les impôts ! 5000 logements sont vides.
Et puis, tellement de choses peuvent se passer qui bouleverseront toutes les données de notre existence, dont les prémisses n’échappent à presque plus personne.
Considérez le projet de loi de finance en cours de concoctation : « la taxe sur le foncier non bâti va croître de façon significative dans les zones urbanisables entourant un bassin de population de plus de 50 0000 habitants ». « De façon significative », voilà un euphémisme bien prudent.
« IL s’agit d’inciter, voire de forcer, les heureux propriétaires de terrains constructibles à s’en débarrasser ». Sont concernés entre autres et pour commencer, les périphéries de Marseille, Lyon, Toulouse, Grenoble, mais aussi la quasi totalité de l’Ile de France. Et puis Biarritz, Nice, Chalon, Metz, Limoges suivront ! La hausse prévue à de quoi vous faire réfléchir, 20 % en 2014, 2015, 2016.
Cerise sur le gâteau, sans méchant jeu de mot, la loi prévoit un prélèvement de 5 Euros par mètre carré dés janvier.
Pour un hectare, 10 0000 mètres carrés, cela fera une ponction de 50 000 Euros. Qui pourra résister ?
La FNSEA, la Coordination rurale et de nombreux maires des communes concernées ont demandé audience à l’Elysée, à Matignon, aux ministères.
Une fronde de plus se prépare. Interprétez comme bon vous semblera. mais il y a vraiment de quoi s’inquiéter n’est ce pas ? S’agit-il pour l’état de tirer une nouvelle vache à lait ? S’agit-il de prévoir de ceinturer les grandes villes de nouveaux logements pour nouveaux arrivants ? De libérer de l’espace pour la construction de nouvelles cathédrales ? Nul ne sait vraiment. Mais la loi est là. Et les projets délirants aussi.
Cet amoncellement de raisons de jour en jour est parfaitement documenté, à vous de vous y retrouver, sur le Net, sur Agoravox où les excellents articles sur le sujet ne manquent pas.
En tous cas, les grands espace français encore préservés, sans équivalent dans tout le reste de l’Europe, sont le lieu où l’imaginaire de nos contemporains avisés, qu’ils soient Marseillais ou Parisiens, Néerlandais, Suisses, Anglais, Belges ou Américains, resitue des possibilités de vivre bien.
Ni le grand historien Robert Paxton, ni le directeur du Rijksmuseum, ni ces éminents professeurs de Cambridge qui sont mes voisins ne me contrediront.
Motivation et savoir-faire pour les candidats au retour
La première chose à vérifier, lorsqu’on pense à fuir la ville pour les grands espaces sauvages, ou même les petits villages tranquilles, c’est la capacité de s’entendre bien avec soi-même : les campagnes vous réserve des moments de silence impressionnants, des sentiments de solitude fréquents, des conditions où vous allez vous retrouver, face à vous. Des pensées et des façons de penser toutes nouvelles vous seront offertes à profusion.
Testez-vous avant de vous lancer dans tout projet. Vous avez bien des amis qui vous prêteront leur vieille ferme ? Passez-y plusieurs nuits, seul, seule .. si la vue d’une araignée en goguette au dessus de votre lit, le hululement d’une chouette au cœur des ténèbres, l’image presque hologrammique d’un fantôme vert pâle assis à votre chevet ne vous dérange pas plus que cela, vous aurez réussi ! Vous l’aurez votre visa ...
J’ai connu bien des gens que la seule idée d’une couleuvre ou d’une souris dissuadait du retour à tout jamais. J’en connais aussi qui, ayant acheté une maison retirée il y a plus d’un an, n’y ont jamais encore passé une seule nuit ! Ils navettent chaque samedi, chaque dimanche, de leur appartement en ville à leur nouvelle propriété ! Tous les alibis sont bons, toutes les fausses barbes pour n’y pas rester : il n’y a pas encore de lit. Il n’y a pas encore de chauffage, pas encore de table. Remarquez ! on les comprend ! Je veux bien dormir, moi, au fond des bois, mais j’y ferai un feu, et j’aurai commencé par ménager mon abris pour passer une bonne nuit.
Dans le cadre de votre projet, il vous faudra ensuite bien définir le périmètre de vos désirs et de vos possibilités, de façon approfondi, jusque dans des détails que vous pourriez juger, en d’autres temps, superflus. Travail parfois long et complexe.
Ainsi, vous voyez votre nouvelle vie plutôt comme celle des « neo-ruraux » ? ou des preppers ? ou des nouveaux propriétaires du Château ?
Si vous optez pour le Château, vos moyens devraient pouvoir vous dispenser de devoir prendre en compte la moindre contrainte liée à l’environnement. Vous aurez du personnel, en nombre. Des araignes au braconnier en passant par les pires gêneurs, vous serez protégés. Pour les transports, on ne parle pas de trajet pour aller travailler, l’hélico vous assure la proximité de tous vos centres d’intérêt.
Preppers, vous choisirez une lisière éloignée de tout, un nid d’aigle, une forêt ou une ile au milieu d’un lac. Vous saurez hérisser votre doimaine complètement clôturé, de vieilles carcasses de véhicule, histoire de laisser transparaitre vos spécifités psyhologiques, vous saurez le laisser envahir par les ronces et les orties. Mais envahir par personne d’autre.
Le statut de néo-rural est peut être celui qui vous réservera le plus de surprises.
Tout d’abord, tous vos efforts d’échanges et de conversation feront rigoler un brin votre red neck de voisin. Et vous apprendrez vite qu’on ne dit pas tout comme à la ville.
Ainsi, ne lui demandez pas si sa vache est enceinte. Il va penser que vous insulter sa femme ! Si vous voulez réellement parler de vache, dites « pleine ». Pleine, j’insiste.
De la même façon, ne lui demandez pas si sa truie a accouché .. Vous vous exposeriez aux mêmes quiproquo, et au mêmes risques de désastreuses interprétations. Demandez-lui si sa truie a mis bas. Mettre bas, pour les cochons, j’insiste.
Autre exemple, si l’on vous dit que les fromages sont à 12 Euro, ne vous étonnez pas, vous n’êtes plus au BOF-épicerie fine de la rue de Passy. Il s’agit de la douzaine ici, pas de l’unité.
Enfin, si vous faites partie d’un club Harley, pas la peine de vous en vanter. Votre flamboyant et sympathique red-neck de voisin fait pas la différence avec un club Mickey.
Les néo-ruraux et les indigènes ne sont pas à priori en phase, pas à priori faits pour passer ensemble leur dimanche à jouer au tarot, pas d’emblée faits pour s’entendre. Certain aspects tourneront à la guerre picrocholine . Un exemple : dans l’espace où vivent mes cousins, splendides et flamboyants red neck justement, en charge de moult enfants, chèvres, volailles cochons et bétail bovins, on a vu arriver des « néo-ruraux » s’installer en bordures de leurs prés. Ces derniers, très attentionnés envers leur jardin, n’arrivent pas à accepter l’idée qu’il faut fermer les portails d’accès à leurs petites villas .. De leur côté les paysans doivent déplacer leurs troupeaux de temps en temps .. Vous imaginer ce que cela donne, 70 tonnes de viande vive, race charolaise, piétinant goulument un carré de fraises ? une platebande de glaïeuls ?
Des pages et des pages pourraient compléter l’inventaire des surprises et des frottements, des problèmes et des déconvenues..
Le mieux, donnez-vous le temps et envisagez même d’avoir recours aux services de professionnels. Vous leur signerez éventuellement un mandat der recherche. Mais auparavant, ils vous imposeront une analyse approfondie, ils procéderont à diagnostic. Puis, lors de la phase d’acquisition, ils vous feront gagner du temps et de l’argent très certainement, tout en vous protégeant de mauvaises surprises et de gravers désagréments.
Le recours au service d’un professionnel est encore plus justifié pour un étranger en raison des barrières de la langue, de l’éloignement, des difficultés à pénétrer les arcanes de la loi et des traditions, d’anticiper les problèmes d’évolution de l’environnement et de la législation.
Impossible d’envisager son Alya si l’on ne sais pas dire « Bonjour » et « Merci » dans la langue du pays. Impossible de faire son Alya si l’on ne le fait pas avec intelligence.
Je ne prétends pas avoir épuisé le sujet. Mais que mon papier vous amène à réfléchir aux nécessités comme aux opportunités, voilà un souhait raisonnable et justifié.
Sources
Mathias Waelli
Redneck : Les presbytériens originaires d'Écosse ou d'Ulster étaient surnommés rednecks au xviie siècle, du fait d'écharpes rouges qu'ils portaient en signe d'appartenance … Où l’on voit la parenté avec les bonnets rouges.
Le terme peut être une insulte (parfois à caractère discriminatoire) mais il est parfois utilisé, de manière ironique, par les intéressés eux-mêmes. Votre serviteur est un Redneck à n’en pas douter, grand amateur de Wisky comme il se doit vu que le Wisky est pour les Français, depuis le XVème siècle, une boisson nationale
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