Espérons que ce ne sera qu’une « krachette »
Les éternuements de la bourse ou ses secousses cycliques produits d’acteurs majoritairement privés qui entraînent des établissements et entreprises à la faillite permettent de comprendre la démagogie des propos tel que « l’État doit être géré comme une entreprise », non que cela ne puisse se faire, mais seulement parce que l’entreprise n’est pas une organisation démocratique, que son but affiché est de faire des profits, et qu’elle n’est pas une garantie indéfectible, car elle ne représente pas la communauté.
Le système de comptabilité n’est pas non plus la représentation de la société, il compte son activité, il la mesure, il sert d’indicateur, il sert à s’ordonner, et la communauté n’est pas tenue de le suivre s’il l’asservit, car c’est elle qui l’a créé pour s’en servir, pour être une voie jalonnée et non en être captif. Et si nous y voyons un paradoxe, car il y en a un, entre des particuliers qui doivent suivre un plan comptable et une communauté qui peut y contrevenir, ce paradoxe n’est qu’apparent. En effet, la communauté peut entreprendre des projets qui sont hors de portée d’un particulier, s’en donner les moyens, inciter les particuliers à l’initiative (groupes), et mener des politiques déficitaires. Je pense que l’on peut facilement comprendre qu’une entreprise peut être liquidée, mais en république l’État ne peut pas être liquidé, il se réforme, il se révolutionne, s’étiole ou disparaît. Ainsi, chacun se souvient que les seigneurs, les monarques, les empereurs s’achetaient ou s‘échangeaient des territoires, il ne serait pas amusant qu’un matin un président de la République annonce qu’il a liquidé l’actif, parce que quelques mégalomanes rêveraient par l’intermédiaire d’un plan comptable de justifier qu’ils peuvent s’approprier des territoires, parce qu’ils auraient été pris en référence pour émettre de la monnaie. Ainsi, un sentiment de communauté ne peut pas reposer sur un indicateur comptable, or nous sommes dans cette démarche. Il est donc peut-être nécessaire de se trouver d’autres repères pour comptabiliser notre activité économique et notre désir de posséder.
Sauf à ne pas vouloir comprendre qu’il y a un seuil ou la richesse ne sert à rien, si elle n’a pas une utilité communautaire, hormis satisfaire son ego. Cela, d’autant plus que la communauté a le pouvoir de dessaisir tout particulier de sa richesse, mais ce n’est pas tant cela qui est important. C’est surtout, que l’évolution de notre civilisation s’est construite sur la technologie. Cette technologie se manifeste aujourd’hui par la puissance de cerveaux qui ne sont pas les nôtres, les ordinateurs, et il y a un danger à leur confier notre existence, si leur puissance ne peut-être comprise de ceux qui y sont soumis, si le moindre incident les pousse à la panique et à la paranoïa, si les hommes ne peuvent pas comprendre leur destin au moyen de leur être sensible. Ceci n’est pas en contradiction avec le fait que toute notre activité sociale ou/et notre univers puissent être traduits en langage mathématique. Mais il ne faut pas se méprendre entre les mathématiques qui tentent de définir ce que nous sommes, et qui sont d’une utilisation scientifique, et celles qui comptabilisent notre organisation sociale culturelle qui ne sont que le reflet de cette activité, et par-là même sont relatives, comme les valeurs que nous définissons avec.
Nous en avons l’exemple quand il suffit de dire aux hommes qu’ils manquent de l’argent, pour voir aussitôt tout le monde stocker, se jeter dans des valeurs refuges, alors qu’ils ont tout à leur disposition, la matière première, la technologie, leur capacité de travail, et qu’ils ne risquent rien, qu’ils ne manquent ni de nourriture ni de quoi se vêtir ni de quoi s’abriter ni de la capacité d’émettre de la monnaie.
Pourtant, au seul cri de « il manque de l’argent » tous croient que ce qu’ils ont n’existe plus. C’est cela la paranoïa ; se croire menacé par un danger imaginaire, ce qui est le cas avec la monnaie qui n’est qu’un système fictif, système fictif sur lequel la communauté a tout pouvoir.
Aussi, je ne vois vraiment pas pourquoi les hommes s’affoleraient parce que quelques rentiers vont être ruinés, d’autant plus que ces rentiers ne perdent rien, puisqu’ils leur restent leur force de travail, ce qui n’est pas le cas de tous (handicapés).
Il en est de même pour les entreprises, pour lesquelles leur garantie réside dans la demande de leurs productions, et non pas dans leur force de travail, comme pour les hommes.
Si bien que la monnaie qui disparaît du marché financier peut être aussitôt remplacée. Ceci en ayant recours à l’escompte ou autre, à des relations de confiance. Le seul risque qui subsiste est pour les entreprises qui vivent de la consommation des rentiers. De toute manière, ce n’est pas parce que quelques bulles financières éclatent, parce que des rentiers vont se remplacer, parce que le rêve de tous d’être riches s’écroule, qu’il faut paniquer.
Cette confiance-là, ce n’est pas un particulier qui peut nous la donner, car cette confiance se trouve dans « l’intelligence » de la communauté, et cela, il n’y a que la communauté qui peut l’apporter, mais encore faut-il que ses acteurs en prennent conscience, car la communauté sera à la hauteur de leur aptitude et connaissance individuelle.
Chacun l’aura compris, je faisais bien évidemment allusion à la bourse, et aux derniers événements. Je peux tout de même dire que nous sommes dans ces situations, au comble de la débilité, mourir d’angoisse quand nous avons tout à notre disposition. Un comble de débilité qui autorise les plus intelligents à se séparer de ceux qui ne sont pas capables d’assumer leur responsabilité de dirigeant.
Si chaque individu est libre de prendre les risques qu’il veut avec son argent, cette liberté peut s’exercer tant qu’il n’altère pas l’existence d’autrui. Cela, au nom même de la fameuse « loi naturelle » qui dit que chacun peut faire ce qu’il veut pourvu qu’il ne mette pas en danger autrui.
Comme quoi, avec la dialectique, on peut faire des miracles. Si la responsabilité des dirigeants se dilue dans la société anonyme avec celle des actionnaires, alors la communauté a la responsabilité de prélever sur ceux qui sont en droit de jouer avec les risques, un pourcentage de leur revenu afin de couvrir les risques qu’ils engendrent, et qu’ils font courir à cette même communauté dont ils tirent leurs ressources.
Mais dans ce jeu de dominos où des masses monétaires vont fondre, ce sont une fois de plus ceux qui produisent la richesse vont devoir reconstituer indirectement ou non ces masses monétaires.
Rappelez-vous la chute boursière de 2002 ; l’action du Groupe AXA en 2002 valait 119 euros, après le krach de 2002 elle passait sous la barre des 10 euros, mais quel est le cotisant qui a fait la relation entre l’augmentation de sa cotisation et les réajustements financiers d’AXA, d’autant plus que cette relation n’est pas directe.
Dans notre avenir, ce sont les banques et compagnies d’assurances qui vont petit à petit guider notre existence au travers des règles pour bénéficier de prêts ou de remboursements, et si à l’avenir un krach aussi important que celui de 1929 ne peut être régulé comme celui de 87 par les opérateurs, l’Ėtat n’a plus les moyens d’émettre de la monnaie, sauf à creuser un déficit.
Ce qui serait dramatique c‘est qu’en créant des krachs à répétitions l’on puisse invalider le pacte de stabilité européen, même si je n’en suis pas un défenseur car il accroît les difficultés sociales.
Alors espérons que ce ne sera qu’une « krachette »
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