Etre différent, c’est normal ?
Surfant sur le thème de la journée mondiale de la trisomie 21, samedi 21 mars prochain, une vidéo choc et "cute" à la fois fait le buzz sur le web ! En six jours, cette vidéo a déjà été vue plus de 60.000 fois, la hissant sur Youtube à la 30e place des vidéos les plus populaires de France.
Qu'est-ce que la norme ? Qu'est-ce que la diversité ? La différence est-elle une richesse pour l'humanité ? Autant de questions qui interpellent, choquent voire parfois agaçent. Et pourtant, l'appréhension de la normalité est une notion subjective qui dépend du regard de chacun : qui est normal ? Qui est anormal ?
« On existe dans le regard des autres »
Ce n'est pas un hasard si Jean-Jacques Rousseau, Adam Smith et Georg Hegel ont mis en exergue la reconnaissance comme un des processus élementaires de toute vie humaine. Elle aide l'individu à entrer dans une existence humanisée.
Et de fait, nous avons tous besoin d'être reconnus par les autres pour nous sentir exister. L'enfant a besoin du regard de ses parents, le professeur celui de ses élèves et les amis se tendent le même miroir... Ainsi, les autres nous confirment notre existence. Tandis que seuls sur notre île déserte, nous n'existons plus... ou presque.
Le drame humain réside justement dans le fait que l'autre nous est tout aussi indispensable qu'il nous est souvent importun. Et alors, tout bascule. Souvent, même si chacun de nous ne peut exister sans les autres, nous nous autorisons à faire comme si l'autre n'existait pas. L'homme devient alors un loup pour lui-même - ce qui est un comportement bien humain, mais au final, déshumanisant.
Quand l'indifférence aussi est mondialisée
Dans un marché mondial où la possibilité et le choix remplacent le bien, notre petit confort personnel a souvent réduit à néant le risque de la rencontre avec l'autre, surtout lorsque celui-ci est différent. Notre humanité s'en appauvrit et notre liberté, ne tendant plus vers notre bien propre et celui des autres, s'en trouve annihilée, car seul le bien peut nous rendre libre. Ainsi, nous n'osons plus beaucoup aller vers ceux qui ne sont plus dans notre zone de confort, notre petit ghetto social aux frontières finalement étriquées. Et nous laissons concrètement de côté les personnes sans domicile fixe à l'entrée des magasins, ceux qui font la manche dans le métro - avec une belle indiférence ! - tout comme, plus proche encore de nous, notre voisine de palier pourtant rongée par la solitude... L'indifférence s'en trouve ainsi mondialisée, banalisée. (Mais bien sûr, ce n'est pas le cas de tous, beaucoup d'entre nous s'impliquent dans des actions de solidarité !).
Dignité humaine ?
Dans sa prison de Robben Island, Nelson Mandela disait lui-même : « On peut tout m'imposer, mais détruire ma dignité, jamais ! ». Il en est de même pour tous les prisonniers du monde, les pauvres, les déshérités, les simples blessés de la vie et ces personnes malades que sont les trisomiques. Jamais personne ne pourra leur enlever leur dignité. En effet, la dignité de l'homme ne dépend pas de son état physique, psychologique ou mental : elle lui est intrinsèque. Même au bord d'une route, un accidenté garde sa dignité... et heureusement !
« Vous êtes extraordinaires !
Le 10 mars dernier, lors d'une journée consacrée à la trisomie 21 au Parlement européen, le commissaire européen à la recherche, Carlos Moedas, s'est engagé pour que l’Europe soutienne la recherche pour les personnes atteintes de déficience intellectuelle. Visiblement très ému, il s’était adressé à Eléonore et Robin, deux jeunes Français trisomiques co-animant la journée : « Vous êtes extraordinaires ! La seule déficience dans la vie, c’est la mauvaise vision de l’autre ». Et nous, quel regard portons-nous sur les personnes trisomiques ? Arrivons-nous à éduquer nos yeux dans le sens d'une plus grande humanité ?
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