Facebook, c’est de la merde (replay)
A Ariane, pour multiples raisons...
« Allez tous nettoyer vos murs ! » - et chacun a bien saisi que la célèbre Lessive Saint-Marc traditionnellement réservée à cet effet n’y pourrait rien changer : il allait falloir se retrousser les manches et se creuser les neurones pour retrouver illico presto les divagations qu’on avait eu l’inconscience de confier à son réseau social préféré dans les années passées (2009, 2010, 2011 !), protégé que l’on croyait être par le sceau du secret… Manque de bol et confidences pour confidences : c’était la merde sur Facebook, et cette fois pour de vrai !
La nouvelle est tombée sur « Le Monde.fr » à l’heure bénie de l’apéro, en ce tristounet dernier Lundi de Septembre 2012, et s’est répandue sur la toile à la vitesse d’un cheval au grand galop, telle la marée montante autour du Mont Saint-Michel : branle-bas de combat, consternation et panique sur le net, les messages privés dont la confidentialité semblait assurée à jamais étaient devenus « publics », c’est-à-dire visibles par tout le monde !
Oui, le bug qui tue ! Mon Dieu ma réputation, ciel mon mari, au secours les amis, protégez-moi de ce que je n’aurais jamais dû écrire ! Et chacun d’essayer de se souvenir, de se précipiter pour effacer sa prose compromettante, aidé en cela par les nombreux conseils avisés et bien intentionnés de divers sites et blogs expliquant dans l’urgence comment faire pour se débarrasser de ses casseroles virtuelles…
Les secrets de famille enfin dévoilés (ainsi donc, je ne suis pas la fille de mon père ?), les liens sacrés du mariage en urgent péril de coup de canif (qu’est-ce que tu écrivais à cette pétasse en Mars 2011, que tu étais libre comme un écureuil ?), les relations en grand danger de faux-amis (pourquoi t’as dit à Pierre que tu pouvais pas me sentir ?) etc, etc…
Ainsi donc, les sbires de Zuckerberg se seraient mélangé les programmes en entrainant tout le monde dans la grande panade du déballage à tout va, lisez, dégustez et rigolez m’sieurs-dames, on brade et c’est gratuit !
Qui n’a jamais rêvé de fourrer son nez avide de découvertes scabreuses dans le journal intime de sa compagne, de son voisin, de ses amis ? Si vous répondez : « moi », vous n’êtes qu’un sale hypocrite… Personne ne résiste à l’intimité dévoilée !
Reste que Facebook est quand même la cause de 33 % des divorces au Royaume-Uni, et que 81 % des avocats Etazuniens déclarent avoir utilisé au moins une fois un site de réseau social pour étoffer les dossiers de leurs clients. Et cela, en picorant seulement dans les échanges ouverts à tous. Alors, en se sustentant à volonté des révélations inédites des messages privés, vous imaginez l’hécatombe !
Le Choderlos de Laclos actuel se cache peut-être là, au détour de cette nouvelle forme de correspondance on-line ? Lettres croisées autant qu’osées, nouvelle déclinaison de l’aventure épistolaire, ces liaisons dangereuses façon 21 ème siècle fascineraient-elles autant de lecteurs que les échanges savoureux entre le Comte de Valmont et Madame de Merteuil ? La question reste posée, si par hasard un talent se trouve au rendez-vous…
Défi est lancé également à tous les auteurs dramatiques en puissance : la comédie de boulevard est devenue la comédie de la toile, les portes qui claquent se sont transformées en claviers qui crépitent, et les parties de cache-cache dans les placards se déroulent désormais derrière les écrans – ce qui n’est ni moins drôle ni moins dangereux, comme l’existence elle-même, exactement !
Et cela pour en arriver à cette conclusion : la vie semble s’être glissée ici, subrepticement mais solidement, et cette « vraie vie oubliée » dans laquelle nous exhortent de retourner « pour notre bien à tous » les détracteurs des relations virtuelles a trouvé son double désormais incontournable.
P.S. Dernière (et exhaustive ?) nouvelle : il semblerait que les esprits se soient échauffés pour rien, que cette prétendue information sérieuse n’ait été qu’un hoax, et que la direction de Facebook ait fini par démentir… Beaucoup de panique pour pas grand-chose ? Oh que non ! Les réactions multiples et indignées des utilisateurs ont parlé : il y a vraiment eu une immense inquiétude, même pas latente. Que c’eût été vrai ou pas n’y change rien : tout le monde a eu très peur, et elle est là, la vraie découverte sociétale !
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