Facebook par les nuls
Lorsque Facebook est entré en Bourse, je me suis demandé si je ne devais pas quitter ce site, si je n‘avais pas vendu mon âme au diable en l‘utilisant. J’ai hésité mais une chose m’a convaincu de rester : le plaisir de lire des énormités d’utilisateurs qui vous régalent quand vous avez un petit coup de blues. Ceux qui font rire à l’insu de leur plein gré. Voilà mon petit plaisir coupable ! Nous allons justement nous concentrer sur eux !
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Je vais commencer par mon préféré : celui qui en faisant sa thérapie sur Facebook fait en quelque sorte la vôtre, il suffit juste de le lire et tout de suite vous avez la joie de vivre ! La vie de merde des autres vous fait aimer la vôtre malgré vos défauts ! Prenons l’exemple d’Amélie, elle a créé sa page Facebook depuis qu’elle s’est faite larguer par son ex-amour éternel ! Cela fait deux ans qu’elle ne parle que de lui à coups de « La page est tournée, tu n’es plus dans mes pensées, je vais regarder devant, avancer et ne pas faire marche arrière pour éviter de l’avoir dans le cul ». Évidemment, elle compte sur ses amies pour la réconforter avec des commentaires gnangnans. Elle sort aussi des phrases pompées chez de grands auteurs (Sheryfa Luna, Vitaa…) sans citer ses sources. Voulant l’aider, j’essaie de lui ouvrir les yeux, en lui faisant comprendre qu’en parlant de son ex sur son mur, elle prouve quelque part qu’elle ne l’a justement pas oublié, que ce n’est pas logique d’écrire avec insistance qu’elle l’a oublié, si c’était vraiment le cas, elle ne l’évoquerait plus tout simplement ! J’ai eu une réponse rapide de sa part : elle m’a supprimé.
Mais heureusement, Il y a sur Facebook d’autres phénomènes anormaux : ceux qui s’envoient l’ascenseur : l’une dit à son amie à quel point elle est belle, l’autre lui répond qu’elle l’est encore plus. Et puis ça continue avec des cœurs : l’une envoie un cœur et l’autre en renvoie deux et ainsi de suite, à un moment donné on commence à avoir la nausée, on a cruellement envie que cela cesse. Il y a aussi celui qui a plus de mille contacts, lui n’hésite pas à informer de sa détresse, de sa solitude : « je suis en manque », quelques jours plus tard : « j’en peux plus là », une semaine plus tard : « bon je suis prêt à niquer n’importe qui, n’importe quoi, y a bien dans mes contacts une désespérée qui n’attend plus rien de la vie et qui voudra bien de moi ? ». Râteau pour lui : mille contacts sur Facebook ne valent pas mieux qu’un ami imaginaire ! Autre phénomène étrange : la personne qui publie ses photos (quasi toutes identiques avec une bouche en Duck face magistrale) et qui supplie ses contacts en privé de cliquer sur j‘aime et de lâcher des commentaires. Le succès est garanti. Facebook est aussi le lieu idéal pour les péteux, ils se doivent de partager leur vie de rêve : « Lundi : Ibiza, mardi : Barcelone, mercredi : Sidney, jeudi : Madrid, vendredi : Aldi ».
On retrouve sur Facebook de tout même des personnes inquiétantes. Je pense à cette fille qui s’est mariée trop précipitamment et qui veut le faire savoir à tout le monde en écrivant de doux mots sur son mur : « Hé connard tu m’en as fait baver maintenant tu vas voir qui va l‘avoir dans le cul. » . La personne concernée n’est pas sur Facebook mais les autres en profitent. Au fil des jours, on sent que le ton monte sur son mur contre son mari qui est peut-être encore sur Caramail mais en tout cas ne donne pas signe de vie sur Facebook ! À un moment donné, tu te dis qu’il faut réagir et puis tu jettes un œil sur son nouveau statut et là tu lis : « Heureuse nouvelle : je suis enceinte ». Facebook, c’est aussi du positif ! Revenons au négatif ! Je voue une certaine haine à certains inscrits, ce sont ceux qui écrivent sous forme de mystère : vous savez ceux qui rédigent des trucs du genre : « J’y crois toujours pas » et là tu veux savoir, tu demandes à la personne et tu t’aperçois que tu n’es pas le seul qui se questionne. Après des masses de commentaires et des heures passées à chercher à savoir enfin, tu espères au fond de toi qu’il s’agit d’une information importante vu le temps passé dessus et ladite personne lâche finalement le morceau : « Bon allez, je le dis ! Dans l’épisode de Plus belle la vie, Samia est devenue enceinte » . Après avoir supprimé le contact, je ressens un petit soulagement, ça fait du bien de se débarrasser de certaines personnes.
Parfois, ça devient morbide, notamment avec celui qui espère avoir un cancer dans l’unique but d’avoir du succès sur Facebook : « JE VAIS MOURIR dans d’atroces souffrances, j’ai un cancer rare et incurable, moi qui voulait faire un régime je vais perdre plus que souhaité ». Il obtient une flopée de commentaires de soutien. Pour lui, c’est la gloire ! Ça donne des idées aux autres qui veulent aussi profiter de leur propre malheur : « Bonne nouvelle pour mon régime, j’ai perdu 20 kilos d’un coup, on m’a amputé la jambe. J’ai tenté de me suicider mais avec une seule jambe, je n’ai pas réussi à sauter par la fenêtre ! ». Évidemment, c’est la compassion totale de la part de ses amis ! Une fois mort, il aurait même droit à de tendres messages sur son mur : « Mon ami, maintenant que tu es auprès de Dieu, j’espère de tout cœur que tu marches à ses côtés… à cloche-pied »
Sur le réseau social, on retrouve l’indétrônable ami original : « Ai Se Eu Te Pego TroOoO CoOOoOl LooOOol », « Les Experts : Miami ce soir », « Il pleut, vivement l’été »… On retrouve aussi celui qu’on a mis dix ans à oublier qui une fois inscrit s‘empresse de nous ajouter et de nous rappeler qui il est : « Hé, tu te souviens de moi ? J’étais avec toi en primaire, je te charriais un peu, je suis directeur général maintenant ! Et toi, c’est vrai que t’as arrêté en secondaire à cause d’une dépression et que t’as même pas droit au chômage ? Ça va toi sinon ? » . Et n’oublions pas celui qui nous les brise en ajoutant cinquante publications en une minute chrono ! Et enfin, il y a toi et moi : des personnes qui savent utiliser Facebook normalement…ou pas !
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