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Féminisme en France

Ce n'est pas la révolution française qui a fait évoluer le statut de la femme dans notre société contrairement à ce que l'on aurait pu croire et espérer (les portes ne sont pas restées entr'ouvertes longtemps), non !

C'est la guerre des hommes entre eux, et plus particulièrement la seconde guerre mondiale qui nécessitait une production industrielle de masse. Les hommes partis combattre et mourir ont dû être remplacés par les femmes dans les usines pour produire les munitions, les armes. Les femmes ont aussi eu à assurer les productions agricoles, usines, commerces, hôpitaux, etc. C'est ce qui les a fait sortir de la maison, passer d'un statut de « femme objet » ou « femme utilitaire pour engendrer », couplé au rôle de « femme ménage/nettoyage/sexuellement utilisable, le tout gratuitement » (donc esclave ni plus ni moins, n'ayons pas peur des mots) à un statut utilitaire de remplacement et de soutien afin de maintenir en place le monde androcentriste (*)des alliés (c'est-à-dire les privilèges des hommes) contre l'idéologie nazi et par la suite communiste.

Le rôle de la femme dans le régime nazi n'était guère plus enviable : il était avant tout une lutte contre le manque d’enfants. Cette lutte a été engagée dès leur montée au pouvoir, par les nazis et se concentra en effet tout d’abord autour de la femme émancipée. Il fallait, à tout prix, l’éliminer de la vie publique, la forcer à réintégrer le foyer selon la vieille théorie des trois K : Küche, Kinder, Kirche (cuisine, enfants, église – Notre équivalent pétainiste : Travail, Famille, Patrie). Dans cet ordre d’idées rétrogrades, à une époque où les femmes commençaient à obtenir le droit de vote et luttaient pour l'amélioration de leur condition et la libération de l’emprise masculine, le parti national-socialiste avait publié en janvier 1921, une ordonnance par laquelle il s’engageait à exclure à jamais les femmes de toute position importante dans le domaine de la politique.

Hitler, le premier, parla de l’émancipation de la femme comme d’un symptôme contre nature semblable à la démocratie parlementaire. A en croire les dirigeants du parti, de telles pulsions témoignaient d’une frustration due à des fonctions insuffisantes des glandes sexuelles (! !!??? tristes sires), Goebbels, pour sa part, comparait la femme aux animaux. « La femme », disait-il, « a le devoir d’être belle et de faire des enfants. L’idée n’est pas aussi vulgaire et vieux-jeu qu’elle pourrait le paraître. La femelle de l’oiseau se fait belle pour son mâle et fait éclore les œufs pour lui (! !!???). L’éloignement des femmes de la vie publique, que nous avons entrepris, n’est fait, en réalité, que pour lui rendre sa dignité ». Cela démontre la profondeur de la stupidité et de l'ignorance de ces messieurs dirigeants, mais également des masses suiveuses.

Rappelez-vous, ce n'est pas si vieux (du temps de mes parents et qui sont encore de ce monde). Et rappelez-vous que tout un peuple et plus a suivi sans sourciller.

Connaissant le courage et les idées de nos gouvernants et de la majorité de nos mâles français de l'époque (pétainistes, ces bons français !), on imagine très bien ce que la condition féminine serait à l'heure actuelle si le nazisme avait pu s'imposer. Ce ne sont pas nos compatriotes masculins français qui auraient combattu pour la cause des femmes ! Nombre d'entre eux étaient très sensibles aux idées nazis et seule la peur du communisme à fait tourner la roue à cette époque.

Sinon, ils auraient été nombreux à se rallier, sans arrière-pensée, à l'extermination des juifs, des tziganes, des handicapés, et au rabaissement de la femme au niveau de l'animal : belle par son plumage, et féconde.

La France a été l'un des derniers pays européens à accorder le droit de vote aux femmes. La première élection auxquelles ont participé les femmes date du 29 avril 1945, à l'occasion de municipales. Cette élection avait été rendue possible grâce à Fernand Grenier qui représentait le Parti communiste, parti autorisé à l'Assemblée consultative provisoire d'Alger car n'ayant pas voté les pleins pouvoirs à Pétain. Etonnant, non ?

 (*) androcentrisme : qui désigne l'attitude qui privilégie plus ou moins (et plutôt plus que moins) l'existence, le point de vue et la pensée de l'homme (par opposition à la femme).


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28 réactions à cet article    


  • Talion Talion 26 avril 2011 10:30

    Comme le disais Wolenski :
    Il faut améliorer la condition féminine : par exemple agrandir la cuisine, baisser les éviers ou mieux isoler les manches de casseroles."
      smiley 

    Si vous me cherchez, je suis déjà loin et je cours !


    • HINLE HINLE 27 avril 2011 10:45

      Oui, c’est un début. Merci. Vous êtes dans la bonne direction, la fuite ?


    • Lisa SION 2 Lisa SION 2 26 avril 2011 10:51

      Bonjour,

      « L’éloignement des femmes de la vie publique, que nous avons entrepris, n’est fait, en réalité, que pour lui rendre sa dignité ». » le modèle actuel pour la femme en devenir, c’est la télé. Elle apparait très souvent en rang serré en petite tenue, servant de décor derrière les star du show bizz et soumise au rythme militaro musical telle une armée au service de le con-sommation des masses.

      Où est la dignité derrière le vernis ou derrière les coulisses du système ?


      • tikhomir 26 avril 2011 15:04

        @Lisa SION 2

        Eh bien, si vous voyez des femmes en petite tenue à la TV c’est donc qu’elles ont une vie publique... On en trouve aussi un peu partout à moitié nues pour mettre en valeur des objets dans des publicités. Où est la dignité ? Dans la consommation pardi ! C’est la seule chose digne aux yeux de notre société : consommer.

        Glorifiez donc le féminisme qui a permis que les femmes retrouvent cette dignité et cette vie publique sur des panneaux publicitaires. C’était un combat primordial surtout au moment où le nazisme montait !


      • HINLE HINLE 27 avril 2011 11:05

        @ onclearchibald
        L’humain a toujours eu besoin de « jouets » ou de hobbies/passions/centres d’intérêt. Ils sont ce qu’il sont. On peut ne pas être d’accord et les critiquer ou le juger futiles, inutiles, mais c’est partie de notre désir de possession et nécéssité de compétition. Certains se mettent des os dans les cheveux, d’autres des plateaux labiaux, certains utilisent des plumes d’autruche. D’autres se déguisent avec des costumes à queue de pie, ou se promènent dans des véhicules dits de luxe. Les hommes et les femmes luttent contre la décrépitude et le vieillissement.¨Être féministe ne veut pas dire être « décrépie » ou ne pas aimer le corps et/ou le cacher.
        cordialement


      • je-fe je-fe 26 avril 2011 11:20

        Merci pour cet article. Il est toujours bon de rappeler le passé pour éviter de retomber dans les mêmes pièges.


        • zadig 26 avril 2011 14:48

          Bonjour,

          Je proteste en France il y a égalité des sexes. La preuve :

          Françoise Giroud (femme admirable) Déclarait :

           « Il y aura égalité entre les hommes et les femmes, le jour où on nommera des femmes incompétentes à des postes de responsabilité. » 

          Et bien (au moins depuis 2007) c’est fait !

          Cordialement

           


          • La râleuse La râleuse 26 avril 2011 17:35

            J’adore ce genre d’humour.
            Et ce n’est pas un mince compliment venant de la part d’une féministe smiley


          • Hermes Hermes 26 avril 2011 17:11

            La femme a toujours eu le pouvoir, mais un pouvoir social en général non manifeste. Je dis bien en général car il y a a de grandes figures historiques de femmes de pouvoir.
            Puisque nous sommes dans les généralités invérifiables, je pousserai aussi que la plupart du temps les hommes sont plus faibles que les femmes face à l’adversité quotidienne, alors que dans les affrontements violents ou les travaux de force, leur comportement pourra éventuellement être plus efficace. L’homme aura toujours besoin de combler par la prise de possession de son environnement ce que la femme possède intrinsèquement et qu’il n’aura jamais : la faculté d’enfanter.
            Et en dehors des généralités, il convient d’apprécier chaque personne avec ses qualités propres, et effectivement si on est objectif, il ne peut pas y avoir de domaine d’exclusivité à l’un ou l’autre sexe. Cela est d’autant plus vrai que les outils des sociétés industrielles nécessitent de moins en moins l’usage de la force et de la violence.
            Je rend hommage a mon aieule qui abrita et fit passer au risque de sa vie de nombreux aviateurs alliés cloués au sol. Il y eut des femmes résistantes en quantité certainement, et sans le rôle non visible de ces femmes, rien n’aurait pu se faire. Les hommes décrivent le monde à travers le bruit et la fureur qu’ils y génèrent, mais l’effacement de la femme dans l’histoire n’est que le prisme de cette description.
             L’homme et la femme sont deux faces complémentaires de la nature humaine, et il est stérile de les opposer.


          • HINLE HINLE 27 avril 2011 11:51

            On est courageux par obligation ou courageux par ignorance.
             C’est en pensant à mes oncles durant la deuxième guerre mondiale que j’ai écrit cela (et à mes tantes d’ailleurs comme ces femmes allemandes qui soutenaient le nazisme). Des hommes et femmes qui ont eu le courage de résister et qui ont été torturés, n’auraient pas eu à le faire ou à l’être si les autres avaient eu le courage de réagir.....

            Je ne sais pas si je suis courageuse n’ayant jamais eu à affronter des situations me demandant du courage et je me demande souvent comment j’aurais réagi face à l’image-père Pétain revenu pour sauver la France. Je pense qu’on peut être courageux dans certaines circonstances et vivre dans la peur et la terreur et donc être lâche dans des systèmes de dictature.

            Quant aux autres qui sont venues courageusement ou non se faire tuer en Europe : nombre d’entre eux comme nos combattants n’avaient guère le choix. Exemples extrêmes : le 442e américains composés de Japonais (plutôt que d’être internés dans les camps aux USA),
            les Tirailleurs Sénégalais, les zouaves, etc (nos colonies), les noirs américains pour améliorer leur intégration sociale, les Hawaïens pour prouver leur appartenance aux Etats-Unis, et tous les pauvres hommes qui n’ont pas su dire non. 
            En complément :
            http://clio.revues.org/index513.html

            1-1995 Résistance et Libérations France 1940-1945
            L’oubli des femmes dans l’historiographie de la Résistance

            Rita THALMANN

          • cathy30 cathy30 26 avril 2011 16:36

            Cette article est tout simplement honteux.
            Avilissant pour les femmes et les hommes.
            Pourquoi confondre des régimes pervers qui envoient les hommes aux combats pour servir leurs intérêts et des hommes qui aspirent à vivre dans la tranquillité en faisant vivre leur famille.

            Mais vous avez raison de souligner que si la femme est glorifiée dans différentes époques de l’histoire, c’est qu’il y a anguille sous roche. Alors posez vous la question pourquoi aujourd’hui la femme est idéalisée ? N’est ce pas pour servir les intérêts des financiers. citation de Staline : détruisez la famille et vous détruirez la société.
            Et pourquoi la femme est idéalisée dans les hautes sphères, n’est ce pas pour engendrer une meilleur filiation qui commence vraiment à dégénérer avec le temps. Voir le mariage de la famille Windsor avec une roturière en ce moment. vous vous trompez de combat et de cible.


            • hommelibre hommelibre 26 avril 2011 16:44

              On a bien compris : les hommes sont des esclavagistes depuis la nuit des temps, et de plus des nazis en puissance. Tous. Leur seul plaisir a été de soumettre les femmes, qui d’ailleurs doivent être soumises par nature puisqu’aujourd’hui elles sont soumises à la mode, à la consommation, à Elle et Marie-Claire ou Cosmo, aux hommes à grosses voitures, au rouge à lèvres, etc.

              Les hommes doivent décidément être différents pour n’être soumis à rien ni personne, ni à la mode, ni à leur femme, ni au patron, etc. En lisant ce billet je comprends enfin pourquoi on parle du sexe fort à propos des hommes.

              Plus sérieusement les femmes libertines du 18e siècle revendiquaient déjà la liberté de leur corps, celles du 17e tenaient salons et discutaient de science et de philosophie en s’émancipant de leurs maris, celles du 15e siècle tenaient la ferme avec leur homme, celles du 14e disposaient de leurs biens, les femmes celtes faisaient de la politiques, les femmes sous Hamourabi avaient autant de droits en justice que les hommes.

              L’homme-inséminateur, l’homme pourvoyeur ou payeur (encore aujourd’hui), l’homme chair à canon pour défendre son clan et sa famille, est le pendant de la femme génitrice. Ce qui n’est d’ailleurs que la survie de l’espèce. Même le gynocentrisme (fidélité de l’homme, appartenance à la femme, centrage sur les besoins féminins) est destiné à faire un clan fort.

              Quand au langage de la femme qui s’opposerait au langage de l’homme, je reste perplexe. Est-il possible d’étayer cette affirmation ?

              PS : A propos de Hitler, il avait compris que les femmes sont les égales des hommes, en leur confiant des rôles de gardiennes dans les camps de la mort. Elles étaient donc aussi cruelles que les hommes et adhéraient sans état âme au nazisme.


              • easy easy 26 avril 2011 17:18


                A ma connaissance, très limitée, les Nazis n’ont effectivement accordé aucune place de medium ou de direction aux femmes, à l’exception de Leni Riefenstahl

                Il est vrai que c’est le manque de bras masculins provoqué par les guerres qui a envoyé les femmes dans la société civile, mais en dehors de ce grand tournant matériel, ça faisait des siècles qu’elles poussaient à la roue.

                C’est bien.


                Mais du coup, les femmes se retrouvent disons héritières d’une situation fondamentalement androcentriste.
                C’est comme si les femmes s’étaient retrouvées aux manoeuvres sur un navire où les hommes avaient été décimés. Elles se seraient retrouvées aux commandes d’un navire conçu par et pour des hommes

                Certainement qu’avec le temps, les femmes s’impliquant de plus en plus dans les fondamentaux du navire, notre Système deviendra vraiment androgyne et hermaphrodite mais pour l’instant il reste encore largement étranger à la nature de la femme. La situation actuelle oblige donc les femmes à avoir davantage une position de contestation qu’une position de responsabilisation. Ce bateau n’est pas le leur et elles ne cessent de le dénoncer en prenant l’incontournable et logique position de victime.

                Cette victimisation de la femme agace forcément les hommes qui s’en défendent alors en évoquant parfois leur sang versé pendant ces fameuses guerres.

                Mais attention, chaque camp, surtout celui des hommes, aurait alors tendance à abuser des morts. Les seuls à pouvoir répondre aux femmes que les hommes ont été les victimes absolues par leur sang versé sont ceux qui en sont morts de l’avoir versé. Pas les hommes en vie, pas ceux qui n’ont jamais offert leur vie à la Patrie.

                Chaque camp, surtout celui des hommes, doit prendre garde de ne fonder sa victimitude que sur sa propre victimitude, pas sur celle d’autrui, même pas sur celle de son père ou grand-père, car ce serait faire parler des morts.

                J’insiste sur ce point très symptomatique de l’Occidental. Il n’y a qu’ici, sans doute à la suite du brandissement de la crucifixion, que chacun trouve naturel et de bon aloi de discourir d’aise sur le sang versé par autrui. Se poser d’autorité en brandissant la robe ensanglantée d’un inconnu, parfois aux antipodes, soit pour lancer une croisade, soit pour faire cesser une guerre, c’est le méta crédo des Français.

                La base de tout discours d’autorité, entre Français, consiste à avoir toujours dans la manche tout un panel de cadavres. Celui qui exposera le plus gros chiffre emportera la discussion. (d’où le Godwin)

                Ca a bien entendu de bons côtés du point de vue archangiste mais au bilan il n’y a pas plus faux-cul que cette récupération que chacun fait des cadavres et misères des autres, dont ils ne connaissent en fait rien du tout.

                Citer des célébrités, brandir leurs citations, brandir des photos choc venues d’on ne sait où, montrer des images d’êtres faméliques dont on ignore jusqu’à leur nom, c’est le dada de l’Occidental et je pense que c’est une très mauvaise habitude qui structure très mal notre Navire.

                Pardon de dériver jusque sur le nucléaire mais concernant Fukushima c’est le même travers qui prévaut. Au lieu de dire uniquement « Oh la la, on ne veut surtout pas de ce genre de cata chez nous et cela parce que ça nous ferait chier » on ne cesse de discourir sur la souffrance des Japonais, allant même jusqu’à envisager leur exode massif vers la France.
                Or nous avons un vrai problème à régler ici et c’est celui de nos centrales. 

                Ce jeu de dupe permanent fait que pendant qu’on envoie des vivres au Biafra, on écrase tranquillement nos miséreux. Pendant qu’on joue les pleureuses sur les Japonais, on écrase tranquillement nos Gitans. 

                Il serait temps de convenir que quiconque brandit quelque doléance non exactement personnelle, quiconque ne pleure pas en son nom propre, cherche à tromper son monde en singeant une empathie formatée. Ce n’est pas de l’empathie que de retourner vers les autres, pour les choquer, une photo qui nous a choqué, c’est du médiatisme.

                Jamais les Français n’ont été aussi individualistes, jamais ils n’auront autant utilisé la souffrance des autres pour donner le change.


                • Annie 26 avril 2011 22:41

                  @Easy,
                  J’ai bien aimé votre commentaire même si je ne suis pas d’accord avec lui, parce que si je comprends bien, si l’on fait quelque chose, c’est que nos motifs sont impurs, et si l’on ne fait rien, c’est que l’on est égoïste. Pourtant, quels que soient les motifs ou les moyens employés, quelques vies ici ou là ont été sauvés, et les bénéficiaires n’en questionnent pas les motifs.


                • easy easy 27 avril 2011 09:27

                  Bonjour Rodier,

                  ******* En travaillant ce type de sujet, j’ai donc compris que dans nos sociétés formatées à l’émotionnel cathodique fondé sur l’effet ’bébé phoque’, dans cette société ou celui qui a su le plus émouvoir au journal de 20 heures où l’émotion fait oeuvre de vérité..., il est important de ne pas laisser le terrain de la compétition mémorielle, à un seul groupe d’individus.*******

                  Vous avez donc remarqué qu’il existe une course doloriste et vous avez décidé d’y participer.

                  Je dois bien avouer que j’avais pour ma part remarqué qu’il existe une course à l’argent et j’y avais participé. Je ne vaux donc guère mieux que vous.


                • easy easy 27 avril 2011 10:01

                  Bonjour Annie,

                  Je ne sais pas comment sont faits les livres d’Histoire en ce moment. Mais il y a 50 ans on mentionnait les croisades sans les critiquer (pendant ce temps, en économie, on étudiait la création monétaire sans la critiquer non plus. Et en biologie, on disséquait des animaux sans critiquer cette mise à mort d’animaux).

                  En fait, c’est un nombre incalculable de choses, de comportements ou d’automatismes qui nous ont été inculqués sans que nous ayons été invités à les critiquer. Dès lors qu’on nous raconte les tournois, la guerre, la prison, les croisades, les révolutions, les décapitations, sans jamais nous inviter à la critique, c’est horrible à le constater mais oui nous avalons ça sans aucune difficulté.

                  La critique ça doit s’enseigner et on ne nous l’enseigne pas ou alors en fin de cycle scolaire lorsque nous avons déjà intégré les fondamentaux culturels. 

                  Il est donc très difficile pour chacun de nous, d’arriver à voir à quel point nous avons été formatés à des automatismes, dont celui de la douleur-par-procuration.

                  Il y a eu longtemps, une concurrence entre deux gestes possibles. Celui consistant à mendier en exhibant sa propre douleur (C’était le fait de mendiants d’une part et de l’aristocratie qui, surtout sous Louis XIV, devait aussi mendier le roi). Et celui consistant à mendier au nom des pauvres (ça c’était le coeur de l’activité pécuniaire des curés et évêques)
                  En gros donc, avant la Révolution, l’Eglise ne mendiait jamais pour elle mais toujours pour quelque vague autrui (parfois plus clairement pour refaire une toiture).
                  L’Eglise était en somme le seul corps à avoir une attitude d’avocat. La Sorbonne était le fief de l’évêque Cauchon qui avait planté Jeanne et c’est aujourd’hui le temple de la rhétorique de Cour de Justice.

                  Chacun de nous a régulièrement été pris par les fers de la culpabilité lorsque passe le gamin avec son panier dans les rangées de l’église. Chacun de nous a ressenti ce qu’il fallait de culpabilité devant les représentations de la Passion, plus prosaïquement la torture infligée au Christ. Nous nous sommes donc passionnés par la torture et nous en avons été des experts.
                  Mais une fois qu’elle est devenue interdite, une fois qu’on a décidé qu’il fallait dissimuler les exécutions des condamnés, nous avons compris que nous devons dissimuler nos tendances tortionnaires. Tout en éprouvant bien évidemment de la culpabilité à cet endroit.

                  De cette schizophrénie entre passion pour la Passion et culpabilité devant la souffrance d’autrui, nous avons tiré un modus vivendi qui consiste à exorciser ce paquet impossible en l’exultant au travers d’accusations.
                  Le jeu, pour nous, consiste donc désormais à retourner tous les recoins de la planète pour y trouver quelque cadavre ou dépouille ensanglantée et sans jamais avouer notre goût pour le morbide, nous jetons ces images à la face des autres, de n’importe qui en fait.

                  Les curés avaient passé des siècles à se faire valoir, à s’autoriser en nous jetant à la figure le corps ensanglanté et torturé du Christ, ils nous ont même dit que c’était méritant d’aller sauver son tombeau et d’en récupérer quelque fragment d’os. Alors, nous faisons exactement la même chose que nos autorités religieuses, sauf qu’étant laïcs, nous traitons de tous les cadavres de toutes les souffrances sauf du Christ.

                  L’empathie c’est ressentir à peu près ce que ressent une personne devant nous et aller éventuellement soit à partager ce sentiment soit à le soulager.

                  Or il est très difficile de soulager la souffrance vraie qui s’étale devant soi. Alors nous avons inventé une fausse empathie qui consiste à renvoyer vers d’autres cette image d souffrance qui nous interpelle. Ca entre dans notre oreille G, ça ressort par notre oreille D, On a fait notre boulot de média, de curé. On n’a pas à soulager nous-mêmes cette souffrance, il nous suffit de la transmettre, aux autres de se démerder avec.

                  Oui, mais à ce jeu là, il y a 100 000 gestes médiatistes et 2 gestes d’aide directe. Du vent, du vent et surtout du vent



                • HINLE HINLE 27 avril 2011 13:00

                  @easy
                  « Mais du coup, les femmes se retrouvent disons héritières d’une situation fondamentalement androcentriste.
                  C’est comme si les femmes s’étaient retrouvées aux manoeuvres sur un navire où les hommes avaient été décimés. Elles se seraient retrouvées aux commandes d’un navire conçu par et pour des hommes

                  Certainement qu’avec le temps, les femmes s’impliquant de plus en plus dans les fondamentaux du navire, notre Système deviendra vraiment androgyne et hermaphrodite mais pour l’instant il reste encore largement étranger à la nature de la femme. La situation actuelle oblige donc les femmes à avoir davantage une position de contestation qu’une position de responsabilisation. Ce bateau n’est pas le leur et elles ne cessent de le dénoncer en prenant l’incontournable et logique position de victime.

                  Cette victimisation de la femme agace forcément les hommes qui s’en défendent alors en évoquant parfois leur sang versé pendant ces fameuses guerres. »

                  Oui c’est bien vu : nous avons été usufruitières d’un navire androcentriste.
                   Nous en restons les passagers avec le droit aux premières classes de temps en temps.


                • La râleuse La râleuse 26 avril 2011 18:08

                  Et bien dites donc, Hinle, vous les avez quelque peu bousculés les lecteurs !
                  Quelle violence, quelle acrimonie de la part de rodier_a : « ... article fait d’anachronismes et de facilités historiques, Vision simplette de l’histoire,... »
                  Ah bon ! Pourtant, il me semble bien que ce que vous écrivez relate des faits incontestables :

                  ... Ce n’est pas la révolution française qui a fait évoluer le statut de la femme dans notre société, c’est la guerre des hommes entre eux, et plus particulièrement la seconde guerre mondiale qui nécessitait une production industrielle de masse. Les hommes partis combattre et mourir ont dû être remplacés par les femmes dans les usines pour produire les munitions, les armes. Les femmes ont aussi eu à assurer les productions agricoles, usines, commerces, hôpitaux, etc. C’est ce qui les a fait sortir de la maison, passer d’un statut de « femme objet » ou « femme utilitaire pour engendrer », couplé au rôle de « femme ménage/nettoyage/sexuellement utilisable, le tout gratuitement » (donc esclave ni plus ni moins, n’ayons pas peur des mots)...

                  Je ne m’explique vraiment pas l’explosion hargneuse de Monsieur rodier_a !

                  De même, hommelibre, ce rédacteur dont j’aime beaucoup les articles, me déçoit.
                  Son commentaire ne lui ressemble pas, lui qui est d’habitude plus modéré, plus ouvert aux idées des autres.

                  oncle archibald et tikhomir m’amusent : Leurs commentaires pourraient tout aussi bien s’appliquer aux hommes.

                  Les commentaires qui m’apparaissent les plus intéressants, les plus réfléchis sont ceux de
                  Lisa SION2, je-fe, Hermes, easy qui ont, en plus, l’élégance de s’exprimer avec modération.

                  Ceci est bien sûr mon point de vue que je partage avec moi-même.
                  Et ces réflexions mises à part, je vous trouve très sympathique Hinle.


                  • HINLE HINLE 27 avril 2011 11:59

                    réactions épidermiques, et révélatrices, Chère Râleuse. 

                    Bien cordialement.


                  • HINLE HINLE 27 avril 2011 12:06

                    @onclearchibald : les femmes ne fonctionnent pas. Elles vivent, comme vous.


                  • HINLE HINLE 27 avril 2011 18:25

                    Rabelais : les moutons de Panurge
                    « Panurge sans autre chose dire iette en pleine mer son mouton criant & bellant. Tous les aultres moutons crians & bellans en pareille intonation commencèrent soy iecter & saulter en mer après à la file. La foulle estoit à qui premier saulteroit après leur compaignon. Possible n’estoit les en guarder. Comme vous sçavez estre du mouton le naturel, tous iours suyvre le premier, quelque part qu’il aille. Aussi le dict Aristoteles lib. 9. de histo. animal. estre les plus sot & inepte animant du monde ».

                    Un seul mouton suffit parfois, les autres suivent, mâles ou femelles, blancs ou noirs, jeunes ou vieux.


                  • zelectron zelectron 27 avril 2011 00:33

                    personne de la curieuse société du monde ....
                     


                    • Raie's kareray 27 avril 2011 08:31

                       La Révolution Française n’a guère fait évoluer les Droits de la femme dans la société Française !

                       

                       

                      C’est la IV° République qui a lancé le grand mouvement avec le principe de l’égalité entre hommes et femmes ; la V° a fait la suite
                      http://felina.pagesperso-orange.fr/doc/femm/datesfemmes.htm

                      • Bilou32 Bibi32 27 avril 2011 09:16

                        Les hommes et les femmes ne sont pas « égaux » mais complémentaires. La nature (ou Dieu ?) a donné des muscles et un pénis aux hommes, et a la femme la faculté de créer la vie, avec tous un lot d’hormones qui contrôle tout çà. C’est assez complexe chez la femme d’ailleurs... l’homme est beaucoup plus simple et rudimentaire !


                        • Raymond SAMUEL paconform 27 avril 2011 10:32

                          Calomniez, calomniez, il en restera toujours quelque chose...


                          • HINLE HINLE 27 avril 2011 12:17

                            Le poids des préjugés au XVIIIème siècle 

                            Avant tout, il est essentiel de rappeler que la société occidentale du 18ème siècle est chrétienne. Les mentalités sont forgées de croyances anciennes, sur les femmes notamment. Au 18ème siècle, même si la société chrétienne européenne a quelque peu évolué depuis le Moyen-Age, il est des mythes qui perdurent. Ainsi en est-il du mythe de la femme créée non en même temps que l’homme, mais à partir de l’homme... Sur ce mythe repose l’essentiel du comportement des hommes à l’égard des femmes : la femme doit tout à l’homme, elle lui est soumise... Sans oublier que la femme est le symbole du malheur du genre humain : en effet, n’est-ce pas, Eve qui, dans la mythologie judéo-chrétienne, incita Adam à manger le fruit interdit ?
                            Femme faible de par sa constitution, femme tentatrice, femme fatale, les femmes, depuis des temps très anciens, sont cause de nombreux malheurs. A la veille de la Révolution française, les mentalités n’ont pas beaucoup changé...

                            En 1789, lors des débats sur les conditions de formation des assemblées primaires, la question du droit de vote des femmes ne fut même pas soulevée à l’Assemblée Constituante. Elles étaient naturellement évincées des droits civiques, sous le poids des préjugés sur la nature des femmes et de la perception de la frontière entre espace privé et public, l’ordre des rapports naturels et sociaux.

                            Les lieux communs sur la nature des femmes sont nombreux. Littérature, philosophie et médecine ont croisé leurs approches afin de « naturaliser » à l’extrême la féminité : «  constitution délicate  », «  tendresse excessive  », «  raison limitée  », «  nerfs fragiles  »… L’accent est mis sur l’infériorité intellectuelle et physiologique de la femme. Diderot, dans son essai de 1772 Sur les Femmes, note que l’exaltation de la beauté féminine et la célébration du sentiment amoureux ne sont que l’envers de l’enfermement de la femme dans son infériorité physique.

                            Les femmes ne sont pas considérées comme de vrais individus pour les hommes de 1789.
                            Elles doivent se contenter d’une activité domestique, extérieure à la société civile, et sont donc considérées comme des mères ou ménagères, loin des fonctions sociales que certaines désirent. Cette identification de la femme à la communauté familiale dépouille la femme de son individualité. La femme est le principe spirituel (l’âme) du foyer, l’homme en est le principe juridique. Le cantonnement de la femme à la sphère privée s’accentue lorsque l’homme est reconnu dorénavant, avec la Révolution, comme un sujet autonome, participant directement à la souveraineté politique.

                            Condorcet épouse avec ardeur la cause de tous les opprimés (esclaves, juifs, protestants…) et notamment la cause des femmes. C’est que le marquis de Condorcet est fils unique et orphelin de père, et a été élevé et couvé par une mère aimante et exclusive. En 1789, il trouve une spécialité dans l’éducation dont il sera à la Convention l’avocat visionnaire. Il dit ainsi « Ce n’est pas la nature, c’est l’éducation, c’est l’existence sociale qui cause cette différence [...] il est donc injuste d’alléguer, pour continuer de refuser aux femmes la jouissance de leurs droits naturels, des motifs qui n’ont une sorte de réalité que parce qu’elles ne jouissent pas de ces droits  ».

                            L’inégalité apparente des femmes se fonde donc selon lui sur le manque d’instruction dont elles sont victimes. Condorcet ouvre ainsi la voie aux féministes du XIXème qui centreront leur lutte sur l’accession des filles à l’instruction. Parallèlement à son combat pour l’instruction des femmes, Condorcet met l’accent sur leurs droits politiques . Les femmes doivent voter car aucune caractéristique naturelle ne peut constituer une contre indication. Tous les féministes de la période révolutionnaire développent le même argument.
                            http://www.thucydide.com/realisations/comprendre/femmes/femmes3.htm


                            • HINLE HINLE 27 avril 2011 12:18

                               Sont donc exclus du suffrage les mineurs, les aliénés, les religieux cloîtrés, les domestiques et les femmes : (constitution de 1791)

                              La marche vers le « suffrage universel »… sans les femmes 

                              La Révolution ouvre l’accès aux droits politiques à un plus grand nombre. Auparavant, les droits politiques n’étaient pas même admis pour les hommes car ils étaient non pas liés à un droit mais à un état : celui de propriétaire. La Constitution de 1791 accomplit un grand pas en décrétant un suffrage quasiment universel. Pour voter, il faut être français, avoir l’âge de raison politique -21 ou 25 ans- , bénéficier de revenus ou payer une contribution équivalente à quelques jours de travail, et ne pas être dans un état de domesticité.

                              Pierre Rosanvallon, dans son ouvrage Le Sacre du citoyen, Histoire du Suffrage Universel en France, présente la triple exigence appliquée à l’époque :
                              - indépendance intellectuelle (être un homme doué de raison),
                              - indépendance sociologique (être un individu et non le membre d’un corps),
                              - indépendance économique (gagner sa vie).
                              Sont donc exclus du suffrage les mineurs, les aliénés, les religieux cloîtrés, les domestiques et les femmes.


                              • HINLE HINLE 27 avril 2011 12:23

                                Olympe de Gouges (1748-1793)

                                Femme de lettres, Olympe de Gouges est la première à instituer les sociétés de femme. Elle se bat pour des causes diverses dont la libération des esclaves, la création d’un théâtre national pour femmes écrivains ou encore la construction de maternités. Auteur de manifestes et pamphlets politiques, Olympe de Gouges fait entendre avec courage ses idéaux politiques progressistes. Elle revendique l’égalité des droits pour la femme aussi bien dans la sphère publique que privée, plaidant notamment pour la reconnaissance du droit de vote pour les femmes. En 1791, elle publie son œuvre la plus célèbre : la Déclaration des Droits de la Femme et de la Citoyenne, demandant ainsi l’extension aux femmes de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen. Devenue la cible des dirigeants sous la Terreur, elle est poursuivie et arrêtée pour ses écrits sur l’égalité des sexes et la démocratie. Elle est guillotinée en 1793.
                                http://www.thucydide.com/realisations/comprendre/femmes/femmes2.htm#

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