Frigide Barjot, égérie canularesque des cagots gogos
Une fausse Bardot – qui n’aime pas les jars – est devenue la Sainte Frigide appelant à bouter hors du parlement la satanique loi sur le mariage pour tous. L’immortelle interprète de « Fais-moi l’amour avec deux doigts » a connu son chemin de Damas en août 2004, « réveillée », dans une foi bien endormie, par l’un des derniers sermons de Jean-Paul II, à Lourdes. Elle qui sentait plutôt le soufre est en odeur de sainteté. Mais celle qui se dit « attachée de presse de Jésus » ne serait-elle pas une lointaine disciple de Léo Taxil, le roi du canular ?
Avec son époux, Basile de Koch, Frigide Barjot fut d’abord l’égérie de Jalons, lancé en 1984 par une manifestation contre le froid, au métro Glacière, avec pour slogan : "Verglas assassin, Mitterand complice !". Un groupe censé regrouper des royalistes de Restauration Rapide, des chiraquiens d’abord du RAPOURI (RAssemblement POUr RIen) puis des sarkozystes de l’Union des Moutons de Panurge (UMP), des centristes de CDPD (Centre démocratique pour le progrès et le développement), des ségolénistes de Désirs de Gauche Adroite (qui succédait aux Mitterrandistes de Vénération Mitterrand), des écologistes de Verts de Terre, des altermondialistes de la GAL (Gauche Anti Libérale), des crypto maoïstes de l’Union des travailleurs pauvres et moyens pauvres de la couche inférieure sans oublier des lepénistes de Nazisme et dialogue. De l’humour potache, style anarchiste de droite. Dans la même veine, Karl Zéro, le beau-frère de Frigide, se disait monarchiste de gauche.
Jalons a beaucoup donné dans le pastiche de journaux : Le Monde devient Le Monstre, Libération L’aberration, Voici – où travaille Basile de Koch – Voiri, L’équipe L’épique… seule la parodie d’Entrevue devenue Fientrevue leur valut un procès.
Certes, notre couple, Basile surtout, a un passé à la Madelin-Longuet-Devedjan. Frigide Barjot et Basile de Kock ont été mariés par Georges de Nantes dit l'Abbé de Nantes, fondateur de la Contre-Réforme Catholique (CRC), joyeux drille, pétainiste sous Pétain, ardent défenseur de l'Algérie française (seul prêtre à défendre l'usage de la torture), dénonçant l'église devenue selon lui « Mouvement d'Animation Spirituelle de la Démocratie Universelle » (MASDU) ou « forme moderne de l'Antéchrist éternel ». Entre autres activités, ils ont été nègres de Charles Pasqua. Est-ce eux qui avaient l'habitude de glisser dans les discours de leur patron des citations d'Hitler ou de Staline (l’ex-représentant Ricard n'y voyant que du feu) ?
Mais il est un peu difficile de discerner l’intégrisme catho dans le groupe Frigide Barjot & Dead Pompidou’s quand elle interprète Fais-moi l’amour avec deux doigts, avec trois ça ne rentre pas, avec un ça ne suffit pas. Tout de droite qu’ils se revendiquent, ils n’hésitent pas à se moquer de Sarko avec Pour qui sonne le bling. Et le répertoire contient ces œuvres sublimes que sont « Y a-t-il quelque chose plutôt que rien ? », « Tu crois ou tu crois pas ? », « Y a-t-il une vie avant la mort ? » « Les femmes ont-elles une âme ? », « Fais-moi l’Europe à 35 membres », « La matraque », ou « J’ai retrouvé Simone » … toutes empreintes d’une spiritualité transcendantale.
Œuvres qu’elle interprétait encore en 2011. Or, si l’on en croit sa sainte légende, elle s’est réveillée à sa foi en août 2004 avec un des derniers prêches de Jean-Paul II à Lourdes. Devenue alors, dit-elle, fofolle de dieu, au moment où Benoît XVI voulait réintégrer les évêques schismatiques – en particulier un certain Williamson, négationniste – elle est devenue super-papiste en lançant un « Touche pas à mon pape » et en organisant un « benoîthon ». Réunissant quelques milliers de signatures, elle alla les remettre au pontife teuton. Depuis elle dame le pion, sans trop de difficultés on en conviendra, au sosie de Gérard Languedepute, le belge Alain Escada*, leader très peu charismatique de Civitas et même à notre très chère chaisière, qui a su se vendre pour un plat de lentilles au moment des présidentielles, Christine Boutin.
Les discours niaiseux qu’elle tient n’ont pas la force de ceux d’un Taxil qui n’hésitait pas à décrire un culte de Baphomet dans des loges maçonniques dont le chef suprême, Albert Pike, rencontrait Lucifer tous les vendredi à trois heures. Là, elle nous récite du Vingt-trois mâtiné de Barbarin, avec beaucoup de n’importe quoi. Mais c’est une « bonne cliente » avec une gouaille qui passe bien à la télé. Son parcours semble cependant calqué sur celui de Taxil. Et les bigots semblent se laisser prendre aux mêmes pièges. Certes, elle n’était pas aussi éloignée de l’église catholique que Taxil, qui commit quelques ouvrages comme "Les maîtresses du Pape", "Le Pape femelle", "L'homosexualité dans les couvents"... plus sulfureux que Fais-moi l’amour avec deux doigts et autres chansons bardotesques. Mais comme lui, elle affiche une soudaine conversion et obtient une audience du pape. Et prendre au sérieux ces parodiques « Touche pas à mon pape », « Benoîthon » et autres guignolades révèle chez les bigots des trésors de crédulité. Bienheureux les pauvres d’esprit disait autrefois les béatitudes.
La hiérarchie catho est-elle vraiment dupe ? Elle est piégée par l’audience papale et l’impact médiatique de la drôlesse. Car elle joue à la perfection le rôle, très BB, de l’idiote utile. Elle donne un bon coup de ripolin pipeul à l’image confite en dévotion des bigottes qui s’affichent au milieu de scouts d’Europe aux allures un peu trop martiales et de têtes d’haineux de souche, arborant des sacrés cœurs vendéens. Toute « born again », comme disent les états-uniens, qu’elle soit, elle présidait un mariage homosexuel, dans une boîte de nuit, en 2007 (4 ans après sa prétendue re-conversion). Cérémonie parodique qu’elle ne renie pas. Et qui donc, paradoxalement, permet de dédouaner la future manif anti mariage pour tous, dont elle est une des principales organisatrices, de l’accusation d’homophobie.
On retrouve donc tous les ingrédients, en mode mineur, du canular à la Taxil. Une parodiste déjantée, qui fréquente les hauts lieux de la vie nocturne, devenue folle de la messe. Des opérations délirantes telles que le benoîthon qui lui valent audience papale. Un activisme forcené pour prouver sa foi recouvrée (tout en donnant encore dans la franche déconnade, comme ce faux mariage de Romero)…
Aura-t-elle, comme son lointain prédécesseur, le courage d’avouer son canular, ce que fit Léo Taxil le 19 avril 1897, un lundi de Pâques ? Ça serait parfait, le lundi de Pâques cette année tombe le 1er Avril !
* Si j'en crois Le Figaro - et comment ne pas croire le Figaro ? - il a 41 ans, il est bouquiniste, il "est un ancien du Front National Belge" et, ça ne s'invente pas, "il a été candidat aux législatives sur les listes du parti d'extrême-droite Zut". (http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2011/12/08/01016-20111208ARTFIG00814-civitas-ce-mouvement-chretien-sorti-de-l-ombre.php)
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