Futuna, espace singulier
Cyril Lanas, représentant de Cap21 à Futuna, nous fait découvrir Futuna et son île jumelle Alofi.
Parmi les terres de la république, l’île de Futuna et sa jumelle Alofi sont les plus éloignées de Paris.
Géographiquement, c’est un fait certain : les 16 252 km qui nous séparen de la borne de Notre-Dame sur l’île de la Cité, constituent un record. Mais à bien d’autres égards Futuna est singulière.
La vie économique et sociale est encore en grande partie traditionnelle. L’agriculture vivrière occupe une majorité des habitants des villages.
Les champs entretenus collectivement sont situés en général sur Alofi, alors que les villages sont sur Futuna. Chaque village dispose d’une barque à moteur qui permet de traverser, au milieu des dauphins, les 2 km du chenal Vasa qui séparent les deux îles. Il y a quelques années, le trajet s’effectuait en pirogue. Aujourd’hui les pirogues ont presque disparu. Presque, car cette année, mes élèves du collège d’Alo, guidés par des anciens qui avaient gardé mémoire des techniques en ont reconstruit une.
Les récoltes ne sont jamais vendues, mais distribuées au village. Ainsi, de nombreux futuniens n’utilisent que de façon marginale l’argent. Oui, oui, vous avez bien lu.
Pourtant, l’île se modernise rapidement. Le réseau électrique couvre l’île depuis plus de dix ans ; avec l’électricité, la télévision a pris sa place dans les familles. Les futuniens construisent des maisons en "dur" à côté de leur "falé" traditionnel dans lequel ils vivaient jusque-là.
Une élite économique émerge, disposant du confort moderne, de l’ADSL et -meilleur symbole de la réussite sociale- d’un beau Pick-Up, qui permet de circuler sur les routes défoncées de l’île et d’amener dans la benne famille et voisins.
Alofi est couvert d’une forêt primaire exceptionnelle, que l’on a oublié de référencer dans les zones de nature à préserver de notre territoire. Ce n’est pas si grave que cela : cette île bénéficie d’une protection coutumière, une tradition locale, une sorte de "tabou" qui enjoint les futuniens à sa protection. Ne le dîtes pas trop fort, mais Alofi est candidate au titre de la plus belle île du monde, selon un couple de voileux qui les visitent toutes depuis 10 ans.
La transition démographique que connait Futuna est une des évolution les plus importante de ces dernières années. Mes élèves de 14 ans ont encore de nombreux frères et soeurs mais depuis quelques années, le nombre de naissances chute.
En dehors des activités traditionnelles (agriculture et artisanat) et quelques emplois dans l’administration, peu d’activité économique : quelques touristes (un voilier de temps en temps, quelques pèlerins pour la Saint-Pierre-Channel, un bateau de croisière américain, une fois l’an), aucune production d’exportation. Aussi, de nombreux jeunes qui partent faire leur études en Nouvelle-Calédonie ou en Métropole ne reviennent pas. Et depuis quelques années, comme à Wallis, la population de l’île baisse (4238 habitants recencés en 2008 contre 4873 en 2003, soi une baisse de 13% en savoir plus).
Quelques métropolitains, comme moi, viennent vivre ici quelques années : une vingtaine de professeurs, 3 médecins, 4 infirmières, 1 dentiste, 3 gendarmes, 2 commerçants et 3 chefs de service administratifs... On profite d’un espace naturel préservé, on peut découvrir une autre culture, les futuniens sont des gens très accueillants. D’autres que moi vous parleront peut-être des problèmes de la vie sur l’île : des avions qui ne volent pas quand on veut partir en vacances, des pénuries dans les magasins, de cet enfant mort d’une inflammation de l’appendicite car il n’y a pas de bloc opératoire sur l’île et qu’il n’avait pas pu être évacué...
Futuna n’est certes pas un paradis.
Mais demandez à un parisien de vous décrire le paradis. Je suis presque sûr que cela ressemblera fortement à Alofitaï, la grande plage de sable blanc d’Alofi !
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