Après avoir étudié la guerre des mots que nous devons mener pour s’opposer à la signature du traité transatlantique, il ressort également de ce traité tous les poncifs néolibéraux pour défendre le laisser-faire et le laisser-passer, auxquels il faut également faire un sort.

Maquiller la jungle
Libéralisation : c’est un des termes les plus employés pour défendre les politiques économiques menées depuis quarante ans. Mais derrière ce terme, se cache en réalité la promotion de la
loi de la jungle, la
loi du plus fort, une
anarchie néolibérale, que les démocraties ne pourraient plus maîtriser. En réalité, il s’agit d’une forme de retour à l’état de nature, une déconstruction de ce qui fait l’humanité. Car il s’agit d’une vision extrême de la liberté, jamais encombrée par les principes d’égalité et de fraternité notamment.
Une plus grande ouverture : voici un mot utile pour les néolibéraux. Qui peut vouloir être pour la fermeture plutôt que l’ouverture ? Un bon moyen de biaiser les débats. Mais en réalité,
dans le traité transatlantique, il s’agit en fait
d’une moindre protection, et
du règne de l’argent, du laisser-faire et du laisser-passer
Intégration économique : forcément, dire que l’on va autoriser la vente du bœuf aux hormones étasunien en Europe n’est pas très motivant. La normalisation des normes est un terme trop technique, un peu effrayant. Les néolibéraux ont donc trouvé le terme d’intégration, porteur de valeurs positives, pour maquiller les desseins
du traité transatlantique. Et si on disait
restriction de notre possibilité de choisir ce que nous mangeons et consommons ? L’intégration devient alors beaucoup moins souhaitable.
Sur les grands débats du moment
Baisse du coût du travail : elle est devenue la première priorité de la majorité de François Hollande, comme le montrent ces choix budgétaires. Parler de « baisse de coût » donne une dimension positive, et la référence au travail minore les aspects humains d’une telle logique. En réalité, il s’agit de la manière polie et camouflée de parler de baisse des salaires et du pouvoir d’achat. Car même si les salaires ne baissent pas (encore que la tentation existe en France, comme l’ont exprimé le « socialiste » Pascal Lamy et le patron du Medef), la baisse des cotisations proposée par l’Etat revient à cela. En effet, elle sera financée par des suppressions de postes dans la fonction publique ou des baisses de salaires ou de différentes prestations sociales (retraites, couvertures diverses et variées).
NB : il est effarant que personne ne note que cette logique est à la fois délétère (portant une logique de régression sociale permanente) et extraordinairement dangereuse pour un pays comme le nôtre, où le coût du travail est 5 à 20 fois plus élevés qu’en Europe de l’Est, en Afrique ou en Asie…
Compétitivité :
c’est la version encore plus camouflée et moins claire de l’expression précédente. En effet, la compétitivité regroupe d’innombrables aspects et a priori, il est difficile de ne pas être soucieux de sa compétitivité. Mais derrière ce vocable et
la quête de compétitivité dont on parle beaucoup dans les pays de l’UE, se cache en réalité deux dimensions. La première est la baisse du coût du travail, et donc, de facto, la baisse des salaires et du pouvoir d’achat pour être plus compétitif par rapport à des pays où les salaires et la protection sociale sont plus faibles. La seconde, c’est l’ensemble des protections des salariés (règles pour les licenciements et les plans sociaux, congés maternité…etc). Ce vocable camoufle en réalité une
baisse des salaires ou des droits sociaux.
Economies budgétaires : c’est devenu
le leitmotiv des gouvernements de la zone euro depuis quatre ans. Il faudrait absolument réduire les dépenses publiques, qui seraient à l’origine de la crise. L’Etat aurait fauté, il devrait être puni. Passons sur l’indigence de cette histoire, qui oublie que
ce sont les excès des marchés privés qui ont provoqué la crise financière de 2008 ou sur le fait que le niveau d’endettement public n’est pas si élevé historiquement ou enfin sur le fait que
les politiques austéritaires contribuent à accentuer le mal, comme on le voit partout en Europe. Car il ne s’agit pas ici de juste supprimer des dépenses indues de réception, de communication ou de comités inutiles. Dans tous les pays qui ont procédé à un plan significatif, il s’agit de réduire le nombre de fonctionnaires, parfois au-delà de la raison (comme dans l’éducation ou la police sous Nicolas Sarkozy), diminuer leur traitement, pas si élevé que cela, et au prix d’une contraction de la demande, ou de supprimer des dépenses essentielles pour notre avenir (cas des investissements publics aux Etats-Unis par exemple). En réalité, les économies budgétaires sont surtout le moyen, pour des idéologues néolibéraux dogmatiques
d’une forte réduction de la présence de l’Etat dans l’économie, quitte à détruire le modèle social construit depuis des décennies.
Nous devons absolument veiller à déconstruire les techniques de communication des néolibéraux ou des austéritaires car c’est essentiel pour tourner le débat public en notre faveur. J’espère y contribuer, du mieux que je peux, avec ce texte et
celui d’hier.