Google, arme de déconstruction massive
Insécurité culturelle et surveillance totalitaire, chômage de masse et titytainment, virtualisation et fake news, anomie et LGBTisme sur fonds de chaos migratoire et de guerres sans fin : ce monde fluide marqué par la marchandisation universelle et la religion du chiffre nous le devons plus à Google qu’à Wall Street.
Du point de vue mondialiste, comment gérer un cheptel de 7,5 milliards d’humains groupés en communautés claquemurées dans leur droit et la virilité de leur ethos ?
Le transhumanisme apporte une solution en diluant les différences, en automatisant la reproduction et surtout en réduisant l’être humain à une donnée chiffrée.
Google est l’agent pathogène de cette mutation.
Le projet : créer l’intelligence artificielle qui dirigera le monde au nom d’une utopie cybernétique conforme à l’universalisme moral.
De l’École de Francfort aux conférences Macy, les tentatives de dislocation des souverainetés populaires et des permanences anthropologiques sont récurrentes.
La gauche libérale américaine est désormais dépositaire de cet intégrisme de l’indétermination : abolition de la citoyenneté, abolition des frontières politiques et intimes, … le monde est liquide, ouvert à la reprogrammation permanente.
Le transsexuel et le migrant incarnent la fluidité post-identitaire ; mutants volontaires, improbables zombies dénués d’appartenance, ils sont les bons élèves voulus par Google.
La reprogrammation de la nature humaine passera par l’intelligence artificielle et le big data… avec l’appui inconditionnel de l’appareil d’Etat américain.
Les racines libertaires - mais pas trop - de Google
L’avènement d’Internet avait transformé les ordinateurs - jusqu’alors des machines à calculer - en machines à communiquer. Au tournant des années 1990, la représentation dominante du cyberespace était celle d’un espace sans frontières affranchi des coercitions du monde physique.
Mais Google n'aurait pu voir le jour sans l'intervention de l'État. Dès l’origine, il fût incubé pour asseoir l’info-dominance mondiale des États-Unis.
Aujourd’hui, le big data de Google est partagé avec la communauté du renseignement US sous l’égide du « Total Information Awareness », programme de surveillance panoptique des populations mondiales.
Devenue l’interface par laquelle le gouvernement US s’interpose dans les communications de tout être humain, la firme travaille main dans la main avec les structures les plus opaques du pouvoir américain. Seuls les naïfs s’étonneront qu’elle piétine ses propres principes pour tenter de s’implanter en Chine.
Revolving doors
Google gagne plus d’argent publicitaire que toute l’industrie de presse américaine réunie et dispose du plus important budget de lobbying au monde.
Une quasi-intégration verticale avec le Département d’État permet à Google de détruire la neutralité du Net, d’échapper aux lois antitrust, de violer impunément la vie privée des internautes.
Projet Golem
Google se donne les moyens de prendre le contrôle de nos vies :
Premier acquéreur mondial de startups d’IA, Google vise la maîtrise de tout le spectre des technologies NBIC (nanotechnologies, biotechnologies, informatique et sciences cognitives).
De la convergence de ces technologies est attendu le saut qualitatif vers le transhumain.
En 2014, Google acquiert Deep Mind[i], une société privée d'intelligence artificielle.
Objectif : fabriquer des robots autoapprenants qui, connectés à Internet, exploitent le big data indexé par Google pour se perfectionner.
Alphabet contrôle nombre d’autres firmes : Calico (génomique personnalisée), Google X (reconnaissance faciale et vocale), Google Ventures (à l’origine de la création d’Uber), Sidewalk Labs (planification urbaine - prototype de ville intelligente 100% Google à Toronto), Jigsaw (lutte contre l'extrémisme ; contre-ingérence technologique et informationnelle) sont parmi les plus emblématiques.
De leur intégration émerge un projet cybernétique totalisant : les milliards d’informations partagées par les objets connectés doivent engendrer rien moins qu’une conscience universelle (information mondiale, opinion mondiale).
Folamour
À l’aide d’algorithmes tenus secrets, Google collecte, mémorise et recoupe nos traces numériques. Son ‘page rank’, établit le vrai, choisit l’information qui sort en premier, déréférence les contenus indésirables, renvoie les opinions dissidentes dans les limbes de l'Internet.
Le réel ne compte plus, puisque, in fine, ce sont les maîtres de l’algorithme qui le construisent. Le psychodrame des fake news nous donne un avant-goût du goulag mental à venir.
Si Google censure et détruit tout espoir de vie privée, c’est pour servir son projet démiurgique : l’avènement d’une post-humanité déracinée par la digitalisation illimitée du vivant.
« Explosion de haine antihumaine coordonnée au niveau international [ii] », le projet transhumaniste veut remplacer les humains par des robots ou des chimères, êtres génétiquement modifiés qui ne pourront se reproduire par eux-mêmes.
La dystopie du Meilleur des mondes arrivera dans les bagages de la PMA et de la GPA. Bienvenue à Gattaca.
Ray Kurzweil est un futurologue membre de l'US Army Science Advisory Board.
Directeur de l’ingénierie chez Google depuis 2013, il dispose de ressources illimitées.
Son projet est celui d’une hybridation de l’intelligence biologique et du digital.
Dès 2029, les fonctions cognitives humaines seront externalisées sur des interfaces numériques (cerveaux transférés sur disque dur). Absorbant le cerveau humain, l'intelligence artificielle de l’Internet sera ordonnée par le page rank.
Kurzweil a fixé la date de péremption de l’humain à 2045, quand la « singularité technologique » de l’IA aura dépassé celle de l’Homme[iii].
Dans le monde de la Singularité, tout ce qui n’est pas programmé ou reprogrammable disparaîtra.
Au fond, la mémoire, l’écriture, la connaissance deviennent inutiles puisque les prothèses numériques s’y substituent efficacement.
Déjà, certains pays abandonnent l'apprentissage de l'écriture cursive (Finlande).
Google euthanasie la transmission : nulle « aristocratie de l’esprit » ne survivra à une culture « majoritaire » digitalisée.
Aussi absurde qu’il soit, le projet transhumaniste accomplit l’accaparement du vivant par les firmes transnationales.
Loi de la technoscience : tout ce qui est techniquement réalisable sera réalisé.
L’homme, cet objet connecté
L’homme digitalisé est un homme apprivoisé : programmable, il est plus inoffensif encore que l’imbécile heureux qui cligne de l’œil.
Cyborg, sa vie sera réduite à sa contribution au big data.
Les info-riches sont déjà entrés dans la post-histoire. Englués dans le monde réel, les infos-pauvres sont voués à l’esclavage ou au chômage de masse. Bienvenue à Elysium.
La société sera enfermée dans l’avenir déterministe du Meilleur des mondes, les maîtres de l’algorithme mettront des rêves de consommation perpétuelle dans le crâne des derniers hommes.
Ivres de leur sentiment d’immortalité, les cyborgs n’auront jamais vécu.
[i] Depuis peu, toutes les données du système de santé britannique sont en possession de Google par le biais de Deep Mind.
[ii] Lucien Cerise, « Qu'est-ce que le transhumanisme ? »
[iii] Ibid.
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