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Guy Môquet, nouvelle star d’une campagne publicitaire du PCF

Il fallait s’y attendre, comme à la réponse du berger à la bergère. Le Parti communiste vient d’engager une campagne publicitaire en enrôlant l’image de Guy Môquet : « Aujourd’hui, demain, combattre - rejoignez les communistes, » lit-on au bas d’une affiche reprenant la photo d’identité désormais célèbre du jeune homme, avec en légende pour ceux qui n’auraient pas eu vent du débat sur la lecture scolaire de sa lettre : « Guy Môquet - résistant communiste fusillé à Chateaubriand ».

Le leurre de l’argument d’autorité

Les idées, on le voit, se vendent comme n’importe quel produit. Pour à la fois capter l’attention et déclencher l’acte d’adhésion, le leurre utilisé est ici l’argument d’autorité dans sa version du pouvoir de séduction de la star. Celle-ci par sa notoriété, l’audience qu’elle draine et le réflexe d’identification qu’elle suscite, a une fonction de prescripteur, surtout dans des domaines où elle n’a aucune compétence. Le mannequin Claudia Schiffer comme le footballeur Zidane conseillent des voitures, Johnny Halliday, du café ou des lunettes, Catherine Deneuve, un parfum, un placement financier ou une opération humanitaire, etc.
Le choix de Guy Môquet est ici, on en convient, moins hasardeux : il a payé de sa vie le droit de parler de l’engagement politique. Toutefois, selon le mot d’Albert Camus, il a du même coup perdu la possibilité de le faire. Qu’à cela ne tienne ! Le parti auquel il appartenait s’en fait d’office l’interprète, mais avec la marge d’erreur que peut comporter toute interprétation.

Les dangers de l’interprétation

Sans doute la photo présentée entend-elle se distinguer de l’image traditionnelle qu’on donne des saints pour encourager « le culte de la personnalité ». C’est au contraire un portrait impressionniste du héros qui ressort en surimpression d’une mosaïque. Les tesselles de cette mosaïque sont une foule de photos accolées représentant les multiples combats où des hommes et des femmes se sont engagés : et le visage du héros qui en ressort, dans la couleur sépia d’un passé nostalgique, devient seulement le symbole fédérateur de ces actions dispersées et apparemment disparates qui toutes tendent vers l’idéal commun d’un monde meilleur incarné par Guy Môquet. On se doute que cette interprétation n’aurait pas été désavouée par le martyr de Chateaubriand.

En revanche, se serait-il retrouvé dans le parti qui le fait parler aujourd’hui à sa guise pour attirer à lui des adhérents ? Ce n’est faire offense à personne que de constater qu’entre 1941 et 2007, il s’est passé nombre d’événements qui ont changé la face du monde, et que nombre de militants, y compris des résistants de la première heure, ne se sont plus reconnus dans le parti d’après-guerre ou même en ont été exclus, après Prague en 1952, Berlin en 1953, Budapest en 1956, Prague à nouveau en 1968, l’archipel du Goulag révélé dans les années 70, sans compter la participation du parti au gouvernement en 1981 et surtout l’implosion de l’URSS après la chute du mur de Berlin en 1989. Faire parler un mort, c’est donc prendre le risque de lui prêter des pensées qui ne seraient pas forcément les siennes.

Une notoriété bienvenue aussitôt utilisée

Guy Môquet, sauf erreur, n’a d’ailleurs jamais été utilisé dans une telle campagne publicitaire, même si l’historiographie du parti, après la guerre, a su mettre en avant sa figure et quelques autres pour bien montrer que le PCF, qui s’est présenté comme « le parti des 75 000 fusillés », n’avait pas attendu l’attaque nazie contre l’URSS pour entrer dans la Résistance. Cet usage du jeune homme n’a été, somme toute, rendu possible qu’en raison de la notoriété inattendue que lui a donnée le président de la République en le présentant à la jeunesse scolaire comme un modèle par la lecture de sa dernière lettre à sa famille dans les collèges et les lycées, le 22 octobre dernier.

Le PCF a donc sauté sur cette notoriété toute neuve pour la mettre au service de sa cause, persuadé selon une formule célèbre que « les gens préfèrent l’original à la copie ». Depuis l’élection présidentielle de 2007, où l’électorat d’extrême droite s’est reporté massivement sur le candidat de la droite, on en est moins sûr. On parlera sans doute d’ « instrumentalisation » ou de « récupération ». L’opération symétrique menée par le président de la République impose de nuancer. Dans un cas, il s’est agi de prendre un héros du camp politique adverse pour promouvoir un rassemblement national et patriotique ; de l’autre, on tente de faire rejaillir sur le parti tout entier la gloire de l’un des siens pour recruter.

Cet échange de bons procédés entre le président et le PCF sur le dos de Guy Môquet conduirait même à se demander si, au delà de la manifestation qui se voulait rassembleuse, l’occasion n’a pas été offerte au Parti communiste de se remplumer pour mieux résister à un Parti socialiste dominant. En tout cas, le PC l’a saisie. Le président Mitterrand avait bien joué l’extrême droite pour contrarier le retour de la droite au pouvoir. Ce serait, dans ce cas, une nouvelle réponse du berger à la bergère. Finalement, Albert Camus n’a sans doute pas tort quand, dans La Chute (Gallimard, 1956), il fait dire à J.-B. Clamence, son unique personnage : « Les martyrs, cher ami, doivent choisir d’être oubliés, raillés ou utilisés. Quant à être compris, jamais ».

Documents joints à cet article

Guy Môquet, nouvelle star d'une campagne publicitaire du PCF Guy Môquet, nouvelle star d'une campagne publicitaire du PCF

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48 réactions à cet article    


  • CAMBRONNE CAMBRONNE 24 octobre 2007 12:23

    BONJOUR PAUL VILLACH

    Article très intéressant que j’approuve sans restriction cette fois .

    Il est évident que les vieilles haines de la guerre ne sont pas complétement éteintes et qu’un petit souffle ranime la flamme .

    Il suffit de lire tous les articles et réactions sur ce site pour en être persuadé .

    Nicolas Sarkozy c’est évident a ouvert la boite de pandore . Quel était son but ?

    Sa volonté apparente était de ressouder les morceaux mais vous avez peut être raison dans votre conclusion en faisant un rapprochement avec Mittterrand .

    Une manière astucieuse d’affaiblir le PS en dopant le PC ?

    Pourquoi pas ?

    Vive la république quand même .


    • jakback jakback 24 octobre 2007 13:10

      Merci Paul Villach, au moment ou Modem et communistes s’entendent sur le vote sur la nouvelle loi concernant les fonds public distribués aux formations politique, les communistes exsangues, réussissent a se payer cette campagne de pub. Merci qui ???


      • Goulven Goulven 24 octobre 2007 17:32

        Heu ... Non, Le Nouveau Centre et les Communistes s’entendent, le Modem, au contraire s’y oppose ... Cette nouvelle loi est justement à usage unique du nouveau centre, afin de lui faire beneficier de financement auquel normalement elle n’a pas le droit.


      • tvargentine.com lerma 24 octobre 2007 13:24

        Vous dites « L’opération symétrique menée par le président de la République impose de nuancer. Dans un cas, il s’est agi de prendre un héros du camp politique adverse pour promouvoir un rassemblement national et patriotique ; de l’autre, on tente de faire rejaillir sur le parti tout entier la gloire de l’un des siens pour recruter. »

        En suivant votre logique imbécile,un Président de droite ne doit jamais rendre hommage à un martyr (de gauche) mort pour la France ou un intellectuel de gauche et un président de gauche ne doit rendre hommage à un martyr (de droite) mort pour la France ou à un intellectuel de droite sans « bien sur »

        ON EST BETE "forcement ,mais grace à vos lumières smiley

        « On parlera sans doute d’ « instrumentalisation » ou de « récupération ». »

        Vous avez une vision obscurantiste et permettez moi de vous rappeler que les meilleurs ennemis des communistes étaient les troskistes et que les meilleurs ennemis de Nicolas Sarkozy sont les troskistes

        Vous ne devriez pas avoir honte de dire que vous êtes troskiste,il n’y a rien de honteux ,mais au moins c’est honnête


        • Paul Villach Paul Villach 24 octobre 2007 14:46

          Des deux logiques, la mienne ou la vôtre qui vous conduit à me classer comme troskyste, la plus imbécile des deux - puisque tel est votre vocabulaire - n’est pas celle que vous pensez. Paul Villach


        • Goulven Goulven 24 octobre 2007 17:35

          Lerma, vous avez compris de travers, mais je vais finir par croire que c’est votre marque de fabrique (ou alors vous avez pour but non avoué mais parfaitement atteint de faire passer les militants sarkosistes pour des cons)


        • LE CHAT LE CHAT 24 octobre 2007 13:58

          j’adore la dernière photo , recyclage du guy môquet ? smiley


          • Belle mise au point Monsieur VILLACH !et merci pour les rappels historiques


            • La Taverne des Poètes 24 octobre 2007 14:27

              Je propose un hommage à Guy mollet, ce résistant SOCIALISTE (dont le père fut gazé lors de la Grande guerre, et qui fit son service national avec un an d’avance !) comme cela il y en aura pour tout le monde. Facile à marquer les esprits grâce à la similitude des noms. On pourra regrouper les deux commémorations par une Guy Pride.

              En 2012, négociez l’affaire avec François Bayrou qui choisira un héros centriste non récupérable par le Nouveau Centre cela va de soi.

              N.B : Je rappelle que Guy Mollet n’est pas l’inventeur des oeufs mollets ni de la mimollette, ni de la clé à mollette, ni des pantalons mi-mollets.


              • La Taverne des Poètes 24 octobre 2007 14:29

                Et que Guy Môquet n’est pas l’inventeur du revêtement de sol appelé « moquette ».


              • CAMBRONNE CAMBRONNE 25 octobre 2007 09:52

                TAVERNEUX

                Je vous ai plussé deux fois .

                Salut et fraternité ;


              • La Taverne des Poètes 24 octobre 2007 15:57

                Pour son acte de résistance en quittant l’Elysée !


              • Marsupilami Marsupilami 24 octobre 2007 16:08

                @ L’auteur

                Bien vu. Sur le même sujet voir mon article sur Guy Môquet et les tueurs communistes.


                • Paul Villach Paul Villach 24 octobre 2007 17:40

                  Je l’ai lu attentivement avec le plus grand intérêt. Paul Villach


                • Algunet 24 octobre 2007 17:35

                  Entre la photo de Guy Moquet, le photomontage déjà utilisé et la démarche style adjudant recruteur, le PC fait dans la récupération groupée et assumée !!! J’ose y percevoir de l’humour smiley


                  • farniente 24 octobre 2007 18:40

                    Ah là, Monsieur VILLACH,

                    je ne vous suivrai dans vos réflexions, mais pas du tout.

                    ** Premièrement, il faut souligner l’impudence cynique de SARKOZY and CO à récupérer un COMMUNISTE qui se battait pour défendre un IDEAL politique et social complètement opposé à celui de SARKO.

                    SARKOZY démolit complètement tout ce que MÔQUET défendait.

                    ** Ensuite, vous ne referez pas l’Histoire, MÔQUET est mort COMMUNISTE.

                    Il y a ce temps de l’Histoire qui est fixé une bonne fois pour toute, et toute élucubration sur une suite possible reste incohérente.

                    Sa lutte et sa mort se sont inscrites dans l’Histoire collective AVEC son idéal communiste.

                    L’amalgame fait avec l’évolution historique d’après guerre n’a pas de poids : l’idéal de MÔQUET reste un IDEAL, le communisme n’ayant encore jamais été appliqué dans aucun pays.

                    MÔQUET, comme les 75 000 communistes fusillés sont et resteront COMMUNISTES en Idéal.

                    ** Enfin, la nouvelle affiche sur MÔQUET est une mise au point justifiée par la récupération politicienne de SARKO.

                    Elle redonne la grandeur aux valeurs défendues par MÔQUET après le mépris déclaré de SARKOZY pour le Parti Communiste :

                    « Je fais fi de votre IDEAL COMMUNISTE », « j’annexe mes opposants post mortem contre leur volonté, puisque MA volonté a seule tout pouvoir ici. » « J’intègre qui je veux, je fais l’amalgame qui me plait. »

                    NON, M. SARKOZY, tout ne s’achète pas, ou c’est bien mal connaitre la France.

                    Quel mépris pour l’opposition, pour ses idées, donc la mort même de MÔQUET !

                    ET BIENVENUE LA CAMPAGNE PUBLICITAIRE DU PARTI COMMUNISTE, juste équilibre à une direction malsaine des consciences, à un abus de pouvoir inquiétant.


                  • Paul Villach Paul Villach 24 octobre 2007 19:15

                    Ne croyez-vous pas que nous trouvons en face de deux utilisations d’un martyr dont nul n’a le droit de s’approprier l’image ? C’est le sens de la phrase de Camus que je cite en conclusion.

                    On est dans une démarche de type religieux.

                    Au demeurant, je trouve l’affiche plutôt réussie pour ce qu’elle prétend symboliser. Paul Villach


                  • T.A.L.L 24 octobre 2007 17:42

                    NE RATEZ PAS NOTRE PROMOTION SPECIALE GUY MOQUET !

                    2 CARTES DE PARTI POUR LE PRIS D’UNE SEULE ( UMP + PCF ) !

                    En vente dans la librairie près de chez vous.


                    • T.A.L.L 24 octobre 2007 17:45

                      PRIX ou PRIS ? Les 10 premiers à trouver la bonne réponse gagnent une carte de militant gratuite.


                    • Martin Lucas Martin Lucas 24 octobre 2007 18:08

                      Pris, l’héroïne de Blade Runner...mémorable et inaltérable monument du cinéma.


                    • T.A.L.L 24 octobre 2007 19:38

                      Presque... vous avez droit à 2 essais.


                    • Martin Lucas Martin Lucas 24 octobre 2007 17:47

                      Cela aura au moins permis au PCF de mettre le mot communiste sur une affiche...Mot dont l’usage s’était raréfié, et pour cause, le PCF n’est plus du tout communiste, mais socialiste à tendance réformiste. Serait-il temps de changer de nom ?


                      • beber beber 24 octobre 2007 18:28

                        En déduire que l’année prochaine, l’hommage obligatoire à guy Moquet n’aura pas lieu.

                        Jeanne d’arc ? Déjà prise....


                        • dan 24 octobre 2007 18:34

                          Le PCF a raison de commémorer Guy Moquet et d’en être fier qu’il soit communiste tout comme le gauliste Guaino a eu raison de faire lire à l’école la lettre du jeune héros martyr de la résistance à l’oppression et au nazisme-------------------------------Certains grincheux et sournois, ont dit du jeune Moquet qu’il n’est pas mort en tant que résistant mais en tant que communiste.C’est oublier qu’à cette époque être communiste c’est déjà un acte de résistance en soi en face de cet Etat collaborationiste et faschiste,si de plus on distribue des tracts communistes on risquait la mort tout comme un gaulliste qui distribue un tract en faveur du Général de Gaule-----------------------------N’en déplaise aux collabos d’hiers ou d’aujourd’huis---------Vive le communisme et le gaullisme--------Vive Moquet et le Général de Gaule


                          • farniente 24 octobre 2007 19:30

                            Monsieur VILLACH,

                            Le Parti Communiste n’utilise ni ne s’approprie le martyr de MÔQUET, puisque ce jeune est INHERENT au Parti par son idéal.

                            De plus, cet idéal transmis depuis une génération ( son père ), MÔQUET le vit, le respire.

                            On ne s’approprie pour une utilisation personnelle que ce qui est extérieur à soi, pas ce qui nous constitue.

                            Tout le contraire de notre cynique SARKO.....


                          • Paul Villach Paul Villach 24 octobre 2007 19:59

                            J’entends bien ce que vous me dites. Il reste que Guy Môquet, même membre du PC, « n’appartenait pas » au PC, sauf à supposer une relation totalitaire, à mon sens. Paul Villach


                          • yarak 24 octobre 2007 20:17

                            Merci pour cet article superbement construit, auquel j’ajouterai une impression personnelle et un commentaire : - Je ne pense pas que Sarko ait eu une quelconque idée de récupération, surtout à l’endroit d’un pc moribond qu’il n’est même plus la peine d’étouffer. Que Môquet ait été communiste ne change rien à l’affaire. La leçon est que, même à 17 ans, on peut avoir un idéal et en mourir. Enfin le PC n’a décidément que la mémoire qui l’arrange... Pourquoi Moccquet et ses malheureux compagnons sont-ils morts ? Parce que trois abrutis aux ordres des hiérarques du Pc ont assassiné un officier Allemand, dans le dos, de sang froid, sans même savoir qui il était. Abrutis mais protégés encore, longtemps après la guerre, par les instances du parti. Décidément, pas de honte, pas de pudeur, de la basse besogne qui offense l’histoire. Mais le PC n’est plus à cela près...


                            • 65beve 65beve 24 octobre 2007 22:11

                              Bonsoir,

                              Si des abrutis n’avaient pas affaibli l’occupant par des assassinats ou des attentats, peux-être serions-nous en train de faire, au pire le salut nazi, au mieux de lire Goethe.....

                              Vive la soixanthuitude, et Gute Nacht !


                            • veda veda 24 octobre 2007 20:20

                              Ils devraient mettre ça à la place : Appel du Conseil National de la Résistance http://www.reopen911.info/11-septembre/appel-du-conseil-national-de-la-resistance/#comments


                              • farniente 24 octobre 2007 22:23

                                Môquet était au moment de sa mort jeune résistant COMMUNISTE, et voué à cette cause comme il le dit dans sa lettre.

                                Il ne sert à rien de refaire l’Histoire selon ses convictions du moment.

                                Il était élément d’un parti qui garde en mémoire le martyr des siens comme une page indéfectible de l’Histoire.

                                ET A MOINS DE RENIER CES MORTS, ILS SONT TOUS ARTISANS DE NOTRE HISTOIRE.

                                Par contre, la remise en question de ces piliers de l’Histoire laisse porte ouverte à une cynique propagande politicienne et participe au déni d’idéal de SARKO.

                                La teneur de certains commentaires ici le confirme.

                                Dangereuse est cette démarche pour notre liberté de conscience et de pensée.


                              • Laurent Monserrat 24 octobre 2007 22:15

                                Pauvre Guy Môcquet ! Il doit se retourner dans sa tombe.

                                D’un côté que le PCF utilise ce jeune homme qui a été emprisonné pour avoir distribué des papillons pour le parti communiste m’apparaît assez normal. Par contre que Sarkozy le présente comme le modèle du résistant et nous nous retrouvons dès lors en face d’un détournement de l’histoire.

                                A mon sens, c’est plutôt là que se joue le véritable problème.


                                • farniente 24 octobre 2007 22:42

                                  Pardon, VEDA,

                                  je répondais à M. VILLACH.

                                  Bien-sûr, belle mise au point, bon rappel.

                                  Bien vu aussi MONSERRAT, on ne devrait parler de rien d’autre ici, si les mauvaises portes n’étaient pas ouvertes.


                                • moebius 24 octobre 2007 22:58

                                  ..adherer au PCUMP tout est là...


                                  • moebius 24 octobre 2007 23:55

                                    ... c’est une ouverture et un piege et devinez pourquoi on ne peut pas ne pas tomber dedans ?


                                    • moebius 24 octobre 2007 23:56

                                      ... c’est une ouverture et un piege et devinez pourquoi on ne peut pas ne pas tomber dedans ?


                                      • Annie 25 octobre 2007 00:27

                                        Il me semble que le seul parti qui puisse « récupérer » Guy Mocquet avec une certaine légitimité soit le pc. Autant qu’il le fasse alors que d’autres ne se sont pas gênés pour le faire pour des motifs pas très honorables.


                                        • Annie 25 octobre 2007 02:18

                                          Frederiko, Je ne suis pas communiste, mais je suis de tout coeur avec vous. Je comprends votre désarroi face à l’accusation que le pc essaye de récupérer Guy Mocquet. Le fait qu’il ait été arrêté parce qu’il distribuait des tracts communistes semble déranger tout le monde. Il serait tellement commode d’occulter cet accroc de l’histoire et de prétendre qu’il n’était qu’un bon « français », sans référence aux raisons ou choix politiques qui ont guidé ces actes. Le fait est qu’il était communiste, comme ses compagnons qui ont été tués avec lui, et qui ont tous écrit des lettres pour le prouver. Est-ce si difficile à croire ?


                                          • manusan 25 octobre 2007 04:04

                                            avec 2% aux dernières élections, c’est vraiment le désespoir au PC. Qui croirait une seule seconde que le communisme du 19eme, de la seconde guerre et d’aujourd’hui soit le même.

                                            ... les communistes peut-être. Nostalgie quand tu nous tiens.


                                            • ZEN ZEN 25 octobre 2007 07:23

                                              Laissons G.Môquet en paix...

                                              Personne n’en aurais parlé si, dans sa mise en scène permanente de lui-même,dans sa prétention quasi-pathologique de se présenter comme étant LA France, dans son art consommé de brouiller les cartes en instrumentalisant l’histoire, dans sa frénésie récupératrice qui fait feu de tout bois (ce fut Jaurès, bientôt Marx ?), notre Grand Timonier n’avait pas utilisé sa mémoire. Le présent n’est pas brillant, l’avenir semble échapper au volontarisme magique, reste le passé qui’on triture dans tous les sens pour en faire un principe fédérateur, faute de mieux...Nihil novi...

                                              Guerre des mémoires, par Bertrand Le Gendre LE MONDE | 24.10.07 | 13h36 • Mis à jour le 24.10.07 | 13h37

                                              « En 2005, la polémique portait sur l’esclavage, le génocide arménien et le rôle »positif" de la colonisation... On croyait cette guerre des mémoires éteinte, mais le feu couvait sous la cendre. De nouveaux foyers ont pris feu, ranimant les passions. Comment parler de l’immigration ? A qui appartient Guy Môquet ? La République est-elle comptable des crimes de Vichy ?

                                              Ces questions, Nicolas Sarkozy et son conseiller spécial, Henri Guaino, les posent sans complexes. Comme prévu, les historiens se raidissent, la gauche crie à la manipulation des symboles, et l’Elysée persiste. Le chef de l’Etat et son idéologue ont de bonnes raisons d’exalter ainsi le passé. Ils voient dans la nation un antidote providentiel à la mondialisation qui désincarne la France, un remède nécessaire aux forces centrifuges qui minent le vivre ensemble dont parlait Ernest Renan (1823-1892).

                                              Nicolas Sarkozy ne connaissait pas la lettre de Guy Môquet, qu’il a décidé de faire lire le 22 octobre dans tous les lycées. C’est Henri Guaino, gaulliste nostalgique, qui la lui a mise sous les yeux pendant la campagne présidentielle.

                                              A qui appartient la mémoire de ce jeune communiste fusillé à 17 ans par les Allemands, en octobre 1941 ? A tous, affirme l’Elysée. A nous, rétorquent les communistes, non sans arrière-pensées. Exalter le sacrifice de Guy Môquet, c’est passer sous silence l’un des épisodes les moins glorieux de l’histoire du Parti communiste français : l’adhésion du parti au pacte Hitler-Staline d’août 1939. Une trahison qui, en février 1940, valut au père de Guy Môquet, Prosper Môquet, d’être déchu de son mandat de député.

                                              Otages de mémoires concurrentes, les enseignants et les chercheurs, en particulier les historiens, ont le sentiment d’être abusés, dépossédés. Ils disent « instrumentalisés ». Dans L’Humanité, une professeure de lettres s’insurge contre la circulaire demandant aux enseignants de lire la lettre d’adieu de Guy Môquet : « Cette circulaire transforme cet hommage au résistant qu’il était en une sorte d’ode à l’obéissance. »

                                              Histoires d’hier, querelles d’aujourd’hui. La gauche s’exaspère tout autant de l’invocation par la droite de ses grands hommes : Léon Blum, Jean Jaurès, Jules Ferry... Voulue par Jacques Chirac - horresco referens -, la Cité nationale de l’histoire de l’immigration est révélatrice de ces tiraillements, dont les travailleurs étrangers sont souvent l’enjeu.

                                              A quelques semaines de son ouverture au public, porte Dorée, à Paris (12e), une poignée d’historiens décidaient de quitter son conseil scientifique pour protester contre la création d’un ministère de l’immigration et de « l’identité nationale ». Les mêmes historiens sont revenus à la charge, début octobre, pour contester la création d’un Institut d’études de l’immigration au sein du Haut Conseil à l’intégration. Son inauguration par le ministre, Brice Hortefeux, a dû être reportée sine die.

                                              Guy Môquet, identité nationale... Henri Guaino revisite le passé avec une telle passion qu’il lui arrive de mettre Nicolas Sarkozy en porte-à-faux. Le régime de Vichy était-il la France ? Non, disait de Gaulle. Oui, a dit Jacques Chirac. Non, a expliqué Nicolas Sarkozy pendant la campagne présidentielle, dans un discours inspiré par Henri Guaino : « La France n’a pas commis de crime contre l’humanité, la France n’a pas commis de génocide. »

                                              Si la France en tant que telle n’est pas coupable de la rafle du Vél’d’Hiv’, pourtant organisée par la police française, c’est donc Vichy qui est responsable. Retour à la vulgate gaulliste. C’est ce qu’on avait cru comprendre jusqu’à ce que Nicolas Sarkozy, élu président de la République, assure qu’il n’avait « rien à ajouter et rien à retrancher au très beau discours de Jacques Chirac ». En juillet 1995, commémorant la rafle de 1942, l’ancien président avait affirmé que « la France » des années d’Occupation avait commis « l’irréparable », la France et non l’Etat français.

                                              Dans Le Monde du 27 juillet, Serge Klarsfeld, président de l’association Les Fils et Filles de déportés juifs de France, se félicitait aussitôt de ce retour à l’orthodoxie chiraquienne. Qu’en a pensé Henri Guaino ? On le sait depuis l’interview qu’il a accordée à Libération (20-21 octobre). Il ne désarme pas : « Ma France à moi, elle n’était pas à Vichy. Je ne vais pas me repentir de quelque chose que je n’ai pas fait... »

                                              BROUILLONNE, INTÉRESSÉE, APOCRYPHE

                                              Ces messages contradictoires, cet empilement de propos n’embarrassent pas Nicolas Sarkozy. Contrairement à son conseiller spécial, ce n’est pas un idéologue. Il ne se sert pas de l’histoire comme d’un corps de doctrine, mais comme d’une boîte à outils, au risque d’entretenir, par ses zigzags, la guerre des mémoires.

                                              Comme pour le régime de Vichy, la France ne sait pas sur quel pied danser avec l’immigration. Et encore moins avec la colonisation. Là aussi, la parole officielle empile, juxtapose, faute d’un accord sur une lecture commune du passé.

                                              Le Palais de la porte Dorée, où la République se propose aujourd’hui de « changer le regard contemporain sur l’immigration », a d’abord abrité l’Exposition coloniale de 1931. Puis un musée des colonies. Puis un musée de la France d’outre-mer.

                                              Les deux ailes de son grand hall Art déco hébergent toujours des fresques monumentales où se déhanchent, lascives, des négresses nues. Telle était, à l’apogée de l’empire, la vision de l’homme blanc.

                                              Cette sédimentation de l’histoire est une constante du roman national. De la colonisation, certains ne veulent retenir que le côté présentable : Charles de Foucauld, Lyautey, les tirailleurs sénégalais... Les autres ne voient que sa face hideuse : le travail forcé, la torture en Algérie...

                                              L’invocation de Guy Môquet brouille pareillement la mémoire nationale. Elle exalte un acte de résistance héroïque sans le resituer dans son contexte. Contrairement à Guy Môquet, la France profonde a collaboré ou elle a fait le dos rond.

                                              De Gaulle le savait, mais il ne voulait pas le savoir. A peine revenu en métropole, en juin 1944, il s’adressait ainsi à des Normands maréchalistes la veille encore : « Ce que le pays attend de vous, c’est que vous continuiez le combat comme vous ne l’avez jamais cessé depuis juin 1940. » De Charles de Gaulle à Nicolas Sarkozy, c’est la même vision de l’histoire nationale qui se perpétue. Brouillonne, intéressée et souvent apocryphe.

                                              Les historiens s’insurgent. Ils ont bien raison. Mais ils n’y peuvent rien. Sinon fourbir leurs arguments pour la prochaine bataille de la guerre des mémoires« . Bertrand Le Gendre » Article paru dans l’édition du 25.10.07.


                                              • Prosper Prosper 25 octobre 2007 09:13

                                                Utiliser l’assassinat d’un enfant pour se remplumer politiquement, c’est lamentable.

                                                Utiliser les dates 1940-41 pour faire croire à la résistance communiste dès le début de l’occupation, c’est ignoble.

                                                Comment d’honnêtes (?) militants communistes ont ils pu se faire enfumer à ce point ?


                                                • Max 25 octobre 2007 10:01

                                                  Extrait d’un Edito de Marianne : certains « voulaient faire oublier le pacte germano-soviétique et ces mois de refus de lutte contre l’occupant de la part de nombre d’apparatchiks [du PC] pour ne plus laisser le souvenir que du parti de la résistance. C’est une autre raison du malaise des enseignants ; on leur demande de célébrer la mémoire d’un jeune communiste qui fut un martyr davantage qu’un héros. Le père de Guy Môquet, Prosper, était un député qui fut interné à l’époque par le gouvernement français pour intelligence avec l’ennemi parce qu’il appartenait à la direction du parti qui soutenait le pacte germano-soviétique. »

                                                  Pour rappel, le pacte Von Ribbentrop-Molotov, également appelé pacte germano-soviétique, qui fut signé le 23 août 1939 entre les ministres des Affaires étrangères du Troisième Reich (Joachim von Ribbentrop) et de l’Union soviétique (Viatcheslav Molotov).

                                                  Dans « Deux ans d’alliance germano-soviétique », Angelo Tasca, le fondateur du Parti communiste italien, membre du Komintern écrit : « L’idée d’un accord germano-russe n’était pas d’origine allemande, mais russe. Elle a été lancée par Staline dans un discours du XVIIIe Congrès du PCUS [note : en mars 1939]. »

                                                  En plus de la clause de non-agression, le pacte comportait plusieurs protocoles restés longtemps secrets. Notamment, un partage de la Pologne était déjà prévu, anticipant l’invasion allemande du 1er septembre 1939 et celle, consécutive, de l’Armée rouge le 17 septembre 1939. Les deux armées occupèrent alors chacune une moitié du pays, un protocole stipulant que les deux parties avaient l’obligation de prendre des mesures pour prévenir et empêcher toute action de la Résistance polonaise, allant même jusqu’à prévoir des consultations mutuelles à propos de toutes les actions répressives qui sembleraient utiles : « aucune des deux parties ne tolèrera sur son territoire d’agitation polonaise quelconque qui menacerait le territoire de l’autre partie. Chacune écrasera sur son propre territoire tout embryon d’une telle agitation, et les deux s’informeront mutuellement de tous les moyens adéquats pouvant être utilisés à cette fin ».

                                                  Ces moyens font l’objet d’échanges constants entre la Gestapo et le NKVD, durant tout l’hiver 1939 - 1940, moment à partir duquel chacun des deux occupants s’appliquera à se débarrasser des élites polonaises. Les Allemands mettent en avant des critères raciaux et les Soviétiques des critères de classes.

                                                  D’autres clauses secrètes attribuaient à l’Union soviétique le contrôle des pays baltes et de la Bessarabie (actuelle République de Moldavie), en échange de quoi Staline livrait à Hitler de nombreux réfugiés antifascistes allemands et autrichiens réfugiés en Union soviétique (ce fut notamment le cas de Margaret Buber-Neumann et du fondateur du Parti communiste autrichien, Franz Koritschoner).

                                                  Notons que la direction et les dirigeants du PC français étaient très respectueux de la ligne politique et des consignes émanant de l’Internationale communiste (IC ou Komintern).

                                                  La Troisième Internationale était dirigée par le Parti communiste de l’Union soviétique, bien que ce dernier entretînt toujours la fiction qu’il n’en était qu’une section parmi d’autres. Elle était théoriquement sans rapports avec l’État soviétique, bien qu’elle fut de plus en plus mise par Staline au service des intérêts de ce dernier. Si les directives étaient élaborées à Moscou, la plaque tournante du Komintern était Berlin jusqu’à l’avènement de Hitler en 1933, puis Paris.


                                                  • ZEN ZEN 25 octobre 2007 10:38

                                                    Le théatre politique de Sarkozy et la manipulation de l’émotion :

                                                    http://contrejournal.blogs.liberation.fr/mon_weblog/2007/10/guy-mquet-et-le.html


                                                    • HerveM HerveM 25 octobre 2007 10:51

                                                      Soyez pas vaches avec les communistes de 39/41 ! Mettez vous à la place de ces gens exploités sans vergogne par le grand capital qui se voient « libérer » par les camarades prolétaires de la wermacht.......Bon, je sais, dit comme ça et connaissant la suite, ça peut paraitre choquant mais remis dans le contexte de l’époque, tout bon révolutionnaire aurait profité de l’aubaine !


                                                      • Mimi Pinson 25 octobre 2007 11:56

                                                        Bonjour,

                                                        Bien d’accord avec votre article.

                                                        J’avais déjà émis cette hypothèse il y a trois jours, concernant la volonté de diviser la gauche en relançant le PCF, à l’instar de Mitterrand avec l’extrême droite.

                                                        http://qc.answers.yahoo.com/question/index.php?qid=20071021232926AAL2MmJ

                                                        A mon avis il s’agit néanmoins d’un jeu dangereux.


                                                        • farniente 25 octobre 2007 13:10

                                                          Monsieur VILLACH, bomjour,

                                                          je rejoins totalement FREDERIKO dans son commentaire, en rappelant que les commémorations de GUY MÔQUET n’ont jamais cessé au PC.

                                                          Si certains jugent que l’affiche évoquée est utilisée pour une campagne publicitaire de masse, ils devraient s’interroger sur les CENSURES MEDIATIQUES qui n’ont pas permis de faire partager les démarches multiples du PC à ce sujet.

                                                          Merci encore à VEDA pour son rappel du Conseil National De La Résistance.

                                                          Ainsi, le cynisme provocateur de SARKOZY bafoue non seulement l’idéal de MÔQUET et de son Parti, mais aussi celui de la Résistance : il détruit tout ce que ces Hommes défendait, et s’en réclame impudemment.

                                                          Merci à tous pour cette mise au point, merci Monsieur VILLACH d’avoir permis cette réflexion.


                                                        • farniente 25 octobre 2007 18:28

                                                          Oups......« ce que ces Hommes défendaient »


                                                        • farniente 28 octobre 2007 00:44

                                                          Monsieur VILLACH, j’attends de lire vos articles d’agoravox sur la communication et l’information.

                                                          Cordialement.


                                                        • CJD Scritch CJD Scritch 8 mars 2020 00:20

                                                          Paul Villach, vous vous trompez avec une approche tronquée rapportant les faits qui servent votre intention et un anticommunisme qui nous ramène à l’âge de pierre. Du coup, vous nous trompez aussi et rendez illisible toute la période historique dont les acteurs ont côtoyés Guy Moquet. je le sais pour en avoir connu plusieurs. en contre point, voyons le livre de Michel etievent « Guy Moquet, j’aurai voulu vivre » qui apporte évidemment une toute autre coloration au récit de vie de Guy Moquet.

                                                          Quand à l’intentionnalité du président, il n’aurait certainement pas invoqué un militant communiste avec un PCF puissant. Bravache et malin, mais pas téméraires lui et les siens smiley

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