Harlem shake, du délire à la protestation
Ce nouveau phénomène fait le buzz mondial sur internet et You Tube. Il devient même en enjeu de libertés individuelles dans un certain nombre de pays. Définition : le « Harlem shake » est une vidéo tournée dans des lieux insolites et filmant un groupe de personnes, habillées (ou pas) de manière loufoque et dansant sur l’air de Harlem shake (musique électronique) du compositeur Baauer (en).
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En quelques semaines la 1er vidéo a fait le tour du monde sur le site You Tube, partagée des millions de fois. Aujourd’hui elle se duplique sur tous les modes, tous les lieux. Postée la 1er fois le 2 février 2013 elle présente quatre personnes déguisées à outrance et se déhanchant de manière absurde. Immédiatement elle est suivie d’une seconde vidéo déclinant la 1er sur le même air avec des skateurs australiens. Le principe : un déhanchement du buste et des épaules sur le rythme de la musique.
Maintenant les défis sont de tous ordres, plateau télé, caserne militaires plongeurs sous-marins, cour d’écoles et d’amphis de fac, bureaux bien sage, et bureaux de fous…
Quelques mots sur les paroles de la chanson Con los Terrorisas : ce qui veut dire « avec les terroristes ». Les dadaïstes doivent se régaler du fin fond du début du 20ième siècle. La provocation est extrême. Il y a un synopsis de base. Premier temps : un personnage au milieu d’une assemblée ou un groupe de personnes calmes, gesticule sur la musique. Deuxième temps : les mêmes apparaissent nus ou habillés de façon burlesques et dansent à leur tour dans un désordre total ; l’ensemble est toujours assez réussi et inventif. Chacune de ces séquences dure 15 secondes. Le simulacre d’actes sexuels fait partie parfois du lot commun.
Quelques statistiques : au bout de 9 jours ce sont 11 000 répliques qui sont mises en ligne, cela fait tout de même 44 millions de vues. Au 15 février nous en sommes à 25 000 séquences et 120 millions de vues sur You Tube. Le défi est mondial, intégrée par les institutions (les grandes marques, les banques, les assurances, les shows télévisés…et même l’armée), mais c’est devenu aussi un instrument de luttes politiques comme en ce moment même en Tunisie.
Aujourd’hui même, vendredi, les étudiants tunisiens ont prévu d’en tourner une en face du ministère de l’éducation en signe de provocation et de protestation contre les ligues salafiste de protection de la révolution.
Les islamistes la dénoncent et les jeunes progressistes laïques la revendiquent comme une arme de lutte pour une plus large démocratisation de la Tunisie. La bagarre a commencé il y a quelques jours quand les élèves de l’Institut des langues Bourguiba se sont affrontés avec les islamistes autour du tournage d’un Harlem Shake. Il faut dire que le principe de cette intervention de rue filmée à de quoi choquer les plus intégristes d’entre eux, nudités, sexe, parodie de religion, tout y est pour les excéder au maximum.
Phénomène planétaire ludique dans un premier temps, le Harlem shake devient un instrument de lutte contre tous les extrémistes et l’étendard de ceux qui revendiquent la liberté d’expression et de création ; vieux débat, vieux comme le monde !
A quand un Harlem Shake avec les rédacteurs d’Agoravox ?
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