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Accueil du site > Actualités > Société > Henri Amouroux : un monstre sacré du journalisme disparaît

Henri Amouroux : un monstre sacré du journalisme disparaît

Henri Amouroux, journaliste, écrivain, historien, professeur de journalisme, s’est éteint dans sa résidence secondaire en Normandie au début du mois d’août.

L’été aura connu la disparition de nombreuses personnalités de talent. Notamment il y a quinze jours.

En effet, le journaliste Henri Amouroux, président de l’Académie des sciences morales et politiques, est mort le 5 août 2007 à 87 ans.

Henri Amouroux, j’avais appris à le connaître au début des années 1980.

Sur France Inter. À cette époque, tous les vendredis soirs, de 19 h 20 à 20 heures, des éditorialistes débattaient de l’actualité. Il y avait Pierre Charpy (de La Lettre de la nation, qui représentait le RPR), Jean d’Ormesson (du Figaro), Claure Estier (qui représentait le PS), Roland Leroy (de L’Humanité)... et Henri Amouroux, qui représentait en quelque sorte l’UDF ou, plutôt, la tendance giscardienne de l’opposition de l’époque.

Un concept très novateur à l’époque, qui me passionnait car l’éclairage avec recul est un exercice bien séduisant, et qui a été repris par la suite de nombreuses fois par des radios concurrentes (à ce jour, l’émission quotidienne On refait le monde sur RTL de 19 h 10 à 20 heures me semble la plus pertinente et a même "créé" médiatiquement un ministre, Azouz Begag !).

Donc, à cette ancienne époque, j’appréciais la voix très particulière de Henri Amouroux, à la fois légère et grave, à peine audible, qui proposait quelques analyses fort convaincantes. Une voix devenue forcément familière au fil des années.

Pourtant, Henri Amouroux était loin d’être un animateur radio. Il a d’abord été un journaliste de l’écrit, celui du journal Sud Ouest dont il est devenu le directeur général. Il dirigea ensuite France Soir. L’année prochaine, il aurait fêté ses 70 ans de métier !

Cela dit, il a proposé de nombreuses émissions de radio et de télévision sur des thèmes historiques et il a pondu une excellente biographie sur Raymond Barre (que je vous recommande de lire), en 1986, peu de temps avant la candidature à l’élection présidentielle de ce dernier.

Mais il était surtout connu pour avoir publié les dix volumineux tomes de la Grande histoire des Français sous l’Occupation (plus de deux millions d’exemplaires vendus) qui lui valurent quelques procès en sorcellerie, certains considérant qu’il faisait la part trop belle à la Collaboration (qu’il excusait d’une certaine manière le fait de collaborer).

"Procès" qui évolua rapidement sur son propre passé pendant l’Occupation, Henri Amouroux ayant travaillé comme rédacteur dans un journal clairement collaborationniste (La Petite Gironde) qui fut interdit à la Libération.

Ce soupçon prit plus facilement corps lorsque Henri Amouroux témoigna lors du procès de Maurice Papon à la demande des avocats de ce dernier. Amouroux y expliqua que les Français avaient pu ignorer la réalité de la Shoah, rappelant que « l’histoire ne s’écrit pas en noir et blanc. ».

Sa croix de guerre 1939-1945, sa très faible participation à la rédaction de La Petit Gironde, et surtout, sa participation au mouvement de résistance girondine Jade-Amicol pouvaient le disculper de tout malentendu sur son passé.

Parmi ses contradicteurs, l’historien et universitaire Robert Paxton, spécialiste aussi du régime de Vichy, premier à avoir réfuté en 1966 la thèse du double jeu de Pétain (proposée par Robert Aron et Georgette Elgey), qui insistait sur le fait que la France avait devancé les Allemands sur la répression contre les Juifs et que la Collaboration a été approuvée par l’ensemble du peuple français (ce que réfute Serge Klarsfeld, l’historien bien connu de la déportation des Juifs de France, qui estime que beaucoup de Français, dans leur modeste position, ont aussi aidé les Juifs).

Laurent Joffrin, dans Libération du 7 août 2007, qui a écrit sans doute le meilleur éloge au journaliste, tout en nuances, a évoqué justement que, bien que conservateur et prêt à être indulgent vis-à-vis du fait de collaborer, Henri Amouroux avait corrigé ses travaux avec plus de noirceur sur la réalité de Vichy, notamment grâce à l’apport d’autres historiens, ce qui lui valut à sa mort, malgré leurs différends, un hommage particulier de Serge Klarsfeld.

Finissant son article (et concluant le mien), Laurent Joffrin ponctua ainsi : « L’honnêteté de l’enquêteur, en somme, l’avait emporté sur les convictions politiques. ».

Sans doute le rêve ultime dans le monde parfait du journalisme.


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18 réactions à cet article    


  • tvargentine.com lerma 21 août 2007 12:55

    Dans tous les débats sur l’occupation et la guerre 39-45 ou nous avons pu entendre Henri Amouroux,nous n’avions un dégout d’un homme de droite,qui refusait d’avouer ou de dire son admiration pour Pétain.

    Il a toujours arrondi les angles de la collaboration et cherché à réviser l’histoire,attaqué les résistants communistes et pour ceux qui avaient un doute sur son intégrité le procès Papon à mis l’homme à la lumière de tous :

    "Amouroux y expliqua que les Français avaient pu ignorer la réalité de la Shoah, rappelant que « l’histoire ne s’écrit pas en noir et blanc. ».

    L’américain Robert Paxton avait un meilleur crédit dans cette page de l’histoire de France

    Franchement qui pourrait regretter un adorateur du Pétainisme et de la collaboration.


    • Zygomar 22 août 2007 09:22

      Un admirateur de Pétain et du régime de Vichy par lerma

      @lerma

      Vous n’êtes qu’un pauvre type, un ignoble individu.


    • tvargentine.com lerma 21 août 2007 12:55

      Dans tous les débats sur l’occupation et la guerre 39-45 ou nous avons pu entendre Henri Amouroux,nous n’avions un dégout d’un homme de droite,qui refusait d’avouer ou de dire son admiration pour Pétain.

      Il a toujours arrondi les angles de la collaboration et cherché à réviser l’histoire,attaqué les résistants communistes et pour ceux qui avaient un doute sur son intégrité le procès Papon à mis l’homme à la lumière de tous :

      "Amouroux y expliqua que les Français avaient pu ignorer la réalité de la Shoah, rappelant que « l’histoire ne s’écrit pas en noir et blanc. ».

      L’américain Robert Paxton avait un meilleur crédit dans cette page de l’histoire de France

      Franchement qui pourrait regretter un adorateur du Pétainisme et de la collaboration.


      • Marcel Chapoutier Marcel Chapoutier 21 août 2007 13:21

        Cela parait incroyable, (tout arrive !...) pour une fois je suis d’accord avec Lerma. smiley


      • Marcel Chapoutier Marcel Chapoutier 21 août 2007 13:22

        Ierma, pardon !...


      • Francis, agnotologue JL 21 août 2007 14:13

        Oui, lerma c’est un mystère. On dirait un ordinateur programmé par des populistes ’exogènes’, des gens qui ne sont pas imprégnés, ne sont pas au top de notre culture et notre histoire françaises, mais qui en ont une vision simpliste, simplissime même, et veulent néanmoins agir sur « ce qui se dit » : Une sorte de propagande occulte.

        Ses propos ne sont jamais réfléchis, mais toujours stéréotypés. Comme une machine.


      • Zygomar 22 août 2007 09:24

        "Un admirateur de Pétain et du régime de Vichy par Marcel Chapoutier

        chapoutier, mon commentaire à lerma va également pour vous.


      • tvargentine.com lerma 21 août 2007 14:26

        Lerma n’est pas un robot mais un homme de gauche qui a voté et souscrit au programme de Nicolas Sarkozy face à la candidature présidentielle d’une médiocrité qu’on n’attendait pas du PS après avril 2002

        A l’image des hommes de gauche comme Claude Allègre,je considère que les idées doivent changer pour aller de l’avant et etre beaucoup plus réaliste afin de correspondre à nos attentes.

        Claude Allègre tient depuis des années ce discours et nous sommes des millions en France comme lui à attendre un changement au sein du PS,qui ne soit pas uniquement un changement de personnes.

        Ensuite la base des militants PS n’est pas représentatif des électeurs de gauche,elle ne défend pas les mêmes interêts.

        Quand « aux nouveaux électeurs du PS à 10 euros » de Ségolène Royal,franchement,elle se fout de la geule des gens ????

        c’est juste un instrument afin de lui permettre de prendre la main sur le PS et nous pouvons vraiment douter sur l’existence réélle des ces « nouveaux militants à 10 euros »

        La grande force de Nicolas Sarkozy aura été de comprendre cela et de s’appuyer sur cette nouvelle base de soutien pour lui.

        Il est dans son rôle de président qui rassemble et cela, beaucoup de français appprouvent..comme moi


        • Francis, agnotologue JL 21 août 2007 14:46

          lerma qui parle de lui à la troisième personne, serait-il un collectif ? C’est plausible ...


        • Francis, agnotologue JL 21 août 2007 19:04

          @ Philippe Renève, oui, tout à fait. Mais je remplacerais « Rationnellement » par « Rédhibitoirement » smiley


        • ZEN ZEN 21 août 2007 18:21

          « Lerma n’est pas un robot mais un homme de gauche qui a voté et souscrit au programme de Nicolas Sarkozy »

          Je parie que c’est Allègre qui se cache là...Faites vos jeux !...


          • Francis, agnotologue JL 21 août 2007 19:05

            @ Zen : tiens, j’ai eu la même idée. smiley


          • claude claude 22 août 2007 01:30

            @ l’auteur,

            merci pour cet article.

            pour un de mes anniversaires, je me suis fait offrir la collection totale de « La Grande Histoire des Français sous l’Occupation ». ce qui en ressort, c’est que rien n’est simple, ni tout blanc, avec les résistants héroïques d’un côté, ni tout noir, avec les méchants collabos de l’autre...

            il y a eu des salauds magnifiques qui ont eu des moments d’humanité, comme des résistants qui ont confondu règlement de compte et justice... (ouh, la,la, je sens que cela ne va pas plaire...)

            en discutant avec la génération d’avant, c’est aussi ce qui apparait : les alsaciens-mosellans annexés et embrigadés de force : c’était les « malgré -nous », même son de cloche avec ceux qui ont fait la guerre du « bon côté »...

            en fait ces 10 livres posent des questions, : « et... si cela avait été nous,... qu’aurions nous fait ? de quel côté aurions nous été ou pas ??? »


            • frédéric lyon 22 août 2007 10:10

              « pour un de mes anniversaires, je me suis fait offrir la collection totale de »La Grande Histoire des Français sous l’Occupation« . ce qui en ressort, c’est que rien n’est simple, ni tout blanc, avec les résistants héroïques d’un côté, ni tout noir, avec les méchants collabos de l’autre...  »

              ................

              Bien sûr, bien sûr.

              Bien sûr qu’il y avait des gens très bien du côté de la Kollaboration.

              La meilleure preuve en est qu’il y avait même toute une floppée de gens de « gôche » chez les Kollabos. Tels que Pierre Laval (Député Radical-Socialiste), Marcel Déat (Député Socialiste SFIO), ou Jacques Doriot (Député Communiste).

              Tandis que chez les Résistants, il y avait aussi des salauds. Par exemple, des juifs ou des apatrides. Et aussi des francs-maçons. Qui ont accepté de se faire tuer pour qu’une Claude puisse librement continuer à délirer sur Agoravox.

              C’est tout à fait comme aujourd’hui :

              La « gauche » collaborationniste de l’Occupation a fait des petits.

              Ses enfants sont tout ceux de la « gauche », qui se disent « anti-libéraux », « antisionistes », ou « altermondialistes », alors qu’en fait ils sont totalitaristes, antisémites et prêts à vendre leur pays contre un plat de lentilles.

              Exactement comme leurs glorieux ainés.

              Fort heureusement, il y a aussi une autre gauche, la véritable gauche cette fois, qui est social-démocrate, qui n’a plus rien à faire avec la première et qui va s’en séparer.

              C’est la gauche de Kouchner, DSK, Allègre, Bockel. Tous les « déserteurs », que la « gauche » antilibérale insulte aujourd’hui et qu’elle aurait volontiers livré aux allemands si elle avait vécu à la bonne époque, comme l’on fait leurs parents.

              Il ne faut surtout pas oublier que si on avait dû fusiller tous les Kollabos à la Libération, il aurait fallu fusiller la moitié du pays ! Et que la grande popularité du Général de Gaulle tenait au fait qu’il avait pardonné, dans sa grande sagesse, à tous ces gens qui ont pu ainsi se croire blanc comme neige. En amnistiant le Marechal.


              • claude claude 22 août 2007 11:54

                je n’ai qu’une seule chose à dire : allez à la bibliothèque la plus proche de votre domicile, et empruntez les 10 volumes, lisez-les et on en reparlera ensuite ! smiley

                dans ma famille, côté paternel (et surtout ce n’est pas pour me vanter, car je n’y suis pour rien) : 2 oncles et une tante dans la résistance, dont un engagé dans la 2° DB après être passé par l’espagne. ma tante livrait des artmes sous les casiers à bouteilles de son père limonadier et mon 2° oncle étudiant en médecine alors, soignait clandestinement les maquisards. ils avaient 20 ans à l’époque et refusaient de se soumettre. avant de partir en espagne, mon oncle s’est publiquement disputé avec son père, pour que celui-ci ne soit pas inquiété.

                côté belle-famille : des paysans alsaciens vivant tranquilement à 5km de la frontière allemande. annexion de l’alsace : les instituteurs français sont remplacés par des retraites allemands de la fonction publique. les garçons de plus de 18 ans sont incorporés de force, direction le front de l’’est. en cas de fuite ou de rébellion, la famille était arrêtée. dans le village, toutes les familles ont été touchées. un des frère de ma belle-mère a été fait prisonnier par les russes dans un petit port de la mer baltique, envoyé dans un camp (tambov) et quand il est revenu en 1950, il ne pesait plus que 40 kg pour 1m80...

                pendant toutes ces années, la majorité de la population avait qu’une seule idée : survivre à tout prix. certains se sont plus compromis que les autres, et on adopté la ligne politique des nazis, d’autres ont refusé et on créé la résistance et les maquis. et au milieu, des personnes, chargés de famille, plus au moins terrorisées, qui ont fait ce qu’elles ont pu.

                laval et son gouvernement, la lvf, les miliciens ont fait un choix : celui de la trahison, certains par idéalisme (une partie de la france d’avant guerre était antisémite déclarée. aujourd’hui, leurs propos leur vaudrait la prison), d’autres pour profiter le l’occasion pour prendre de l’importance ou s’enrichir à peu de frais.

                arrêtez de croire que le peuple français a résisté en masse : c’est faux. et que les résistants ont été des glorieux chevaliers blancs : ils ont eu aussi leur zone d’ombre, surtout ceux de la 25° heure qui en ont profité pour se livrer à des rapines et des exactions, dignes des bandits de grands chemin : le nombre de leurs « bavures » se compte en milliers de morts.

                la période est encore sensible, et on ouvre à peine les archives de cette époque. on n’est pas au bout de nos remises en questions.

                donc, je me tiens à mon premier post : henri amouroux était un grand journaliste, doublé d’un historien, qui n’a pas hésité non plus, à revoir sa copie à la lueur de nouveaux éléments apportés par ses collègues .


              • CAMBRONNE CAMBRONNE 22 août 2007 12:07

                Bonjour Claude

                Merci pour votre intervention car moi aussi je suis un admirateur d’henri amouroux ; J’ai lu sa Saga sur l’occupation et il a le mérite d’avoir été le premier à prendre l’époque à bras le corps sachant montrer une france ni toute noire ni toute blanche mais trés complexe comme toujours la vérité .

                J’ai lu aussi Paxton qui en tant qu’étranger a des idées parfois plus pertinentes et plus féroces mais la lecture des deux est bénéfique .

                Bien à vous Claude et fraternité .


                • claude claude 23 août 2007 01:27

                  merci cambronne,

                  quel plaisir de vous revoir sur les fils !

                  quand j’ai lu les ouvrages d’amouroux,et au moment du procès de papon, j’en ai discuté avec mon père, mes oncles et tantes qui avaient connu cette période.

                  les petites compromissions de l’époque n’étaient pas pire que celles que l’on vit aujourd’hui. (je ne parle pas des miliciens, collabos et engagés volontaires). tout le monde voulait survivre au mieux avec les tickets de rationnement, les patrouilles, et les nouvelles des rafles de juifs, et des exécutions de « terroristes » qu’étaient les résistants.

                  je ne connais pas les ouvrages de paxton, mais il a un avantage par rapport à amouroux : il n’est pas français, donc, il n’a pas à marcher sur des oeufs et bouculer des susceptibilités dans un sens ou dans l’autre.

                  bonne nuit !


                • ylemeur 22 août 2007 16:13

                  Amouroux était une crapule qui a falsifié l’histoire à son profit, ainsi qu’il était clairement apparu au procès Papon, où ses contradictions étaient apparues au grand jour (il avait d’ailleurs reconnu ce jour-là, pour se dédouaner, ne pas être historien).

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