Immigration et identité
D’après la théorie des relations objectales, le développement du sentiment identitaire se fonde sur l’introjection, ceci depuis un très jeune âge. Nonobstant, je me contente d’examiner ce concept dans une dimension bien précise, à savoir l’immigration.
En effet, le début de toute expérience migratoire consiste en un état de frustration, d’exclusion et de non-appartenance. Les immigrants n’appartiennent plus à leur culture d’origine, et pas encore à la culture hôte.
Il importe de noter que la culture d’origine de l’immigrant impose fidélité et dévouement à ses normes, ce qui génère un sentiment de culpabilité dès le départ, celui-ci marquant un point de rupture et la fin d’un lien, d’un contact et d’une obéissance.
Une telle situation demeure doublement déchirante, une peur surgit, peur de la perte des repères, des références et de l’assujettissement aux règles de la culture d’origine, ou, à tout le moins, de l’ancienne culture. Subséquemment, une réaction d’isolement émerge.
Sans nul doute, l’immigration est un changement ; considérant que tout changement est déstabilisateur, il s’agit véritablement de ce que Piaget appelle la rupture des équilibres, le changement met l’identité en péril. Concrétisé par la perte des personnes, objets et symboles : membres de la famille, lieux, langue, us, coutumes... pour ne citer que les plus prépondérants, qui bousculent totalement le sentiment de l’identité.
À ces éléments, il convient de le rappeler, sont liés des affects extrêmement intenses.
Dans le dessein d’apaiser le poids de la perte, les membres maintiennent entre eux des liens étroits, d’autant plus qu’ils partagent d’innombrables éléments communs : langue, souvenirs, habitudes...
Prenons comme illustration les repas en groupe ; au-delà de leur dimension utilitaire, ils représentent une espèce de rituel commémoratif susceptible de nous ramener à l’enfance.
Quoique la diversité soit devenue une condition, non seulement de la survie biologique et écologique, mais également de l’épanouissement d’une société du savoir, où le processus est plus important que le produit, on est aujourd’hui contraints à une incontournable redéfinition de l’identité. L’hypothèse de l’identité déterminée en fonction de l’ancestralité est d’ores et déjà remise en question.
Alors que certains prophétisent, à tort ou à raison, la convergence culturelle du globe, serait-on enclin à parler d’identité universelle, donc unique ?
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