Immobilier : soldes -30% à -40% en vue !
Les arbres ne montent pas jusqu'au ciel. La hausse des prix de l’immobilier a duré tellement longtemps que l'on a oublié, sinon nié, le caractère cyclique de ce marché. Il faut se souvenir que, entre 1990 et 1997, les prix de l'immobilier ont reculé partout en France - de 39 à 49% -, y compris à Paris. Les indices séculaires des prix immobiliers établis par plusieurs économistes permettent d'éclairer ces variations à long terme du marché immobilier.
Le désormais célèbre Jacques Friggit estime que le prix de l'immobilier a atteint en 2010 un niveau historiquement anormal, supérieur de 70 % à sa tendance historique par rapport au revenu par ménage. Il devrait à terme rejoindre cette tendance : un scénario rapide consisterait en une baisse des prix (en euros courants) de 35 % en cinq à huit ans ; un scénario lent – moins probable mais qu'on ne saurait écarter – consisterait en des prix (en euros courants) qui resteraient constants pendant quinze à vingt ans.
Jacques Friggit, chargé de mission au Conseil général de l'environnement et du développement durable, a ainsi observé que les prix des logements étaient reliés à la croissance des revenus des ménages et qu'ils oscillaient avec une marge de 10 % autour d'une tendance longue.
Bulle immobilière française actuelle
Le désormais célèbre tunnel de Friggit illustre que les prix de l’immobilier en France ont ainsi été confinés dans le tunnel pendant plus de 37 ans, jusqu'en 2002.
Puis, sur l'ensemble du territoire français, les prix des maisons et des appartements ont augmenté depuis 1997, lentement jusqu’en 2001, puis de plus en plus fortement entre 2002 et 2007. Pendant ces 10 années, les prix de l'immobilier français ont été multipliés par 2,5 voire 3, soit 150 % à 200 % de hausse, en fonction des périmètres géographiques (155 % sur le territoire national et 191 % à Paris). A tel point que fin 2007, les prix étaient près de 20 % plus élevés qu'à la veille du krach immobilier de 1991.
Bulle immobilière française des années 1990
Ce fameux krach immobilier des années 1990, qui s’en souvient ? Entre 1987 et 1991, les prix de l'immobilier s’étaient envolés (essentiellement à Paris, en région parisienne et sur la côte d'azur) de 85 % de 1985 à 1989, de manière totalement décorrélée de l'évolution de l'indice global des loyers en France et bien supérieure à l'évolution des loyers parisiens. En 1991, les ventes très inférieures à leur niveau moyen marquent le début du krach immobilier. Le scénario est connu : le début de la crise est caractérisé par un effondrement des ventes à prix constants, un phénomène souvent observé en fin de cycle haussier, puis une chute des prix de l'immobilier qui reviennent en adéquation avec les fondamentaux économiques. Ainsi, les prix ont baissé de 40 % en euros constants dans tous les arrondissements de Paris entre 1991 et 1996.
États psychologiques et bulle spéculative
Les travaux de Jean-Paul Rodrigue suggèrent l'existence de quatre phases différentes caractérisant l'état psychologique de l'investisseur lors d'une bulle spéculative. La première phase est cachée et correspond au moment où des investisseurs relativement prudents mais très éclairés vont se positionner. La seconde phase enthousiaste est suivie d'une prise de conscience médiatique caractérisée par un afflux d'investisseurs de moins en moins éclairés et susceptibles de comprendre l'ensemble des mécanismes de valorisation du marché. La troisième est la phase dite de mania, paroxysme de la bulle spéculative où le seul fait que les prix grimpent suffit à drainer les investissements massifs de spéculateurs ayant recours à un endettement massif, les investisseurs éclairés et institutionnels préférant en général se dégager du marché. Le point le plus haut est souvent associé à l'apparition de discours justifiant l'apparition de nouveaux paradigmes qui sont destinés à justifier la permanence d'un plateau élevé. La dernière phase dite d'éclatement se caractérise par la faillite des investisseurs les plus endettés ayant abusé de l'effet de levier tandis que des investisseurs éclairés profitent généralement des liquidations.
Le parallèle entre les phases d’état psychologique et l’état actuel de la courbe de Friggit est à lui seul très parlant : notez bien où en est la courbe noire des prix (données août 2014), ainsi que la courbe rouge des ventes complètement effondrée, annonciatrice de l’effondrement prochain des prix.
Détails et graphiques sur le site du CGEDD.
Discussion technique (pour les réfractaires, passez au paragraphe suivant)
D’après les derniers chiffres des notaires de Paris/Ile-de-France publiés le 31 juillet 2014, le nombre de transactions immobilières observées en Ile-de-France, bien que stable sur la période mars, avril, mai par rapport à la même période en 2013, est à un niveau assez bas puisqu’il est inférieur de 12 % à la moyenne des 10 dernières années sur cette période et même de 22 % par rapport aux périodes de haute activité.
L’indice des prix des notaires indique que les prix de l’immobilier en Ile-de-France ont diminué de 2.1 % en un an. Ce qui porte la baisse de cet indice à environ 5 % en deux ans et demi. Cette baisse reste faible quand on la compare aux hausses de prix des années précédentes. Néanmoins avec une inflation d’environ 3.6 % sur ces deux ans et demi, on arrive à une diminution des prix en euros constants de -8.3 %. Et tout cela dans une période de baisse des taux et sans tenir compte de l’effet qualité. Il y a deux et demi les taux étaient à un peu moins de 3.90 % en moyenne, contre 2.70 % aujourd’hui. Ce qui aurait dû, à autres paramètres constants, provoquer une hausse des prix de plus de 9 %. Autant dire qu’en analysant en détail la situation en région francilienne, la baisse des prix y est bien plus importante que ces chiffres bruts ne veulent le laisser croire.
Le même phénomène s’observe en Province. L’indice Notaires-INSEE ne montre que de faibles diminutions des prix depuis plusieurs trimestres alors que les témoignages des professionnels sur le terrain relatent tous des baisses de prix bien plus conséquentes. Un très bon article de Virginie Franc-Jacob sur la face cachée des statistiques officielles sur les prix de l’immobilier en France nous apprend qu’en plus de l’effet qualité et des décalages dans le temps bien connus, l’indice des prix est surtout composé des chiffres des grandes agglomérations et que ceux des villes de taille moins importante disparaissent progressivement des indices. Or c’est là que les prix baissent le plus vite.
Perspectives ?
Si Friggit annonce une chute prochaine des prix de 35%, d’autres économistes et responsables du secteur immobilier plus lucides que d’autres annoncent aussi la même chose : Immobilier : "Les prix vont baisser de 30%".
Une possible baisse des prix de 30 % sur 10 an !
Attention, le déni est encore très grand dans la profession. Un sorte de méthode Coué ?
Résidences secondaires : un marché dont la bulle a explosé
Immobilier : Les notaires dans le flou
Même les chiffres des notaires sont curieux !
Les chiffres de l'immobilier... très éloignés de la réalité du marché
Les agents immobiliers souffrent-ils du burn out ?
Céline Dion obligée de baisser le prix de son manoir (dingue non ? Si ça c'est pas un signe...)
La baisse pourrait donc être d'au moins 30% par rapport au pic de 2011, dans cinq à dix ans. A Paris, on pourrait avoir une baisse de 5 à 6% en 2014, de 10% en 2015, puis de 4% dans les années qui suivent.
Pendant des années, les prix de l'immobilier et les revenus ont progressé en parallèle. Mais, depuis 1997, cette corrélation est cassée. Entre ce moment et le sommet de la bulle, à l'été 2011, les prix de l'immobilier ont progressé à un rythme près de deux fois plus rapide que les revenus. C'est bien la preuve que les prix sont déconnectés de la réalité du marché.
La financiarisation de l'économie a permis aux banques d'utiliser toutes sortes de techniques pour solvabiliser artificiellement les ménages : prêts à taux variables, augmentation de la durée du crédit... Par ailleurs, le crédit immobilier est devenu pour les établissements financiers un produit d'appel pour vendre d'autres produits, si bien que l’exigence de rentabilité y est moindre, ce qui a ainsi pu faire encore baisser les taux d'intérêt.
Mais aucun des facteurs à l'origine de la hausse n'opère plus aujourd'hui : les taux sont au plancher et, depuis la crise, les banques sont devenues plus prudentes en matière de conditions d'octroi de crédit et de durée. Par ailleurs, les aides d'Etat se sont en grande partie taries parce qu'il n'y a plus d'argent dans les caisses. Et puis l'effet moutonnier est aussi en train de disparaître : les gens ont compris que les prix allaient baisser, ils préfèrent donc attendre pour acheter.
Par ailleurs le papy-boom entraîne un retournement démographique du rapport de forces entre acheteurs et vendeurs. Entre 20 et 59 ans, vous êtes plutôt acheteur, vous fondez une famille, vous vous agrandissez... En revanche, à partir de 60 ans, vous êtes plutôt vendeur, en particulier dans les grandes agglomérations, car beaucoup de gens partent prendre leur retraite à la campagne... Ainsi, on a eu ces dernières années 50 000 vendeurs de plus que d'acheteurs par an, alors que, avant 2005, on avait, au contraire, 80000 acheteurs annuels de plus que de vendeurs. Cela renforce évidemment la position des acheteurs pour négocier.
L’évolution ces dernières années de l’ITI, l’Indicateur de Tension Immobilière, qui mesure le rapport de force entre le nombre d’acheteurs et le nombre de vendeurs (vert = plus d’acheteurs ; rouge = plus de vendeurs) est aussi très parlant :
Louer, au lieu d'acheter ?
Aujourd’hui sûrement oui, sauf cas très particuliers (fort apport personnel / crédit très court, localisation en secteur moins sensible, achat très long terme), et encore... L'immobilier est un bon investissement pour se protéger contre l'inflation, mais, en période de déflation, c'est loin d'être le cas. Avec une stagnation économique et une baisse des prix de 30%, il faudrait à un primo-accédant trente-quatre ans avant que son achat ne soit plus rentable que la location - autrement dit, pour qu'il possède un patrimoine équivalent à l'épargne d'un locataire - et vingt-neuf ans pour un secundo-accédant. Il vaut mieux louer dans presque tous les cas, sauf dans quelques régions bien précises.
Pour ceux qui ne sont pas encore convaincu, ou qui au contraire voudraient en faire une simulation, vous trouverez sur interner des comparateurs pour simuler le coût réel entre acheter un bien immobilier ou le louer.
Une version Internet est accessible ici : http://www.bulle-immobiliere.org/achat-location/
Une version Excel est aussi disponible à cette adresse : http://www.bulle-immobiliere.org/achat-location/AchatLocV2.xls
- Pour suivre attentivement l’évolution immobilière, je vous conseille le blog de Marc Candelier.
- Pour une étude approfondie par Jacques Friggit : « Le prix de l’immobilier d’habitation sur le long terme (janvier 2014) », support de cours, ENPC. 1. Historique du prix des logements. 2. Quelques propriétés du prix des logements. 3. Comparaison avec les autres actifs. 4. Loyers et revenus depuis 1970. 5. Comment expliquer l’envolée du prix des logements de 2000-2008 ? 6. Prospective. 7. Conclusion.
51 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON