Interdiction à un fonctionnaire de s’en prendre au prince !
Un maître de conférences est poursuivi par la justice et comparaîtra devant un tribunal le 27 janvier 2016 pour avoir, non publiquement d’ailleurs mais dans une liste de discussion interne repris des propos du premier ministre.
Où va-t-on ?
Le droit d’expression est donc interdit….
S’agit-il du retour du délit de lèse-majesté ?
Une pétition qui relate les faits et qui appelle à la relaxe pure et simple de l’enseignant chercheur circule :
« Un enseignant-chercheur poursuivi pour avoir cité M. Valls
Pétition de soutien à Bernard Mezzadri
Le mercredi 27 janvier 2016, à 14h, Bernard Mezzadri, maître de conférences à l’université d’Avignon et des Pays de Vaucluse (UAPV), comparaîtra devant le tribunal correctionnel d’Avignon (Palais de justice, 2 boulevard Limbert) au motif qu'il aurait « provoqué à la discrimination, à la haine ou à la violence à l’égard d’une personne ou d’un groupe de personnes à raison de leur origine ou de leur appartenance ou de leur non appartenance à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée ».
Cette citation à comparaître fait suite à un message diffusé en mai 2015 par Bernard Mezzadri sur une liste de discussion interne réservée aux enseignants-chercheurs et personnels de son établissement (« debat-uapv »), où, à l’occasion de la rencontre d’une délégation de l’université avec le premier ministre, il rappelait ironiquement les propos de M. Valls sur le marché d’Évry – dont alors il était le maire –, dans les termes suivants : « J'espère qu'en cette grande occasion la délégation de l'UAPV comptera suffisamment de "blancos" (et pas trop de basanés), afin de ne pas donner une trop mauvaise image de notre établissement. »
Celui qui était alors président de l'UAPV, Emmanuel Éthis, et son service juridique ont cru de leur devoir de « signaler » au procureur de la république cette contribution, dont l’intention évidente était de dénoncer sarcastiquement les propos xénophobes de M. Valls.
Du reste, M. Valls a lui-même fait l'objet de deux plaintes pour provocation à la discrimination raciale, en raison de ses propos concernant les Roms en 2013, quand il était ministre de l'intérieur.
Les signataires de cette pétition dénoncent :
* le comportement des autorités de l’université d’Avignon et de son président d'alors, qui, au lieu de se poser en garants de la liberté de pensée et d’expression au sein de leur établissement, entendaient la museler par une sordide tentative d'intimidation ;
* la décision du procureur de répondre à cette sollicitation indigne ;
* le choix du chef d’inculpation, délibérément infamant, puisqu’il attribue calomnieusement au prévenu des idées et intentions contraires à ce qu’il a toujours défendu, jusques et y compris dans le message incriminé.
Les signataires de cette pétition :
* condamnent les propos de M. Valls auxquels Bernard Mezzadri faisait ironiquement référence ;
* demandent la relaxe pure et simple de Bernard Mezzadri. »
Les noms des premiers signataires figurent sur le texte qui apparaît quand vous cliquez sur le lien :
http://www.petitions24.net/un_enseignant-chercheur_poursuivi_pour_avoir_cite_m_valls
Cette décision du procureur de faire suite au signalement apporté par le président de l’UAPV est surprenante et inqualifiable.
Ce professeur qui est poursuivi n’a fait que reproduire des propos de Mr Valls dans le cadre non d’une publication publique mais dans celui d’échanges sur une liste interne.
Va-t-on demain éplucher tous les échanges et les listes ?
Va-t-on revenir au temps de l’autorisation préalable ?
Avec l’état d’urgence qui se prolonge, il risque d’y avoir plus d’un dérapage.
L’Etat de droit est-il devenu un souvenir ?
Jean-François Chalot
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