Jouir sans entrave, mais sans désir ?
“Mesdames, venez nombreuses et laissez vos complexes à l’entrée ! Réservé aux filles, cet atelier vous permettra de discuter librement de votre sexualité et du plaisir féminin en général, en compagnie de deux professionnelles : Judy Minx, actrice X, éducatrice sexuelle et militante queer et Tiphaine du STRASS (syndicat des “travailleu(r)ses du sexe”). Places limitées”.

Dommage que je n’aie plus 20 ans, et que je ne sois plus à Sciences-po. A mon époque, on n’avait pas cette chance, d’avoir une “semaine du genre” avec des ateliers pour filles. C’est drôlement moderne et ouvert sur le “privé est politique”, maintenant, l’école de Richard Descoings. Chapeau bas ! C’est une sacrée avancée. Et puis, ce qui est ENCORE plus remarquable, je dis bien REMARQUABLE, c’est les personnes qu’on invite, pour animer ces ateliers. On fait dans le professionnel, pas dans l’amateur. On n’invite pas ces has-been de féministes qui nous empêchent de jouir.
Mais bien les personnes qui s’y connaissent ! LES PROFESSIONNELLES ! Oui, celles qui jouissent en toute liberté. Des sexologues ? Ou peut-être des psys ? Ces personnes qui nous aident à nous détacher des entraves moralistes, religieuses et patriarcales qui entravent souvent la jouissance des femmes ? Mais non, vous n’avez rien compris ! Des PRO-FES-SION-NELLES. Celles qui connaissent mieux que personne le plaisir féminin : une actrice X bien connue, et la porte-parole des quelques centaines de prostitué-es volontaires qui militent pour la réglementation de la prostitution. Parce que quand même, quand on a plein de partenaires chaque jour, ou qu’on se fait pénétrer par tout plein de bites ultra-performantes pour des films porno, on doit bien savoir de quoi il s’agit, non ?
Récemment, elles nous avaient appris, en particulier dans le documentaire de Jean-Michel Carré, “Les travailleu(r)ses du sexe”, que la prostitution c’était un métier comme un autre, choisi par une bonne moitié de ses pratiquantes (des chiffres au doigt mouillé -euh, pardon), et cela nous avait bien rassuré-es. Si une personne sur deux ne voyait rien à redire à son métier (sans pour autant l’avoir rêvé dans l’enfance, bien sûr, faut pas exagérer, avec l’éducation moraliste qu’on reçoit), c’était formidable ! Et encore mieux, on y apprenait que le sexe dans une relation tarifée et contractuelle, donc sans ambiguïté de trucs qui pourraient faire penser à du sentiment ou autre construction mentale de ce genre), c’était celui qui était le plus libre !
NON, VOUS NE CROYEZ PAS ? Vous vous posez d’autres questions ? Comme, “et si le sexe n’était pas une performance ? Et si faire l’amour ce n’était pas que jouir ? Et si jouir n’était pas une obligation systématique ? Et si la jouissance par la pénétration n’était pas le critère d’évaluation du plaisir ? Et si, surtout, le plaisir, c’était d’abord se sentir DESIRANTE ?
Dans la vie, qu’est-ce qui me fait vibrer, qui, quoi, en exaltant mon désir, ouvre la voie à me sentir vivante, et aussi à avoir du plaisir ? ET SI ON EN PARLAIT, ENFIN, DU DESIR FEMININ ?
Sandrine Goldschmidt
(Photos fontaine et coquelicot par S.G)
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