Justice et Ministre
L’enquête concernant l’action de l’ex-ministre de la Santé Agnès Buzyn puis sa mise en examen ont réveillé le chœur des rosières de la politique ; de droite comme de gauche chaque politicienne, chaque politicien s’émeut qu’on puisse ainsi, par Justice interposée, demander des comptes à un ministre à propos de son action. Pourtant chacun, dans la vie de la société civile, rend compte de ses actes, des conséquences de ses actions. Politiciennes et politiciens n’ont pas eu autant d’émotions lorsque François Fillon a été mise en examen ; mais il s’agissait d’éliminer un candidat à l’élection présidentielle. Là, cependant les époux Fillon étaient appelés devant une juridiction pénale comme cela se fait dans la très grande majorité des pays ; peut-être faut-il remettre en cause la Cour de Justice de la République. Toutefois le problème restera entier sauf, comme pour le président de la République, à immuniser les ministres contre tout recours pénal.
Mais, nous dit-on, si les ministres devaient être amenés à rendre compte de leurs actions (et de leurs conséquences) devant la justice à la demande de citoyens, plus personnes ne briquera un poste de ministre. Foutaise que cela ! Par le passé de nombreux politiciens dont des ministres ont côtoyé les prétoires voire le box des accusés, pour autant le flot des candidats n’a pas tari, quand ce ne sont pas les anciens condamnés qui se présentent à nouveau. Je ne dresserai pas ici la listes de ceux-ci qui tient dans une encyclopédie à plusieurs volumes.
Nous raconter que la sanction à opposer à un ministre c’est le scrutin électoral épisodique ne tient pas. Certes on peut ne pas réélire un politicien si tant est qu’il se présente devant les électeurs, mais l’action de la justice n’a pas comme unique mission de sanctionner. La mission première de la justice c’est aussi d’éclairer les citoyens ; on nous en rebat suffisamment les oreilles à propos du procès fleuve des « attentats de novembre 2015 ». La justice a à dire si Agnès Buzyn a commis des fautes, si c’est non l’affaire est classée, si c’est oui soit la faute est intentionnelle soit elle est involontaire et alors la sanction tombe proportionnellement à l’intentionnalité et aux conséquences qu’elle a eu.
Alors les propos d’une classe politique, qui agit en caste de privilégiés, sont inconvenants comme ceux, sur Europe1 ce dimanche 12 septembre, de Bernard-Henri Lévy qui déplore "un climat de populisme pénal". Le microcosme se protège du peuple qui lui réclame des explications qu’aucune campagne électorale ne permet.
Mais ce peuple de citoyens sait que « selon que vous serez puissant ou misérable / Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir », alors il n’a aucune illusion sur la suite de la mise en examen de madame Buzyn.
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