Key Crime : le nouveau policier
Minority Report à l’échelle réelle, c’est ce que propose Mario Venturi, brigadier Milanais. Le taux de résolution d'affaires a été doublé pour certains types de crimes et ce fameux logiciel serait même en mesure de prédire les crimes à venir.
Digne d’un film de science fiction, ce logiciel fait des « merveilles » à Milan depuis 2007. Capable de prédire les délits avant qu’ils ne soient commis, il a, par exemple, permis d’arrêter deux suspects se tenant devant une pharmacie avant la fermeture. « Key Crime » avait fourni assez de renseignements à la police Milanaise, pour lui permettre d’arrêter, avant qu’il n’agisse, Amedeo B., 35 ans et plusieurs braquages de pharmacies à son actif. Pourtant, avant l’intervention, ils ignoraient jusqu’à son nom, mais son mode opératoire était suffisamment clair pour que le super logiciel puisse indiquer exactement, où il allait encore frapper.
Le principe de fonctionnement de cette prouesse informatique, est simple : l’outil analyse des milliers d’informations sur un certain type de délits et prédit donc ceux à venir, en recoupant les données saisies. Cette innovation technologique, permet donc aux policiers, d’intervenir soit avant que le criminel transgresse les règles, soit de l’interpeller en flagrant délit. S’il a fallu des heures entières de saisies minutieuses, « Key Crime » est aujourd’hui totalement opérationnel et est même prêt à évoluer. De nouvelles données informatiques lui permettront très bientôt de « penser ».
« Key Crime » a réussi à aider la police Milanaise, à quasiment doubler son taux d’élucidation de braquages, et ce, en seulement une année. Cela permet entre autre, de scléroser la récidive. D’autre part, à l’arrestation d’un criminel, il est bien entendu jugé et condamné pour le crime qu’il vient , ou allait commettre, mais aussi pour tous les crimes antérieurs, pour lesquels il avait réussi à passer entre les mailles de la justice.
Ce qu’il reste difficile à comprendre, c’est que ce logiciel ne soit pas encore utilisé à grande échelle en Italie. Il n’est pas encore sorti de la préfecture de police Milanaise. Il suffirait pourtant de modifier seulement quelques paramètres, pour le rendre utilisable à toutes les préfectures de police du pays et surtout, il pourrait être utilisé pour aider la police à enquêter (voire à anticiper) les crimes récidivistes, comme par exemple les agressions sexuelles ou autres types d’agressions dans la rue.
Les USA expérimentent déjà ce type de procédé depuis 1995. Le Times a, en novembre 2011, classé ce logiciel dans les 50 inventions les plus importantes de l’année. Des universités Américaines collaborent également avec la police, en proposant des algorithmes supplémentaires, visant à aider les agents sur le terrain. Mais leurs interventions restent basiques, les Italiens ont clairement une longueur d’avance avec « Key Crime », qui permet notamment, d’analyser plus l’auteur des délits, que les délits eux-mêmes et ce, parfois même, sans même connaitre leur identité. A titre d’exemple, en se basant sur la simple constatation qu’un tueur en série récidivera en théorie, le logiciel, examine le comportement et le mode opératoire du criminel et saura anticiper ses plans. Les Américains, détenteurs du logiciel Italien depuis juillet 2013, sont plus que séduits. Giovanni Mastrobuoni, économiste expert en sécurité et professeur au Collegio Carlo Alberto de Turin et à l’université de l’Essex en Grande Bretagne, a présenté le fameux logiciel à un groupe de travail sur les aspects économiques du crime (Economics Of Crime Working Group) du Massachusetts, le 26 juillet dernier. « Nous pouvons estimer, que dans une métropole comme Milan, Rome ou Naples, si la police et la gendarmerie adoptaient Key Crime, on comptabiliserait 1000 braquages en moins par an » affirme t’il. Il a également fait le parallèle entre la police qui utilise « Key Crime » et la gendarmerie qui n’utilise que les moyens traditionnels pour élucider les délits et le résultat est sans équivoque, le logiciel fait des merveilles.
Malgré tout, la police n’accepte pas la comparaison avec le film de science fiction « Minority Report », spécifiant qu’il ne s’agit en aucun cas d’un « gadget du futur ». Pour son créateur, comme pour la préfecture Milanaise, ce n’est que la technologie qui vient au secours d’une profession très « primaire » au niveau des techniques terrain de base. Les criminels ne laissent rien au hasard, tout est calculé, mis en place, tel un jeu de stratégie et l’accumulation d’informations peuvent clairement devenir trop complexe pour de « simples Hommes ». Partant du simple constat que quelques secondes d’une bande de vidéo surveillance, peut fournir jusqu’à 60 indices pour une enquête, le logiciel est capable d’enregistrer 20 000 données pour chaque vol. Cela comprend des historiques, des témoignages, des analyses vidéos ou sonos… qui au final permettent de déterminer beaucoup de détails sur une seule et même personne.
Il semblerait que "Key Crime" ne soit toutefois pas au goût de tout le monde. Certains restent réticents face à une machine qui ne sait ni penser, ni parler, ni même faire preuve de lucidité, s’appuyant uniquement sur des données, pour affirmer ou prédire un délit. Même si ce logiciel a un coût de production de zéro euro, il va falloir plus que l’aspect financier pour l’implanter dans chaque commissariat. Mais divers arguments comme le manque de personnel ou encore les restrictions budgétaires supportées par les systèmes de défense des divers pays, pourraient être l’excuse facile, afin de faire accepter un tout nouveau genre de collègue en Italie, mais à plus grande échelle également : « le cyber flic qui ne se trompe jamais et sait anticiper les délits ».
Source : Courrier International
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