L’abandon, une pratique isolée mais de moins en moins rare
Renoncer à son enfant peut apparaître aux yeux de beaucoup comme un acte aberrant. Les raisons qui poussent à abandonner un enfant cachent pourtant souvent des histoires chargées de souffrance.
Petit rappel des faits. Le 3 juillet dernier, à Paris, un couple de ressortissants Roumains a été mis en examen pour abandon "matériel et moral" de deux enfants de dix-neuf mois. La femme expliquait qu’ils n’avaient pas les ressources financières nécessaires pour subvenir aux besoins d’un enfant.
Deux mois plus tard, le 7 septembre, un enfant baptisé "Lola" par le personnel de l’hôpital femmes-mères-enfants de Bron (Rhône), et emmitouflé dans une serviette éponge, a été découvert sous un porche, dans une rue proche du commissariat du septième arrondissement de Lyon.
Plus récemment encore, le mardi 13 octobre dernier, les caméras de surveillance d’Uzès (Gard), ont détecté une jeune trentenaire arriver en voiture aux abords de la cathédrale, pour y déposer une bassine en plastique dans laquelle se trouvait un petit garçon né dans la nuit de dimanche à lundi.
Afin d’éviter l’écueil de la diabolisation systématique, nous avons cherché à savoir d’abord quelles étaient en général les raisons qui poussaient les femmes à abandonner leurs enfants. Nous nous sommes ensuite penchés sur les critères définis par l’Etat Français lorsqu’il s’agit de définir l’abandon d’enfant. Enfin, nos recherches nous ont permis de dresser un état des lieux de la problématique de l’abandon en France.
EN GENERAL, QUELLES SONT LES RAISONS QUI POUSSENT UNE MERE A ABANDONNER SON ENFANT ?
Nous avons tout de même réussi à joindre le planning familial du mouvement Français pour le planning familial du IIème arrondissement de Paris. Selon eux, il convient dans un premier temps de préciser que malgré les nombreux cas d’abandon d’enfants constatés ces derniers temps, les femmes ne choisissent jamais volontairement de recourir à cet acte. Au contraire, elles sont généralement mineures, ont déjà d’autres enfants à charge, ou sont dépourvues d’entourage familial, ce qui les contraint d’abandonner leur enfant.
Les membres de ce planning familial nous ont également confié qu’il était davantage d’usage de parler de "don", plutôt que d’abandon. Une subtilité de langage qui permet de mettre l’accent sur le fait que l’abandon d’un enfant n’est jamais choisi, mais subi.
Parmi les engagements internationaux prévus par cette loi, l’article 30 de la convention de La Haye sur la protection des enfants, et la coopération en matière d’adoption internationale énonce que "les autorités compétentes de l’Etat contractant veillent à conserver les informations qu’elles détiennent sur les origines de l’enfant, notamment celles relatives à l’identité de sa mère et de son père ainsi que les données sur le passé médical de l’enfant et de la famille. "
Il convient d’ajouter à cela que l’article 2 de la loi du 22 janvier 2002 a inséré au début de l’alinéa 222- 6 du Code de l’action sociale et des familles, consacré à l’accompagnement des femmes accouchant sous X, une information importante relative à la mère qui est "invitée à laisser, si elle l’accepte, des renseignements sur sa santé et celle du père, les origines de l’enfant et les circonstances de la naissance, ainsi que, sous pli fermé, son identité."
Autrement dit, malgré ces mesures de précautions proposées par la loi, et malgré le droit de l’enfant à connaître ses origines, la mère possède elle aussi le droit de ne rien communiquer sur elle, et de laisser l’enfant sans aucune trace de ses origines. Un constat désolant mais qui s’avère pourtant quelque peu atténué, lorsqu’on apprend auprès du planning familial que l’abandon ne se fait jamais sur un coup de tête, mais qu’il est au contraire très réfléchi.
QUELS SONT LES CRITERES DEFINISSANT L’ABANDON ?
Cela n’engage en rien le fait de ne pas en parler, mais pose peut-être simplement une autre question : en effet, à partir de quand, de quelle situation, de quels faits, parle-t-on d’abandon pour un enfant ?
Au niveau juridique, l’Etat Français reconnaît aujourd’hui qu’un enfant est abandonné et donc considéré comme "pupille de l’Etat", si :
- L’enfant n’a pas été reconnu et a été placé à l’aide sociale à l’enfance pendant plus de deux mois.
-
L’enfant a été reconnu par l’un des deux parents ou les deux parents, et qu’ensemble, ils ont confié leur enfant au service d’aide sociale à l’enfance pendant plus de deux mois.
-
L’enfant reconnu, a été expressément abandonné à l’aide sociale à l’enfance par un ou deux parents pendant plus de six mois alors que l’autre parent ne s’est pas manifesté pendant ce temps.
-
L’enfant dont la filiation est établie mais qui a été confié à l’aide sociale pendant plus de six mois et que les parents ne se sont pas manifesté.
-
L’enfant dont les parents n’ont plus l’autorité parentale et dont la tutelle a été confiée à l’aide sociale à l’enfance.
-
L’enfant a été confié à l’aide sociale à l’enfance et déclaré comme abandonné par le tribunal de Grande Instance.
ET EN FRANCE, QU’EN EST-IL DE L’ABANDON ?
A ce jour, aucune donnée chiffrée ou quantifiée n’a été communiquée.
Seul un rapport du 25 mars 2008 de la commission des questions sociales, de la santé et de la famille a retenu notre attention. Prévenir la première des violences faites aux enfants : l’abandon à la naissance, aborde la problématique de l’abandon en repérant les questions qui restent encore à résoudre à ce sujet.
On y apprend donc que les données sont rares, qu’il faudrait mieux quantifier le problème en disposant de données chiffrées, notamment d’une répartition des abandons par sexe, et qu’il faudrait définir un profil type de la mère qui abandonne.
Partant de ces constats, les états membres de la commission des questions sociales, de la santé et de la famille ont été invités à élaborer une politique active de prévention de l’abandon des nouveaux nés en :
- Bannissant toute mesure incitative à l’abandon d’enfant de la part du personnel médical et paramédical ou des autorités gouvernementales.
- Développant les structures d’accueil pour prévenir l’abandon sauvage (sur le parvis des églises, ou sur les trottoirs) qui met la vie du nouveau né en danger.
- Développant l’information et l’éducation sexuelle à l’école.
- Ne privant pas l’enfant de son droit de connaître ses origines en incitant les mères à laisser leur identité.
De plus, les campagnes de sensibilisation et d’information ne manquent pas. On peut notamment noter la journée de la contraception qui a eu lieu en 2009 le 26 septembre. En route vers la prévention, même si le chemin est encore long...
Source : http://www.securikids.fr/parents/famille/conflits-familiaux/441-labandon-une-pratique-isolee-mais-de-moins-en-moins-rare
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