L’attitude critiquée des mères allemandes face aux enfants

Le nouveau rapport sur la famille du gouvernement fédéral allemand a été présenté mardi 24 avril par la ministre de la famille, Ursula von der Leyen. Chez nos voisins d’outre-Rhin, ce rapport suscite à la fois la polémique et l’inquiétude.
En effet, ce document critique ouvertement la volonté qu’ont de plus en plus de femmes allemandes, et particulièrement des mères, d’exercer un emploi. Mais il ne s’arrête pas là. Les mères seraient d’autant plus fautives qu’elles consacreraient leur temps libre non pas à leurs enfants ou aux travaux domestiques, mais à leurs loisirs. Ainsi, selon le document, que ce soit en France, en Suède, en Norvège ou en Finlande, les mères de famille, bien qu’elles soit plus nombreuses qu’en Allemagne à exercer une profession, passent plus de temps avec leurs enfants. Une mère française consacrerait de deux heures à deux heures et demie par jour à son enfant, tandis qu’une mère allemande utiliserait en moyenne deux heures et dix-huit minutes par jour à cette activité, alors même qu’une grande partie des mères sont au foyer.
Si beaucoup de femmes choisissent de devenir femme au foyer pendant au moins les six premières années d’existence de leurs enfants, c’est pour deux raisons.
Tout d’abord, l’école ne débute pas à trois ans, comme en France, mais à sept ans. Il existe bien des Kindergarten, sortes de jardins d’enfant pour accueillir les petits jusqu’à l’âge de leur entrée à l’école, mais les Allemands, tout comme c’est le cas en France avec les crèches, pâtissent non du nombre réduit de ces structures,et également du petit nombre d’enfants qu’elles peuvent accueillir. Bien entendu, il est aussi possible aux parents de confier leurs enfants à des instituts ou à des associations créées dans ce but. Mais se pose alors le problème du prix, car bien entendu, ces structures sont privées et leur prix n’est pas abordable à toutes les bourses. Il est donc presque obligatoire pour beaucoup de jeunes mamans de garder elles-mêmes leurs enfants au domicile.
L’autre raison qui pousse bon nombre de femmes à rester au foyer est d’ordre culturel. Une bonne maman, outre-Rhin, se doit de rester auprès de son enfant au cours des premières années de sa vie. Il est très mal vu de privilégier sa vie professionnelle, au détriment de son enfant. Une mère aimante "n’abandonne" pas son enfant pour faire carrière.
Il est étrange de constater qu’un pays comme l’Allemagne, qui a élevé une femme au plus haut poste de gouvernance de l’Etat, connaisse encore une pensée culturelle si empreinte de misogynie.
Il est toutefois important de préciser que ce rapport soulève aussi le problème de la natalité en Allemagne. En effet, les jeunes adultes allemands, âgés de 20 à 34 ans, ne semblent pas considérer les enfants comme une partie importante de leur plan de vie commun, à l’inverse des autres jeunes couples européens. Cela serait dû, selon les experts, au fait qu’il est de plus en plus difficile en Allemagne de concilier la vie de famille et l’activité professionnelle. Ainsi, si la famille idéale pour les jeunes couples européens se compose de 2,5 enfants, la moyenne atteint pour les jeunes Allemands de l’Ouest 1,7 et 1,6 pour ceux de l’Est. Même l’aide financière accordée par l’Etat aux jeunes parents ne semble rien changer.
On peut aisément comprendre l’inquiétude des experts allemands au sujet du renouvellement de la population de leur pays, mais pour autant, il est temps que les mentalités changent au sujet des mères. Elles doivent pouvoir s’épanouir aussi bien à la maison que dans le cadre d’une activité professionnelle, sans craindre de critiques au sein de la société où elles vivent.
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