L’émergence de la classe moyenne chinoise
Nous poursuivons notre tour du monde des classes moyennes après la classe moyenne américaine et la française. Ici c’est le mouvement inverse au déclin occidental qui semble se produire : l’essor d’une classe moyenne et d’un marché intérieur à la Chine. Réalité ou trompe-l’œil ?
40 % des habitants de Pékin appartiendraient maintenant à la classe moyenne, soit près de 5,4 millions de personnes, selon une étude publiée par l’Université de Technologie de Pékin en 2010. La définition prise pour cette classe moyenne est celle de la Banque Mondiale : dans les pays émergents il s’agit des personnes ayant un revenu de 4000 $ ou plus par an.
Boom du marché intérieur chinois ?
Quand un grand titre français claironne que “la France profite du “boom” intérieur chinois, ne fait-il pas une petite confusion ? On trouve dans le même article l’affirmation de “l’élargissement de la classe moyenne d’une part, et d’une classe très aisée d’autre part” accompagné d’une explication par le menu du succès de l’industrie du Luxe à la française. Seulement voilà, il semble que la plus large partie de la classe moyenne chinoise soit encore loin de pouvoir se payer des produits de luxe, même de temps en temps.
Ensuite, les mesures protectionnistes sont faites pour favoriser les entreprises chinoises et les mettre en lien plus étroit que les étrangers avec ce marché intérieur.
Les tenants du miracle chinois, et tous ceux qui considèrent les populations du monde comme des sortes de troupeaux de consommateurs, ni plus ni moins, auraient donc tort de mettre la classe moyenne européenne à la poubelle si rapidement.
En Chine, une définition très large
La moyenne mondiale des personnes appartenant à la classe moyenne est de 23 % seulement. Cependant la définition très extensive de ce qu’est la classe moyenne en Chine ne correspond pas forcément à ce que serait une classe moyenne en Europe ou aux Etats-Unis : par exemple le dénommé Zhou, appartenant à la classe moyenne inférieure selon les statistiques officielles, ne se considère pourtant pas comme faisant partie de la classe moyenne. Il loue un deux-pièces en colocation mais éprouve des difficultés à vivre de ce qu’il gagne. La classe moyenne de niveau inférieur à moyen représente en effet 68,5 % de l’ensemble de ce qui est désigné comme classe moyenne en Chine.
Ce n’est pas le seul écho susceptible de nous laisser croire à une classe moyenne plus que laborieuse. Selon ChinaDaily, la plupart des chinois de la classe moyenne sont des « esclaves du crédit-logement ». Ces chiffres qui nous font accroire l’idée d’une émergence massive de la classe moyenne en Chine, signifient en réalité qu’une famille ordinaire devrait économiser 25 ans pour pouvoir s’acheter un appartement de 90 m²... Sans manger ni boire pendant 25 ans.
La nature de la classe moyenne chinoise actuelle nous laisse penser qu’il y a encore du chemin à parcourir pour atteindre le niveau de vie de la classe moyenne occidentale, même dans sa situation de déclin. Par ailleurs, bien que le critère du revenu soit important, des voix se sont élevées en Chine pour objecter qu’il fallait aussi prendre en compte un état d’esprit serein pour la classe concernée, un niveau de stress et d’endettement acceptables, et la volonté pour ces personnes de vivre dans un environnement social stable. Des conditions qui ne semblent pas toutes réunies pour le moment.
Certes on a avancé que la population de la classe moyenne chinoise avait augmenté de 46 % en 5 ans, ce qui est une progression spectaculaire, mais il s’agit d’une classe moyenne très faible selon nos propres critères, ne bénéficiant pas de soins et d’un mode de vie égal au notre, encore peu affirmée et surtout peu consciente d’elle-même.
Pourpier de Filefi.com
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