L’ENA est-elle source de formation, ou d’incompétence ?
L'ENA (Ecole Nationale d'Administration) a été crée par l'ordonnance No 45-2283 du 9 octobre 1945 par le Gouvernement Provisoire de la République Française (GPRF), -alors présidé par Charles De Gaulle- pour "démocratiser" l'accès à la fonction publique et former les futurs hauts fonctionnaires et élites de la France. Mais de cet objectif initial se dresse aujourd'hui en un bien piètre constat, qui pose la question de l'utilité de l'ENA, et de son efficacité réelle.
Des Formations Inadaptées, une Incompétence transmise
Un premier constat qui s'ouvre à nous est celui des formations inadaptées qu'on y donne. En effet, l'école a été fondée en 1945 mais semble avoir traversé les temps intacte de toute pénétration du monde extérieur et du changement. En effet, la vision qu'on y a aujourd'hui de l'économie, du marché du travail, du monde semble ressembler plus à la société de 1945 que de celle de 2013. Olivier Saby, énarque diplômé, l'explique dans son livre « Promotion Ubu Roi ».
Pour lui, « On comprend assez vite que c’est une école qui sélectionne 80 brillants jeunes gens via des épreuves impitoyables pour leur infliger par ensuite un cursus pitoyable. » Il ajoute que toute volonté de créativité académique, d'innovation, ne serait-ce que de pure recherche hypothétique, est proscrite. Comme on le voit dans l'épreuve dite du « Thème d’observation », long examen de 8 heures. « L'important est juste que nous sachions pondre une résolution en étant notés sur notre capacité à imiter des textes déja existants (...). L'erreur serait de faire preuve de créativité, avec une sanction immédiate. » S'ajoute à cela que les intervenants eux-mêmes semblent touchés par ce phénomène. Certains sont très compétents, mais pas dans la matière qu'ils enseignent ! Alors ce constat très sévère est-il partagé par d'autres ? En fait oui, et pas des moindres !
Jean-Michel Fourgous, ancien député RPR et actuel député UMP des Yvelines, a déposé une proposition de loi visant à dissoudre l’ENA. Pourquoi ? C'est simple. l’Etat a pris l’habitude de parachuter les Enarques à la direction de grandes entreprises dont il est le principal actionnaire, ces PDG étant le plus souvent incompétents. La preuve ?
Le Crédit Lyonnais, la SNCF, Air France ont tous été dirigés par des Enarques. Ces compagnies ont enregistré (et encore pour certaines) des déficits énormes, ont rencontré des difficultés énormes. Comment est-ce possible ? Pourtant la sacro-sainte ENA aurait dû les former non ? Apparemment non....
Le constat de déconnection de l'ENA avec le monde réel est répété très justement par l'économiste Pascal Salin. Pour lui, l'école contribue indéniablement au « monolithisme idéologique de la classe politique et à sa méconnaissance profonde des processus économiques ».
Michel Sapin, Laurent Fabius,André Tarralo, Pierre Mariani ont tous été des énarques. Le premier, ministre du travail du gouvernement Hollande, maintenait il y a encore quelques heures que l'objectif d'inversion de la courbe du chômage « peut être atteint en 2013 ». A l'heure où Hollande sous-entendait le contraire. Le deuxième formera un gouvernement qui tiendra 1 an et 246 jours avant d'être balayé aux élections de 1986, à cause de sa mauvaise gestion. En plus, Fabius, grand énarque, n'en est pas pour autant à l'abri des gaffes, comme le montre sa fameuse phrase des « 0,2-0,3% de croissance » sur BFMTV, à l'heure où le gouvernement faisait tout pour assurer que celle-ci demeurait à 0,8%. Le troisième a été condamné à sept ans d'emprisonnement pour ses liens dans l'affaire ELF. Quant au 4ème, il a été le fameux président du comité de direction de Dexia. C'est sous sa direction que la banque fera une perte record de...10 milliards d'euros ! Belle diversité donc.
Un budget annuel exagéré pour un nombre d'étudiants extrêmement faible
Un autre constat flagrant est celui du budget exagéré alloué à l'ENA. Former un seul énarque revient aujourd'hui à la somme exorbitante de 168 000 euros à l'Etat, soit 13 millions d'euros par promotion. En comparaison, un étudiant d'Assas coûte environ 6572 euros par an à l'Etat.
Tout cela nous fait aboutir à un constat sans appel : Beaucoup d'argent dépensé pour peu de chose. Et ceci alors que les Enarques vont ensuite noyauter les hauts postes de l'Etat, prenant ainsi la place de gens qui sont plus compétents qu'eux mais qui n'ont pas le fameux diplôme d'Enarque. Un gâchis quand on sait que toutes les administrations qui ont réussi dans le monde sont celles qui ont su employer des gens venus d'horizons et de formations très différents, permettant ainsi de s'offrir une vision plus large et des solutions plus innovantes que celles provenant de cette école.
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